Marie-Claire Kakpotia Moraldo est née en Côte d’Ivoire. Excisée à l’âge de 9 ans par une tante, elle choisit de faire en 2016 une opération de reconstruction pour devenir « une femme entière, comme toutes les femmes ». Aujourd’hui elle s’occupe de l’association Les Orchidées Rouges, basée à Mérignac, pour aider les femmes victimes de mutilations sexuelles à se reconstruire. Physiquement et psychologiquement.
Propos recueillis par Clémence Postis
Le guet-apens culturel
Je suis née dans le nord de la Côte d’Ivoire en 1982. J’ai été victime d’une mutilation sexuelle à l’âge de neuf ans, par une tante. Des pièges sont tendus aux petites filles, elles croient généralement qu’elles vont à une fête.
L’excision n’est pas liée à une religion. Dans ma région d’origine, tout le monde pratique l’excision : les chrétiens, les musulmans, les animistes… c’est culturel. Une femme n’est accomplie dans la société africaine que lorsqu’elle est mariée. Les mamans excisent leur petite fille pour leur garantir un avenir, autrement dit avoir un mari. Dans la plupart des communautés qui pratiquent l’excision, aucun homme ne veut d’une femme non excisée, ils la considèrent comme une femme impure, frivole.
Ce n’est pas pratiqué dans tous les pays et dans toutes les régions. En Côte d’Ivoire par exemple, environ la moitié des femmes sont excisées, principalement dans l’ouest et le nord ; en Égypte ou en Indonésie, elles sont beaucoup plus nombreuses. De petites filles vont demander à être excisées parce que pour elle c’est la normalité.
Je voulais retrouver le bout de moi que l’on m’avait enlevé.
Aujourd’hui, il y a un léger recul de cette pratique, grâce à beaucoup de sensibilisation et une pénalisation. Les gens ont peur, mais ils se cachent pour le faire quand même. Il y a encore beaucoup de travail pour éradiquer l’excision.
Cet article est réservé aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter
Nous avons besoin de 1 000 nouvelles souscriptions pour continuer à exister.
Découvrir nos offres d’abonnement