Au-delà de l’engouement manifesté lors de la Coupe du monde de football en juin dernier, le football au féminin gagne en reconnaissance depuis plusieurs années. En première division, onze équipes sur douze sont liées à des grands clubs masculins, à leur savoir-faire et à leurs infrastructures. L’ASJ Soyaux, club totalement féminin, est désormais le seul à se développer en toute autonomie. Alors que le niveau du championnat augmente chaque saison, l’historique club charentais fait face à une multitude de défis.
L’ASJ Soyaux a-t-il un avenir au plus haut niveau ? Immersion dans la banlieue d’Angoulême pour dégager quelques éléments de réponse.
Photo de couverture : L’ASJ contre le FCF91 — Giovani Pablo
« Quand je suis arrivée pour jouer à Soyaux, je ne connaissais même pas le nom de la ville, se remémore, le sourire aux lèvres, Siga Tandia. C’est valable pour tous les gens qui vivent hors de Charente ! Mais une fois qu’on est là, on adhère au projet. Ici, il y a des personnes avec un gros cœur. Par contre, je ne suis pas certaine qu’on arrive à changer notre image. Dans la tête des gens, quand ils entendent “Soyaux”, c’est toujours négatif. On aura beau arriver troisième du championnat, ils diront que c’est du hasard… » Cette confession, c’est celle de la milieu de terrain et capitaine de l’ASJ Soyaux, l’un des clubs historiques du football au féminin hexagonal. Une structure riche de son passé.
L’histoire raconte qu’en 1982 les dirigeants du club de football, lui-même fondé en 1968, avaient supprimé la section féminine, car les résultats des filles faisaient de l’ombre aux garçons. Une cinquantaine de licenciées et quelques dirigeants avaient alors mené la fronde puis répliqué en créant l’Association Sportive Jeunesse de Soyaux. Depuis, le club n’a quasiment jamais quitté l’élite. En 1984, l’ASJ remporta même le titre de championne de France. C’est également ce maillot que Corinne Diacre, actuelle sélectionneuse des Bleues, a défendu comme joueuse durant dix-neuf saisons (1988-2007). À la fin de sa carrière, c’est le premier banc que « Coco » occupa comme entraîneuse (2007-2013). Voilà pour les souvenirs et les heures de gloire de l’ASJ Soyaux.

Aujourd’hui, le club est confronté au plus grand défi qu’il ait jamais rencontré : passer le cap de la professionnalisation et de ses exigences. Quitter le monde de l’amateurisme et des bonnes volontés. Pour le club d’une ville de moins de 10 000 habitants jouxtant Angoulême, le défi relève presque de la gageure. Mais les différents acteurs de l’ASJ Soyaux travaillent dur pour y parvenir.
Un effectif totalement professionnel
À commencer par les principales intéressées : les joueuses. Depuis la saison dernière, chacune est passée sous contrat fédéral, ce qui s’apparente à un contrat professionnel. Une évolution majeure qui permet très concrètement de s’entraîner deux fois par jour pour affiner encore et toujours le projet de jeu.
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