Pour analyser l’ampleur du mal-être étudiant et proposer des solutions pour y répondre, plusieurs associations de l’Université de sciences humaines Bordeaux Montaigne (UBM) ont sondé durant deux semaines les étudiant·es bordelais·es. Et le résultat n’est pas optimiste.
Près de 25 % des 18 000 étudiant·es de l’UBM se sont exprimé·es sur leurs conditions de vie, d’études, leur situation économique et celle vis-à-vis du logement. L’enquête révèle ainsi que 66 % des étudiants estiment avoir rencontré des difficultés qui ont perturbé leur travail universitaire ces derniers mois en raison de motifs économiques (38 %), familiaux (44 %) ou médicaux (29 %).
« L’une des difficultés principales, c’était notamment la question économique, détaille Petra Bernus, membre de l’association Onzième thèse. 43 % des étudiant·es disent qu’iels ont quitté leur logement parce qu’iels ne pouvaient plus payer leur loyer en centre-ville ou en ville en général. 26 % des étudiant·es disent que, depuis le début du confinement, iels sont seul·es dans leur logement. Cet isolement a tendance à accélérer des problèmes de type psychologique, d’anxiété, d’angoisse. Ce sont des situations qui montrent une complexité très importante même pour suivre de manière correcte les cours, mais aussi pour simplement arriver à se nourrir ou payer son loyer. Il y a des jeunes aujourd’hui qui disent qu’iels n’arrivent pas à remplir leur frigo et qui se posent la question : “comment je vais me nourrir”, qui sautent des repas. »
Une situation qui ne date pas d’hier
Pour la jeune militante, « c’est l’ensemble des étudiant·es qui sont touché·es par cette situation. Ce n’est pas forcément lié à des particularités, sachant que la précarité dans le monde étudiant, ce n’est pas amené d’hier. C’est juste que ça a été mis un peu sous le feu des projecteurs ces dernières semaines, suite à des gestes dramatiques de certain·es étudiant·es », conclut-elle en référence aux récents suicides ou tentatives de suicide survenus en région lyonnaise.
Selon les chiffres de l’enquête, près d’un·e étudiant·e sur deux a songé à arrêter ses études durant le premier semestre. 75 % des répondants disent appréhender le second semestre.
Petra Bernus, elle-même étudiante en deuxième année de licence, témoigne du mal-être de la jeunesse française en temps de Covid-19 : « Là, ça fait un an qu’on suit les cours sur Internet, qu’on ne voit personne. Une journée type d’un·e étudiant·e, c’est être collé·e à son ordinateur toute la journée sur Zoom. Beaucoup d’attentes, d’incertitudes, et ce qui fait qu’aujourd’hui, c’est très difficile de se projeter du point de vue des études, mais aussi de l’emploi. On a l’impression qu’on n’a plus aucune perspective d’avenir. C’est vraiment difficile à encaisser, au-delà en fait de l’ensemble des autres questions sur la précarité. On ne peut plus rien faire, à part fermer sa gueule, écouter son cours Zoom et essayer coûte que coûte, d’une manière ou d’une autre, de pouvoir s’en sortir pour réussir son année. »