Pour mieux connaître l’histoire sa ville, la classe du Centre de formation de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Angoulême l’a traversée. Dans le podcast « Angoulême Story », sélectionné au Nouveau Festival, les quinze élèves parcourent ses rues, visitent les cafés, les petits commerces ou les banques. Ils retracent à travers cinq épisodes les conséquences de la révolution industrielle sur le paysage angoumoisin.
Le projet Les Apprenti·e·s est un programme d’éducation aux médias développé par l’association Les Ami·e·s de Far Ouest. Dans ce feuilleton, nous donnons la parole à des jeunes qui s’essaient à l’écriture ou l’audiovisuel. Que leurs réalisations soient d’initiatives scolaire, associative ou individuelle, notre plateforme les valorise. Les élèves du CCI Formation d’Angoulême nous parlent de leur podcast, « Angoulême Story », à retrouver sur Rhizome Média.
« Angoulême Story raconte les changements de la ville du XIXe au XXIe siècle », résume Johan, élève de terminale au CCI formation d’Angoulême. Son camarade Dimitri complète :« Nous avons appris l’histoire du commerce dans la ville et son évolution. » Dans leur classe de quinze élèves, la moitié est en alternance en grande surface, les autres en magasins spécialisés ou petits commerces. En réalisant ce podcast fin 2019, cette classe de bac pro commerce ainsi que leurs camarades de bac pro carrosserie ont pu saisir les changements esthétiques qu’a connus la ville dans laquelle ils étudient, dont l’Histoire est fortement liée au commerce. Ils évoquent timidement leur réalisation, mais sont fiers lorsqu’ils mentionnent qu’Angoulême Story avait été sélectionné au Nouveau Festival, dédié aux productions artistiques des apprentis et lycéens.
À l’origine de ce podcast se trouvait un projet vidéo. Laurent Daganaud, professeur d’histoire-géographie et de français, a voulu se détacher des programmes scolaires pour les élèves de cette promotion, en première l’an dernier : « L’idée de départ, c’est de s’appuyer sur les pratiques et les usages qu’ils ont des technologies mobiles, notamment la captation de photos et vidéos. Ce qu’ils font spontanément ! »
Redécouvrir sa ville
Les élèves, aujourd’hui en terminale, ont arpenté les rues angoumoisines avec une guide-conférencière : « Nous avions des thèmes par groupe de trois ou quatre, explique Charmaine, élève de terminale au CCI d’Angoulême. » Chaque groupe choisissait son sujet en fonction de ses affinités : les banques, « parce qu’il y en avait beaucoup en ville » ; les cafés, car « ça se perd de plus en plus en France » ; les galeries Lafayette, car « on aime y aller et on voulait en savoir plus ».
« Ensuite, reprend Charmaine, nous avons pris des photos, des vidéos et enregistré du son dans Angoulême. » Le projet était pensé pour divers supports. D’abord, le podcast : quatre épisodes de six minutes et un dernier de vingt-cinq minutes autour du circuit des remparts d’Angoulême, parus sur Rhizome Média. Mais aussi une vidéo par épisode, qui mêlerait images d’archive avec des photos et vidéos actuelles. Mais le confinement du printemps 2020 a rapidement mis un frein à cette seconde partie du projet et seule la vidéo des Galeries Lafayette a pu être finalisée.
Les élèves ne connaissaient pas l’histoire de la ville avant cette grande visite et reviennent unanimes sur leurs observations : « C’est plus structuré maintenant : il y a des entreprises. Nous avons une photo de l’allée piétonne avec des commerces à l’air libre. Aujourd’hui, c’est plus encadré », observe Dimitri.
« On n’a pas fait que se balader ! s’exclame Laurent Daganaud, on est allé aux archives municipales et départementales pour associer nos captations à des documents iconographiques plus anciens. Pour voir la différence et l’évoquer par le biais du podcast. »
« Le plus compliqué, c’était le montage »
Après le plaisir de la découverte urbaine, les élèves ont dû s’atteler à la réalisation de ce podcast. Laurent Daganaud, le professeur d’histoire-géographie, confesse d’un ton amusé que « pour le montage, il faut un peu de technique, mais aussi une trace écrite bien structurée. Le scénario a peut-être été fait rapidement. » Pour aider les élèves à la réalisation des capsules sonores, la classe a fait appel au webmédia Rhizome.
La réalisatrice sonore Léa Grange est venue sur trois demi-journées. Avant la visite, pour apprendre à penser le podcast ; pendant la visite pour récolter les matériaux sonores ; puis trois dernières heures après la visite pour aider les élèves à monter. Cette dernière demi-journée lui a semblé très courte par rapport à tous les enseignements à apporter : « Ce sont trois heures pendant lesquelles nous travaillons le podcast, mais aussi la technique. Ce n’est pas beaucoup pour leur expliquer comment faire correspondre les données sonores prises pendant la visite à ce qu’ils voulaient raconter. »
Ce n’est pas une activité scolaire, mais d’apprentissage qu’on leur propose, donc il est conseillé de se rapprocher le plus possible de la vraie vie.
Et le plus long, selon la réalisatrice sonore, reste le dérushage : « Il fallait réécouter, choisir les morceaux que l’on gardait, avant de faire la voix off et de verbaliser les histoires. » Laurine, élève de cette classe, confirme la difficulté de faire des choix pour coller au temps imparti : « Il fallait que ça tienne dans quatre minutes. Mais avec tout ce que l’on avait, toutes les questions qu’on avait posées, c’était compliqué ! On a même dû enlever des choses intéressantes. »
Les lycéens ont réussi à s’organiser sur un mode collaboratif : « Ce n’est pas une activité scolaire, mais d’apprentissage qu’on leur propose, donc il est conseillé de se rapprocher le plus possible de la vraie vie. C’est pour cela que dans chaque groupe, chacun avait une fonction spécifique : un responsable du son, de l’image, et de l’écriture », raconte Laurent Daganaud. Et malgré les difficultés sanitaires et techniques, la petite rédaction a réussi à produire un podcast local.