Épisode 10
7 minutes de lecture
Lundi 31 août 2020
par Les Apprenti·e·s
Les Apprenti·e·s
Les Apprenti·e·s sont des jeunes ayant pris part à des programmes d'éducation aux médias, d'initiative scolaire, associative ou individuelle. Certain·e·s ont fait une "immersion" ou un atelier "premier papier" chez Far Ouest.

Internet, la télévision, les réseaux sociaux… les images se multiplient autour de nous. Elles sont accessibles à tous et peuvent devenir nocives lorsque les jeunes y sont surexposés. Qu’elles soient de nature violente ou non, elles peuvent avoir des répercussions sur les imaginaires des adolescents. Le psychiatre bordelais Xavier Pommereau a répondu à nos questions sur le sujet.

Le projet Les Apprenti·e·s est un programme d’éducation aux médias développé par l’association Les Ami·e·s de Far Ouest. Dans ce feuilleton, nous donnons la parole à des jeunes qui s’essaient à l’écriture ou l’audiovisuel. Que leurs réalisations soient d’initiative scolaire, associative ou individuelle, notre plateforme les valorise. Emma Feyzeau a participé à nos ateliers « premier papier », une formation personnalisée et à distance pour s’essayer à l’écriture d’article.

N.B : Je suis lycéenne, en terminale au lycée Max Linder de Libourne. Les films et les séries d’horreurs me plaisent. J’ai toujours adoré regarder l’actualité qui n’est pas non plus dépourvue d’horreur : cela me donne le sentiment d’être plus ouverte sur la dure réalité qui nous entoure. Je pense être consommatrice régulière d’images violentes, et je me suis alors intéressée à l’impact que celles-ci pouvaient avoir sur moi. Étant adolescente, je me suis demandée si cet impact risquait d’être diffèrent au cours de ma croissance. Je me suis donc renseignée auprès de spécialistes ainsi qu’auprès d’autres adolescents pour mieux comprendre cet effet, et vous le partager afin d’aborder un sujet, qui selon moi, est rare dans les médias.

L’article Reporterre intitulé La télévision nourrit la violence rapporte que « les jeunes Français consacrent [à la télévision], pour leur part, 2 h 30, ce qui les situe parmi les plus grands consommateurs d’Europe. » Une autre étude de 2002 publiée dans la revue Science a suivi 707 familles new-yorkaises sur quinze ans et a noté « une corrélation entre la violence et le nombre d’heures quotidiennes passées devant la télé ».

Des spécialistes se sont demandé si l’exposition à ces images avait une répercussion sur les adolescents, à l’âge où ils développent leur esprit critique. Ces photos ou vidéos, les jeunes les voient souvent à la télévision, mais aussi via Internet. Les experts apportent des regards différents sur la conséquence de cette surconsommation, même s’il reste difficile de les définir. Chez certains elle serait vue comme un exutoire, chez d’autres, elle favoriserait les comportements violents.

« La télévision est omniprésente »

La télévision est présente dans nos foyers depuis les années 1970 et ses programmes font souvent débat, alors que des images violentes sont souvent de mise. « Tout le monde déteste la violence dans la vraie vie, mais à la télé ils ne regardent que ça. Si la TV ne montrait que des gentils éléphants buvant de l’eau dans une rivière, au bout de trois quarts d’heure, beaucoup diraient que c’est ennuyeux. Il y aurait des envies de violence », constate Xavier Pommereau, psychiatre spécialiste de l’adolescent en difficulté et créateur du centre Abadie au CHU de Bordeaux Pellegrin.

Les adolescents passeraient entre 3 et 4 heures devant des écrans, dont au moins 28 minutes sur les réseaux sociaux. Le Blog du Modérateur reprend une étude de Patricia Conrod, professeure en psychiatrie de l’Université de Montréal, analysant le lien du temps passé sur l’écran et la dépression chez les adolescents. L’article les perçoit alors « comme des formes de médias qui exposent plus fréquemment l’adolescent à des images d’autres personnes évoluant dans des vies perçues comme plus accomplies que la sienne », traduit l’article nommé « les réseaux sociaux dépriment les ados, contrairement aux jeux vidéo ». Ces images auraient des répercussions, car elles « provoquent une logique de comparaison réduisant son estime de lui-même » poursuit l’autrice de l’article.

« La consommation télévisuelle suscite des comportements violents. » Photo : Scheier .hr/Unsplash

La télévision et plus globalement Internet raffolent d’images explicitement brutales, susceptibles d’avoir des répercussions chez les jeunes. Le média Reporterre l’analyse dans un article qui « décrit comment la consommation télévisuelle suscite des comportements violents » : « Les études montrent que les programmes les plus nocifs pour les jeunes, de ce fait, sont les films violents y compris certains dessins animés, les infos des journaux télévisés qui font montre de réalisme et l’impact le plus important est obtenu par l’association de la violence avec des images érotiques. »

Ces images érotiques à la télévision sont aujourd’hui moins connues des adolescents, alors qu’avant elles étaient diffusées tard le soir. Mais les jeunes y sont exposés de plus en plus tôt par un autre biais : les sites pornographiques mainstream sur Internet.

« La pornographie ne fait pas du bien »

Sur les sites érotiques, pas besoin de vérifier son identité pour prouver que l’on est majeur. Seul un clic suffit pour avoir accès, sur la toile, à des milliards de contenus pornographiques, qui généraient près de 30 % du trafic Internet en 2012. Internet offre alors cette nouvelle possibilité aux adolescents de découvrir des représentations diverses de la sexualité, souvent taboue avec leurs proches. « Quand on est jeune, c’est normal qu’on ait envie de découvrir des choses un peu secrètes », souligne le psychiatre Xavier Pommereau.

Le problème se pose quant à l’âge où est effectuée cette première découverte. La sexologue Béatrice de Soultrait a réalisé l’étude « Ados et Porno » sur des jeunes de 12 à 25 ans, relayée par le site belge Yapaka. « Il semble que de plus en plus d’ados voient leurs premières images pornographiques avant l’âge de 12 ans. Or, avant cet âge, les enfants ne sont pas équipés pour recevoir de telles images. Ils ne comprennent pas ce qu’ils voient et cela vient véritablement heurter leur psychisme, » déduit le site contre la maltraitance, avant de poursuivre : « De manière générale, quand la pornographie survient avant les premières relations sexuelles, on peut s’interroger sur ce qu’elle vient court-circuiter dans l’imaginaire, les fantasmes, les rêves. »

Ce qui ne va pas, c’est que ça ne montre qu’une sorte de version du sexe.

Xavier Pommereau remarque des réactions genrées quant au visionnage de contenus pornographiques mainstream chez les jeunes : « Les filles pourraient avoir peur de se faire faire mal lors d’un acte sexuel, de se faire éventrer. Et les garçons ont peur de ne pas être assez bien équipés, rapporte le psychiatre. Là encore, la distance par rapport à l’image est très importante. »

Selon le créateur du centre pour adolescents en difficulté, les images pornographiques auraient plus de répercussions que les images violentes de la télévision ou des réseaux sociaux : « Ce qui ne va pas, c’est que ça ne montre qu’une sorte de version du sexe. Des trucs où un homme prend de force une femme ou un homme. Mais toujours dans la violence. Comme si l’amour, c’était forcément un truc de violence. »

Noha, 18 ans, a été victime de la surexposition à ces images pornographiques : « En 4e, à 13 ans, je suis tombé sur un site pédopornographique. Et depuis ça j’ai commencé à m’intéresser à des garçons plus jeunes que moi », exprime ce dernier, membre en ligne d’un site discord pour pédophiles abstinents où il parle de son problème. Pour lui, il est évident que « ce ne sont pas les images qui m’ont fait prendre conscience, mais c’est les images qui m’ont rendu comme ça ; donc oui, les images peuvent rendre les gens pédophiles, clairement. »

Une thérapie addictive

Et que se passe-t-il lorsque le consommateur d’images devient acteur, virtuellement, de violences ? Avec les jeux vidéo, l’adolescent contrôle un personnage virtuel. Ils y recherchent l’excitation, le divertissement, le plaisir ou l’excitation. Selon un sondage suisse, 24 % de jeunes ont déclaré que c’était leur activité principale sur Internet. Mais certains parents sont inquiets de cette pratique intensive. Quelques jeux vidéo favorisent l’exposition aux contenus violents, pornographiques ou inadaptés pour des mineurs.

Plusieurs experts se sont donc intéressés à cette pratique, bien moins nocive que l’on peut le penser. Pour Xavier Pommereau, cela ne suffirait pas à faire passer un adolescent de la virtualité à la réalité en commettant à son tour ces violences : « L’adolescent est capable de faire agir son personnage en tuant la personne âgée. Cela ne veut pas dire que c’est un assassin, cela veut dire qu’il joue à faire l’assassin. » Il prend GTA V en exemple, un jeu vidéo d’action-aventure où le personnage principal est un ancien gangster : « Dans GTA V, il prend la voiture de force. Mais c’est un jeu, on sait que ce n’est pas vrai. Ce n’est pas lui qui fait l’action, c’est le personnage. Il y a une distance. »

« Ce n’est pas lui qui fait l’action, c’est le personnage. Il y a une distance. » Photo : Florian Olivo/Unsplash

D’autres études confirment ces propos, comme celle de l’Oxford Internet Institute. Menée auprès d’adolescents de 14 et 15 ans, elle leur posait des questions sur leur personnalité et leurs comportements virtuels : « Malgré l’intérêt des parents et des décideurs politiques pour le sujet, la recherche n’a pas démontré qu’il y avait lieu de s’inquiéter », a déclaré Andrew Przybylski, le directeur de recherche.

Les jeux vidéo peuvent avoir d’autres conséquences néfastes, comme sur les relations ou la scolarité des adolescents à pratique excessive. Mais elle reste une activité amusante et stimulante pour les jeunes, qui est même utilisée dans un cadre thérapeutique, comme le déclare Yann Leroux, psychologue à Périgueux : « Dans les thérapies avec les enfants, les jeux vidéo deviennent de plus en plus l’équivalent des rêves : une voie royale d’accès à l’inconscient. »

L’âge responsable de la nocivité ?

Pourtant, ce sont les parents qui s’inquiètent les premiers de la nocivité des images véhiculées dans les jeux vidéo : « Les adultes sont toujours en train de critiquer les jeunes. De dire qu’il fait que de jouer à GTA, il ferait mieux de faire ses devoirs de maths… Mais que regardent les parents à la télé ? Commissaire Moulin, qui ne raconte que des horreurs », s’en amuse l’auteur du livre Le Goût du risque à l’adolescence, Xavier Pommereau.

« Ça ne suffit pas de voir des images violentes pour devenir violent, rappelle ce dernier. Par contre, ceux qui n’aiment que les images violentes, ne souhaitant que vivre dans la violence, alors on peut dire que ceux-là ont des problèmes. » Pour lui, finalement, tout n’est qu’« une question d’âge et de fréquence » : « Est-ce qu’on est capable de le faire dans la vraie vie ? C’est la différence entre les violents, et ceux qui lisent des romans policiers. »

Plusieurs acteurs peuvent intervenir pour éviter que les jeunes ne soient confrontés à ces images trop tôt, comme le signale Yapaka : « Il revient à l’ensemble du réseau (parents, éducateurs, école…) d’oser aborder avec les enfants et les ados les questions liées aux images qu’ils voient sur Internet. »

Les Apprenti·e·s
Les Apprenti·e·s sont des jeunes ayant pris part à des programmes d'éducation aux médias, d'initiative scolaire, associative ou individuelle. Certain·e·s ont fait une "immersion" ou un atelier "premier papier" chez Far Ouest.
Dans le même feuilleton

Qui es-tu Lamine Senghor ?

Un film consacré à Lamine Senghor, figure des mouvements noirs de l’entre-deux-guerres.

Inégalités : la parole des femmes voyage

Le 27 février 2020 se tenait l’avant-première du documentaire « Woman » au Cinéma Bordeaux CGR Le Français, qui révèle les injustices subies par les femmes dans le monde. La...

« Faire dire n'importe quoi aux images »

Au lycée Nicolas Brémontier, les élèves de 2e année de CAP paysagiste-jardinier se sont prêtés à un exercice particulier avec l’association landaise dédiée au numérique La...

L'esclavage, ça existe encore ?

L’esclavage, on en parle en cours d’histoire, parfois dans les livres, mais, cela reste un concept assez vague, on n’en parle pas au quotidien, et pourtant, on devrait....

La conscience écologique des enfants

En novembre 2019, douze enfants de 7 et 12 ans ont réalisé un court-métrage dans le cadre du Txiki Festival, créé par l’association éponyme. Autour du thème « La Terre », ils...

Transidentité et non-coming out

En 2017, dix élèves de l’option cinéma au lycée libournais Max Linder ont choisi de réaliser un court-métrage sur le coming-out imaginaire d’une personne transgenre, en...

Nourrir l'économie avec les données

De quel camp êtes-vous : ceux qui acceptent les cookies d’un site pour accéder à son contenu rapidement, ou ceux qui prennent le temps de les refuser ? De novembre 2018 à avril...

Poudlard est-il écolo ?

Au collège de Cantelande de Cestas, le journal papier fait par les élèves sort chaque trimestre. Habituellement, les journalistes en herbe du Canard de Cantelande choisissent...

Quand la nature reprend ses droits

En 2018, trois élèves de quatrième du collège Lahaye d’Andernos-les-Bains ont réalisé un reportage photo sur une maison abandonnée, dans laquelle s’invite une végétation. Dans...

Les ados surexposés aux images

Internet, la télévision, les réseaux sociaux… les images se multiplient autour de nous. Elles sont accessibles à tous et peuvent devenir nocives lorsque les jeunes y sont...

Photoreportage : l'entretien, ça déménage !

Pendant leur seconde année de CAP, en 2018, deux classes du lycée professionnel Jean-Baptiste Darnet de Saint-Yrieix-La-Perche (87) ont réalisé un exercice plastique avec un...

Radio au collège : l'Amérique latine on air

La classe média de quatrième du collège François Truffaut (Saint-Martin de Seignanx, 40) a réalisé l’an dernier une émission radio d’une heure, diffusée en direct. « Sur un air...

Pédopsychiatrie : « Voyez comme l’on voit le monde parfois »

Les jeunes hospitalisés dans le pôle de pédopsychiatrie du centre Esquirol, situé à Limoges (87), ont remporté le prix Mediatiks du photoreportage en 2019. Avec des boîtes de...

Le journal des Fées divers

L’association Code Chaplin a créé un jeu d’éducation aux médias pour les jeunes en décrochage. Avec des personnages fictifs comme le Smart Faune ou Pandi Pandab, les adolescents...

L’Histoire d’Angoulême à travers ses commerces

Pour mieux connaître l’histoire sa ville, la classe du Centre de formation de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Angoulême l’a traversée. Dans le podcast « Angoulême...

La « politique de la ville » avec des mots simples

Sept collégiens de l’atelier radio ont travaillé, en partenariat avec Radio Libres Périgord, sur des thématiques inhérentes au quartier dans lequel se situe leur collège Jean...

Harcèlement scolaire : « Agir, réagir, pourquoi ne rien dire ? »

32 élèves de seconde au lycée Sud-Médoc La Boétie (Taillan-Médoc) ont rédigé le webmagazine « pupille » en suivant le thème du harcèlement scolaire. Des rubriques concernant des...

Des paillettes dans le monde de la mode ?

« La représentation à l’écran du monde du travail » était le thème sur lequel devaient travailler les Terminales du Lycée Montesquieu pour leur option cinéma en 2017-2018. Un...

Jeunesse dorée, jeunesse jugée

Huit adolescentes du centre social Bordeaux-Nord, conscientes des préjugés sur la jeunesse, ont engagé des discussions intergénérationnelles dans leur quartier. Pour mettre les...

Déconstruire les stéréotypes de genre

Les Secondes de la promotion 2017-2018 du lycée Jean Monnet (Blanquefort) ont réalisé, pour leurs cours de sciences économiques et sociales, tout un épisode de podcast autour...

Harcèlement de rue : t'es bien rentrée ?

« Ce genre de situation nous arrive à toutes, partout. » Manon Montrouge a 22 ans, et comme toutes les filles, a déjà été harcelée dans la rue. Étudiante en quatrième année à...

« Vae Victis », quand le savoir devient une arme

Et si la démocratie avait disparu ? Si les livres étaient interdits ? Si le monde était gouverné par une "caste", un pouvoir autoritaire rassemblant ceux qui détiennent le...

Au lycée aussi, des collages féministes dénoncent le sexisme

À Bordeaux, les affiches féministes n’ont pas fleuri que dans la rue. Depuis septembre dernier, des messages dénonçant le sexisme ont envahi les murs du lycée Michel de...

"Gonflé", un court-métrage pour s'évader

Eugène, un trentenaire qui vit toujours chez sa mère, s’envole en montgolfière pour tenter de lui échapper. C’est l’histoire qu’a imaginée Louis Changeur, 23 ans, dans le...

Giulia Foïs : "Le viol, c’est le chaos complet"

Le temps d’une émission radio, les élèves du lycée professionnel Pablo Picasso de Périgueux ont reçu la journaliste et autrice Giulia Foïs. Victime d’un viol à 23 ans, elle...

Réseaux sociaux : que font-ils de moi ?

Pendant une semaine, sept jeunes se sont mis dans la peau de chercheurs en questionnant leurs propres pratiques numériques. Et tenter de répondre à une question : quelle place...

Faire des films "pour ne pas oublier"

À quoi ressemblait la vie d’un écolier en 1943 ? C’est la question que se sont posés les élèves de Saint-Gervais et de Lugon-et-l’Île-du-Carnay, en Haute-Gironde. À travers deux...

"Le vrai du faux" : apprendre à décoder l'information

Pendant une semaine, des jeunes de La Teste-de-Buch, en Gironde, ont participé à un stage de « fact-checking », encadré par la Revue Far Ouest et l'éducateur à l'image Guillaume...

Ces épisodes pourraient vous intéresser
À la croisée des destins

Un Sahraoui dans la ville

Un Sahraoui dans la ville

Le canot pneumatique est à l’arrêt. Ses passagers sont cahotés, de gauche à droite. Plus personne ne parle. Chacun scrute l’horizon, craignant de voir apparaître les très...
Été 2050

Les poissons volants d'Arcachon

Les poissons volants d'Arcachon

Nara a décidé de se faire un petit plaisir : dépenser une petite fortune pour une demi-douzaine d’huîtres. Alors que des pans entiers du bassin ont sombré dans les flots, la...
Soutenez Revue Far Ouest !

Nous avons besoin de 1 000 nouvelles souscriptions pour continuer à exister.

Découvrir nos offres d’abonnement