Contraint de fermer ses portes depuis le 28 octobre dernier, le Pourquoi pas Café culturel se réinvente. Afin de lutter contre l’isolement en ces temps de crise sanitaire, l’équipe a décidé de diffuser gratuitement sa programmation sous forme d’enveloppes culturelles, à destination d’habitant·es du quartier Bordeaux Sud, d’étudiant·es et de séniors. Une initiative qui vise également à soutenir et faire la promotion d’acteur·ices de la culture locale, mise à l’arrêt forcé depuis des mois.
Implanté dans Bordeaux centre depuis janvier 2019, le café Pourquoi Pas propose une programmation culturelle variée. Contraint de fermer ses portes depuis le 28 octobre dernier, l’établissement a souhaité s’adresser à un public isolé par la pandémie.
« L’idée, c’est de donner un sourire en fait, confie Lionel Lopez, cofondateur du Pourquoi Pas Café culturel. Aujourd’hui, on a des personnes qui sont dans une situation de crise, qui sont isolées. Notre but, c’est de leur offrir un moment où iels vont avoir le sourire et se dire “Tiens, j’ai reçu un cadeau d’un·e inconnu·e.” »
Avec leur stagiaire Juliette, les deux fondateur·ices décident de lancer leurs enveloppes culturelles. Un projet rendu possible malgré une conjoncture économique défavorable pour la plupart des bars et cafés. « Comme on est dans un local associatif, notre contrat fait qu’aujourd’hui, on sauvegarde notre trésorerie, explique le jeune homme. Et cela nous permet du coup depuis plusieurs mois maintenant d’avoir l’esprit suffisamment libre pour essayer d’être créatif·ve sur d’autres choses. On a eu la volonté et l’envie d’offrir une surprise aux voisin·es et aux habitant·es autour du Pourquoi Pas. 500 foyers, 500 étudiant·es et 500 seniors vont les recevoir. En voyant la situation, on a décidé d’élargir le projet aux étudiant·es et aux seniors. Personne n’est épargné par cette crise, mais c’est vraiment un public particulièrement touché. »
La culture locale dans votre boîte aux lettres
Grâce aux enveloppes culturelles, l’équipe espère participer à la diffusion de la culture locale, mise à l’arrêt forcé depuis des mois. « Dans ces enveloppes, il y a quasiment que des acteur·ices bordelais·es, détaille Lionel Lopez. Vous retrouverez à l’intérieur un petit A4 plié en deux, avec un poème de Frédéric Daïtoha, slameur de Street Def Records. Il y aussi une illustration du journal TACK Magazine, mais aussi des chaînes Twitch qui proposent des jeux de rôle. Pour les seniors, évidemment, on ne leur a pas mis les chaînes Twitch, on leur propose d’autres jeux : on leur met un petit quiz derrière, un petit jeu de société. Vous avez aussi un code de téléchargement pour Wagaal, artiste bordelais, dont vous pouvez télécharger l’album gratuitement. Il y a aussi des liens de podcast qui ont été nos coups de cœur, parce qu’on a le temps d’écouter des choses. »
Pour Lionel Lopez, c’est d’abord le souhait de partager son réseau culturel qui l’anime. « Soyez curieux·ses d’aller découvrir tout ce qu’on vous propose dans ces enveloppes, et nous on sera ravi·e de faire connaître ces pépites qu’on vous a sélectionnées », lâche-t-il dans un sourire.
Le Pourquoi Pas café, un lieu de divertissement singulier
Avant sa fermeture, fin octobre, le Pourquoi Pas proposait régulièrement à son public une multitude d’événements, à la fois ludiques, pédagogiques et culturels. « Ma compagne Vénaïg Péchard et moi-même, on avait envie de mettre en place un nouveau projet sur Bordeaux et tous les soirs proposer un événement différent, raconte le gérant. On fait du théâtre d’improvisation, des battles de compliment, des soirées quiz, des blind test, des silent party, des conférences, des soirées projection, en ayant tous les jours des configurations de salle différentes, en n’ayant jamais la même ambiance dans cette salle. C’est un sacré challenge puisqu’on était que deux pour monter tout ça. On a fait plus de 500 événements du coup en deux ans, malgré la rupture avec le Covid-19. »
Et pour le Pourquoi Pas café, pas de frais supplémentaire : « Pour nous, c’est comme si c’était un budget d’action com’, mais plutôt que de faire juste de la com’ classique et de dire « bonjour, on va rouvrir un jour », on a préféré mener ça de manière solidaire et bienveillante. »