De plus en plus de commerces alimentaires se tournent vers la vente d’invendus en ligne par le biais d’applications comme Too Good To Go ou Optimiam. Ils évitent ainsi le gaspillage et permettent aux consommateurs de faire de bonnes affaires. Si certains s’en réjouissent, d’autres comme les maraudes, s’inquiètent de la chute des dons alimentaires. L’anti-gaspillage est-il un frein à la lutte contre la précarité alimentaire ?
« À la fin du week-end, les gens de la rue ont les crocs », témoigne Estelle Morizot, présidente de l’association La Maraude du cœur, à Bordeaux. Le regard posé sur la Place de la Ferme Richemont, l’éducatrice canine de 35 ans explique pourquoi elle organise une maraude chaque dimanche soir : « La plupart des maraudes opèrent en semaine ; le week-end, il n’y a personne. » Ces groupes — associatifs ou non — d’une dizaine de personnes passent la ville au peigne fin pour distribuer des repas aux SDF.
LES MARAUDES : VITALES POUR LES SANS-ABRIS
La Maraude du cœur, la Maraude Libre Dynamique, Graines de solidarité, ou encore les Robins de la rue sillonnent Bordeaux. Elles organisent de nombreux évènements avec d’autres associations autour de la solidarité et de la lutte contre la précarité alimentaire. Elles cherchent à favoriser l’accès à une alimentation sûre, de bonne qualité et diversifiée. Selon le baromètre 2019 de l’Observatoire de la pauvreté 2019, 59 % des Français qui gagnent moins de 1200 € par mois rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine.
Les commerces peuvent donner, mais ils ne veulent plus ! Ils préfèrent rentabiliser leurs pertes avec des applis comme To Good To Go.
Depuis deux ans, Estelle parcourt la ville depuis la Place Saint-Projet en s’arrêtant Place Pey-Berland, Cours de l’Intendance et au Palais des Sports. Pour assurer le bon fonctionnement de la distribution des denrées, chaque maraude officie dans un quartier différent, convenu en amont.
Les bénévoles de la Maraude du cœur distribuent environ 80 repas le dimanche. « Ce n’est pas assez » pour Estelle, la présidente : elle observe de jour en jour une augmentation du nombre de SDF dans la ville. Le dernier recensement de l’Insee comptait 143 000 sans-abris en France… en 2012. Aucune actualisation de ce recensement n’a été réalisée depuis huit ans. « Les Sans Domicile Fixe sont beaucoup plus nombreux aujourd’hui. Cela se ressent au niveau associatif », affirme pourtant la Fondation Abbé Pierre de Bordeaux.
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