Aujourd’hui, on parle de la visibilité queer dans les campagnes de Nouvelle-Aquitaine.
Cette newsletter a été envoyée à nos inscrit·es le 9 juillet 2024.
Le mois de Juin est terminé et au total plus de 60 marches des fiertés ont eu lieu dans toute la France. Si on imagine plus facilement ces marches se dérouler dans les grandes villes, les personnes queers défilent aussi à la campagne. Et la toute première marche en campagne a été organisée en 2022 chez nous, en Nouvelle-Aquitaine.
Dans cette newsletter, vous découvrirez ce qu’est une Pride des Campagnes, pourquoi elle est si importante et comment elle a été reçue dans un village de moins de 500 habitants.
C’est arrivé près de chez nous
Imaginez la scène : des centaines de personnes défilent dans des champs, des drapeaux LGBTQIA+ flottent dans les airs, des tracteurs parés des couleurs de l’arc-en-ciel circulent avec à leurs bords des drag-queens… Et ça, en pleine campagne. Plus précisément à Chenevelles, en Vienne, un village de 482 habitants.
Ce 29 juillet, l’association Fiertés Rurales organise sa 3ème édition de la Pride des Campagnes. La première Pride rurale jamais organisée en Nouvelle-Aquitaine mais aussi en France. Son objectif ? Proposer une représentation LGBTQIA+ rurale et montrer que l’on peut faire partie de la communauté queer dans l’ensemble du territoire français. Un événement qui semblait attendu puisque dès sa première édition, en 2022, la marche des fiertés a rassemblé 1 000 personnes. Soit le double de la population. Certain·es participant·es ont même fait plus de 3 h de route pour participer à ce rendez-vous qui permet de « voir une représentation LGBTQIA+ qui leur correspond, qui parle de leurs enjeux et de leurs difficultés », explique Antoine Framery, chargé de communication à Fiertés Rurales.
Des zones rurales plus accueillantes
« Il n’y a pas une seule manière d’être hétérosexuel ou d’être LGBT. Il y en a plein, avec des aspirations différentes, comme l’envie de vivre dans des grandes villes ou dans des milieux ruraux », abonde Antoine. Pourtant, les personnes queers ont tendance à migrer des petites villes ou des campagnes vers des grandes villes, où l’environnement est perçu comme plus inclusif. C’est pourquoi ce rendez-vous est si important. Selon Ciryl Cibert, maire de Chenevelles, cette marche permet de lutter contre l’homophobie et de « casser cette légende urbaine selon laquelle les gens de la campagne seraient plus homophobes qu’ailleurs ».
Pour Antoine, cette image est un cliché. « Les zones rurales sont plutôt accueillantes, explique-t-il. Même s’il y a de l’homophobie, celle-ci n’est pas agressive comme elle peut l’être dans des grandes villes, elle est plutôt de l’ordre de l’incompréhension. » Cette Pride permet donc aux personnes LGBTQIA+ de rencontrer les habitants des alentours et d’échanger avec eux concernant les enjeux auxquels iels sont confronté·es.
C’est pour cette même raison que les organisateurs ont instauré un temps d’échange avant que la Pride s’élance. Celui-ci se déroule le matin, de 11 h à 12 h 30 et permet d’aborder divers sujets. Pour cette édition 2024, les organisateurs ont souhaité parler de Gestation pour autrui (GPA) avec Mathieu, un ancien candidat de l’Amour est dans le pré. Un temps politique est également prévu. Après avoir reçu deux anciennes ministres l’an passé, Bérangère Couillard, chargée de l’égalité femme/homme et de la lutte contre les discriminations et Dominique Faure, chargée des collectivités et de la ruralité, c’est l’ancien président, François Hollande, qui sera présent cette année.
Une Pride à travers champs
Après ce temps d’échange, les participant·es s’élanceront pour une marche des fiertés sur 3 km et à travers champs. Un lieu qui ne peut pas être plus représentatif. Ensuite, l’association organise un festival jusqu’à 4 h du matin pour mettre en lumière les artistes émergents de la communauté queer.
Concernant les participant·es, « difficile de trouver plus de diversité que dans notre Pride, abonde le chargé de communication, on a autant de jeunes que d’anciens, que de familles hétéros avec des enfants, et des agriculteurs ». C’est d’ailleurs pour que les agriculteurs et agricultrices soient présents que l’association a décidé d’organiser la marche en juillet et non en juin, qui est une grosse période de travail pour eux. Dans ce village, la marche des fiertés n’a jamais fait face à la réticence des habitants, et nombre d’entre eux se sont même emparés du projet dès sa création.
Avec cet événement, Fiertés Rurales « souhaite mettre de l’arc-en-ciel partout et créer l’échange, afin que la communauté LGBTQIA+ ne soit pas cloisonnée. » Les mots d’ordre de cet événement ? Partage et acceptation de soi !
– Cette newsletter a été conçue par Mélissa Huon et Clémence Postis.