Numéro 04
6 minutes de lecture
Vendredi 24 mars 2023
par LA RÉDACTION
LA RÉDACTION
Nous sommes un média en ligne, local, indépendant, sans publicité et sur abonnement. Nous voulons partir de chez nous, du local, pour ancrer des histoires et des personnages dont le vécu interroge notre place au sein de la collectivité.

Aujourd’hui, on essaie de comprendre l’inflation et son impact dans le Sud-Ouest.
Cette newsletter a été envoyée à nos inscrit·es le 22 novembre 2022.

En octobre, l’inflation a atteint les 6,2%. Inflation, inflation, inflation… Ce mot fait maintenant partie de notre quotidien, mais a-t-on bien compris de quoi il s’agit ?

Dans cette newsletter, nous allons essayer de comprendre ce qu’est l’inflation, quelle en est la cause, et quelles sont les conséquences sur notre quotidien avec un exemple concret : les cantines scolaires.

Personne sur une flèche qui monte pour illustrer l'inflation

Le coup de loupe

C’est quoi l’inflation ?

En économie, l’inflation se  traduit par une hausse générale des prix. En gros, les prix augmentent d’un coup et montent très haut. L’inflation n’est pas un problème lorsqu’elle ne dépasse pas 2% par an, car l’augmentation ne se fait pas ressentir. Cela en devient un lorsque l’inflation atteint 5% sans qu’on ait pu l’anticiper.

Eric Berr, maître de conférence à l’Université de Bordeaux et membre des Économistes atterrés, l’explique ainsi : « Si vous avez 100 euros de revenus et que vous voulez acheter un bien qui vaut 100 euros, vous le pouvez. Mais avec une inflation à 7% par exemple, votre bien vaut 107 euros et vous ne pouvez plus l’acheter. » 

Et ceci car en France, votre salaire ne prend pas en compte l’inflation, vous ne gagnez donc pas 6,2% de plus chaque mois. En revanche, la valeur du bien que vous voulez acheter est toujours plus élevée. On appelle ça la perte de pouvoir d’achat. 
 

mains qui tiennent des billets

Et tout ça, c’est la faute à Poutine ?

Vous avez déjà dû entendre que toutes ces augmentations sont dûes à la guerre en Ukraine. C’est vrai, mais en partie. Pour tout comprendre, il faut remonter le temps : retour en 2020, quand la crise sanitaire et les confinements successifs portent un coup à l’économie.

« On se rend compte que si l’atelier du monde, la Chine, ne rouvre pas ses usines, il y a des pénuries de tous types », analyse Eric Berr. Et dans notre système économique d’offre et de demande, lorsqu’il y a trop de demande et pas assez d’offres disponibles, les prix grimpent. Et si les matériaux manquent, les entreprises payent plus cher leurs coûts de production et donc augmentent le prix du produit final.

En Gironde, d’après le dernier baromètre de la Chambre de commerce et d’industrie, 30 % des entreprises ont enregistré une dégradation de leur chiffre d’affaires entre juillet et septembre 2022 et plus d’un dirigeant sur trois juge sa trésorerie tendue.

Mais le contexte géopolitique est lui aussi une cause de cette inflation. En février 2022, l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes empêchent les exportations de blé et d’hydrocarbures, alors que les deux pays en sont les exportateurs les plus importants. La Russie baisse drastiquement ses exportations de gaz, notamment. 

Vous vous rappelez du concept de trop de demande et pas assez d’offre ? Le gaz connaît une inflation de 37,3% en octobre. Le prix de l’énergie est donc revu à la hausse. Et si on touche à l’énergie, on touche à tous les domaines : chauffage, industrie et électricité. 

Finalement, l’inflation que l’on connaît est le résultat d’un empilement de crises. 

Personne assise sur des pièces et des billets pour illustrer l'inflation

C’est quoi les solutions ?

Puisqu’elle touche au porte-monnaie, l’inflation ne cesse d’accroître les inégalitésPour celleux qui ne comptent que sur leur salaire, il peut être difficile de joindre les deux bouts. Aussi, pour soulager les ménages les plus précaires, le gouvernement a mis en place des boucliers tarifaires : les factures de gaz qui auraient pu aller jusqu’à 200 euros ne peuvent désormais dépasser les 20 euros grâce au bouclier, la hausse maximale du prix du gaz étant limitée à 15% par l’État. 

Pour l’essence, les ristournes du gouvernement et de Total ont drastiquement baissé le 15 novembre, passant de 0,50 € à 0,20 €. Et concernant l’indexation des salaires – augmenter les salaires au même rythme que l’inflation –, ce n’est pour l’heure pas dans les projets du gouvernement. « L’État a peur que s’enclenche une boucle prix-salaire. Si les salaires augmentent, la demande aussi et ça aura un impact sur la hausse des prix, décrypte Eric Berr. Les ménages demanderont donc une autre augmentation et c’est un cercle infini.»

Mais une des mesures qui pourrait entrer en jeu est la contribution des entreprises. L’économiste rappelle que « dans le secteur de l’énergie et du transport, les entreprises ont fait des profits “grâce” à la crise sanitaire. Il ne paraît donc pas inconcevable ou illogique que leurs profits soient mis à contribution. » Au premier trimestre 2022 par exemple, Total a annoncé une hausse de 48% de ses bénéfices. L’idée est donc de demander aux entreprises un sacrifice d’une part de leur profit afin d’augmenter les salaires. Tout ça, sans qu’il y ait une répercussion sur le prix du bien qu’elles vendent, ici, l’essence. 

Le sachiez-tu ?

le nombre 37

Un tel niveau d’inflation en France n’a pas été atteint depuis 1985, soit 37 ans.  En 1985, l’inflation était de 5,8 % (moins qu’aujourd’hui) contre 7,4%  en 1987 (plus qu’aujourd’hui).

C’est arrivé près de chez nous

Illustration d'une cantine scolaire

Qu’est-ce qu’on mange à la cantoche ?

Selon l’Insee, en un an, le prix des produits alimentaires a augmenté de 13,2%. Des produits comme les huiles ou les graisses, indispensables pour cuisiner, ont augmenté de 27,9 % et même les légumes sont en moyenne 22% plus cher qu’il y a un an.

Pour encaisser cette hausse, les professionnels de la restauration collective (dont les cantines scolaires) demandent une augmentation d’au moins 9% de leurs contrats.

Alors, allez-vous devoir payer plus cher le repas de vos enfants ? Eh bien… ça dépend. Est-il en primaire ou au collège ? Vous vivez en Gironde ou dans la Creuse ? Petit tour d’horizon du fonctionnement des cantines en Nouvelle-Aquitaine, pour comprendre pourquoi tout le monde ne paie pas le même prix.

👧 En maternelle et en primaire, c’est la ville qui gère ! En Nouvelle-Aquitaine, on compte pas moins de 4 938 écoles maternelles et élémentaires où le tarif du repas est établi par la commune. Résultat, l’impact de l’inflation est au cas par cas, en fonction des décisions des élu·es et des possibilités pour la commune d’absorber l’augmentation du coût des repas. À Libourne (Gironde), le prix de la cantine reste inchangé, mais la commune admet qu’il faudra faire des économies ailleurs pour compenser. À Mirambeau (Charente-Maritime)le repas a quant à lui augmenté de 20 centimesSi vos enfants sont à l’école à Bordeauxselon vos revenus et la composition de vos familles, la facture de janvier risque d’être un peu plus salée : le tarif maximum, jusqu’alors de 4,41€ sera de 6,50€.

🎒 Au collège, la cantine dépend du département. Les 638 collèges de Nouvelle-Aquitaine ne vont donc pas avoir les mêmes tarifs de cantine. Si vous vivez en Creuse par exemple, le prix des repas a augmenté de 3%. En Charente-Maritime, l’augmentation est en moyenne de 2% : pour un élève qui fréquente la cantine tous les jours de la semaine, le montant du repas passe de 3,11€ à 3,16€ – alors qu’il coûte en réalité 8€ au département. Si vos enfants sont collégiens des Landes, du Lot-Et-Garonne, de la Gironde ou encore de la Corrèze, le prix reste le même.

🧑‍🎓 Au lycée, la région fixe les tarifs. Et à la rentrée 2023, le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a statué sur un gel du prix de la demi-pension dans tous ses lycées (197 lycées général et technologique, ainsi que 136 lycées professionnels). En moyenne, la région Nouvelle-Aquitaine paie 65% du prix du repas. Pour l’année scolaire 2020-2021, 26 millions de repas ont été servis en Nouvelle-Aquitaine à près de 117 000 lycéens à la cantine.

Pour aller plus loin

👨‍🍳 Comment ça se passe en cuisine ? “Le Cantinier”, cuisinier dans un lycée de Bressuire, dans les Deux-Sèvres, partage sur TikTok à ses 475 000 abonnés les coulisses de sa cantine.

⚖️ Que dit la loi ? Même si les prix changent, impossible de baisser la qualité des repas : la loi Egalim définit précisément les obligations de la restauration collective.

🎓 Et les étudiants ? Selon les calculs de l’Unef, les étudiants en 2022 déboursent entre 10 et 14 euros de plus par mois pour manger. 

– Cette newsletter a été conçue par Clémence Postis, Amandine Sanial, Ana Hadj-Rabah et Margaux Pantobe.

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