En Nouvelle-Aquitaine, la région s’est fixé pour objectif de devenir la première région étoilée de France avant 2030. De nombreuses communes ont déjà pris des mesures pour allier confort urbain et protection du ciel étoilé.
Mais la pollution lumineuse, c’est quoi ?
C’est quoi, en vrai, la pollution lumineuse ?
Quand on parle de pollution lumineuse, on évoque les effets néfastes de la lumière artificielle sur notre environnement et sur notre santé. En clair, trop d’éclairage, ça diminue la visibilité du ciel étoilé, mais c’est aussi une contribution directe au réchauffement climatique : 4 % des émissions de gaz à effet de serre en France proviennent de l’éclairage public selon l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN).
Mais ce n’est pas tout : la lumière artificielle pose également un sérieux problème pour la biodiversité. En perturbant le rythme naturel jour/nuit des espèces, elle les prive de leurs phases de repos ce qui limite leur croissance. Autre danger : certaines espèces, attirées par la lumière, sont piégées. Chaque nuit, un seul lampadaire peut causer la mort de 150 insectes. « Pour d’autres animaux, la lumière agit comme un repoussoir, les confinant dans un territoire restreint où ils deviennent des proies faciles. C’est le cas des poissons pour qui la lumière crée une barrière infranchissable», explique Michel Deromme, correspondant néo-aquitain de l’ANPCEN.
Des villes moyennes comme Capbreton affichent un niveau de pollution lumineuse comparable à celui de villes cinq fois plus grandes, comme Limoges.
Et nous, les humains, ne sommes pas en reste ! Pour bien fonctionner, nous aurions besoin de 5 à 6 heures d’obscurité. Les dérèglements lumineux affectent donc aussi notre santé et favorisent le développement des troubles du sommeil, des maladies cardiovasculaires et neurodégénératives ou encore de certains cancers.
Mais ça concerne surtout les grandes villes, non ?
Eh bien, oui et non. En Nouvelle-Aquitaine, les principaux foyers de pollution lumineuse sont effectivement les grandes villes de la région : Bordeaux, Limoges, La Rochelle, Pau… Mais la lumière ne reste pas confinée aux zones urbaines. Elle se diffuse largement, créant un halo lumineux visible à des dizaines de kilomètres. « Ce phénomène efface les étoiles et laisse une lueur persistante à l’horizon, même dans des endroits comme les campagnes hautes-viennoises qui devraient être plongés dans l’obscurité totale », précise Michel Deromme. Aujourd’hui, 85 % du territoire hexagonal est exposé à un niveau élevé de pollution lumineuse mettant en danger l’ensemble de la faune et de la flore.

Sur la côte basque, l’impact de cette lumière artificielle est particulièrement préoccupant : selon la revue Nature, la lumière artificielle peut pénétrer jusqu’à trois quarts des fonds marins. « Depuis 2018, la loi interdit d’éclairer directement les cours d’eau pour préserver la faune », souligne le correspondant local. Mais cette loi ne concerne ni les phares, ni les entrées de ports, ni les bassins privés. En conséquence, des villes moyennes comme Capbreton affichent aujourd’hui un niveau de pollution lumineuse comparable à celui de villes cinq fois plus grandes, comme Limoges.
Cette pollution contribue à la disparition de certaines espèces locales, comme les saumons de la Nivelle, déjà menacés par d’autres facteurs : la hausse des températures, la surpêche, la pollution et l’acidification des océans.
C’est possible de dépolluer la lumière ?
Oui ! Contrairement à d’autres types de pollution, la pollution lumineuse est en partie réversible. En réduisant les sources de lumière artificielle, de nombreuses espèces peuvent rapidement retrouver leur rythme naturel, comme les papillons de nuit et autres insectes nocturnes.
Michel Deromme, expert en pollution lumineuse, nous le rappelle : « La solution contre la pollution lumineuse c’est d’éclairer ce qu’il faut, quand il faut. » Concrètement, cela signifie : réduire l’intensité des éclairages, orienter les lumières vers le sol plutôt que vers le ciel, utiliser des luminaires qui ciblent précisément les zones à éclairer, et privilégier des lumières orange, moins perturbantes que les LED blanches, qui émettent une lumière bleue. À la maison, une paire de rideaux occultant et des caches pour les voyants lumineux des appareils électroniques peuvent aussi aider à réduire cette pollution.

Il existe aussi des projets de plus grande envergure. En France, cinq territoires ont obtenu le label des Réserves internationales de Ciel étoilé (RICE) pour leurs efforts en matière de dépollution lumineuse. En Nouvelle-Aquitaine, le Parc naturel régional de Millevaches, dans le Limousin, sert d’exemple. Grâce à sa labellisation, ce parc propose désormais 11 sites où l’observation du ciel nocturne est idéale, permettant aux visiteurs de contempler la Voie lactée à l’œil nu tout en profitant de la biodiversité locale.