À l’occasion de la table ronde « Tout le plaisir est pour moi » organisée par Revue Far Ouest ce 5 juillet à l’I.BOAT, nous avons eu envie d’élargir nos perspectives. Nous nous sommes interrogés sur l’éducation féministe telle que perçue par les jeunes aujourd’hui et leurs vecteurs de sensibilisation. Les sociologues Magali Della Sudda et Viviane Albenga, la géographe Édith Maruéjouls et la rédactrice des Petites Glo Florence Fortuné nous parlent de l’école, d’internet… et de l’éducation des garçons.
Soirée « Tout le plaisir est pour moi »
Le 5 juillet à l’I.BOAT
ENTRÉE LIBRE
« Féminisme et égalitaire, c’est juste synonyme », pose Florence Fortuné, rédactrice-en-chef de la newsletter féministe pour adolescent·e·s Les Petites Glo. « Donner une éducation féministe, c’est juste rattraper des siècles et des siècles d’inégalités. » Dans sa démarche d’empowerment des jeunes filles et d’inculcation de valeurs égalitaires aux garçons, l’éducation féministe doit se faire tôt.
Intérioriser le féminisme
« Même si d’énormes progrès ont été faits depuis 30 ans, il y a eu des reculs », constate la sociologue Magali Della Sudda. « L’éducation que les enfants avaient dans les années 70-80 est beaucoup moins répandue aujourd’hui. En tout cas, au début des années 2000 où on voyait des comportements sexués plus marqués. » La spécialiste du genre au centre de recherche bordelais Émile Durkheim pointe un contexte social paradoxal : « Il y a des normes égalitaires de plus en plus mises en œuvre dans les lois, et en même temps une culture liée à notre société de consommation dans laquelle pour vendre plus, il faut segmenter les marchés : on a tout intérêt à exacerber la différence entre les hommes et les femmes. »
Elle relève deux difficultés pour mettre en place une réelle éducation féministe : « On actualise tous les jours un certain nombre de choses qui sont associées à notre identité genrée. » Parmi ces stéréotypes, une fille ne joue pas au foot. Elle accuse aussi un environnement qui « vient parfois heurter brutalement les modèles un peu émancipateurs ou égalitaires proposés aux enfants. » S’il le veut, un garçon peut mettre une jupe, mais il devra résister aux regards critiques que ses pairs porteront sur lui.

Il y a quelques années, les gens pensaient encore « qu’il n’y avait plus besoin du féminisme, parce que “c’est bon, maintenant, les femmes ont le droit de voter” », désespère Florence Fortuné. « Beaucoup voyaient encore le féminisme comme un combat d’ “hystériques”. » Mais la rédactrice-en-chef des Petites Glo nuance avec ce qu’elle perçoit : « Aujourd’hui, il y a énormément d’ados pour qui le féminisme apparaît comme une évidence. À 12-13 ans, elles savent déjà ce que c’est et ont des icônes ultra-inspirantes, comme Beyoncé ou Malala. C’est plus ou moins mis en avant dans les médias, pas toujours de la bonne manière, mais au moins on en parle. » Cette intériorisation des valeurs féministes s’accroît du fait que les adolescent·e·s grandissent avec les réseaux sociaux et les mouvements tels que #metoo ou #balancetonporc.
Cet article est réservé aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter
Nous avons besoin de 1 000 nouvelles souscriptions pour continuer à exister.
Découvrir nos offres d’abonnement