Depuis mars, l’avortement est reconnu comme une « liberté fondamentale » dans la Constitution. Pourtant, en Nouvelle-Aquitaine, comme dans d’autres régions, le manque de centres et de praticiens en zone rurale continue de limiter son accès.
Le coup de loupe
Quelles sont les étapes à suivre pour procéder à une interruption volontaire de grossesse (IVG) ?
Pour commencer, il faut prendre rendez-vous avec un·e médecin ou un·e sage-femme agréé·e. Selon la loi, un rendez-vous doit être proposé dans les 5 jours suivant cet appel. Lors de cette première rencontre, un bilan complet est réalisé : prise de sang, examen gynécologique et échographie. Ces étapes permettent de déterminer le stade de la grossesse et d’informer la personne qui souhaite avorter sur les différentes méthodes disponibles.
À la deuxième consultation, la demande d’IVG doit être confirmée par écrit et la·e patient·e choisit la méthode d’IVG qui lui convient le mieux, qu’elle soit médicamenteuse ou chirurgicale. À la fin de ce rendez-vous, un document est remis, ouvrant l’accès à l’intervention.
Dans la Creuse 29,5 % des patient·es changent de département pour avorter, contre seulement 5 % en Gironde.
Enfin, une consultation de suivi est programmée entre le 14e et le 21e jour après l’IVG. Ce contrôle est essentiel pour vérifier l’absence de complications et discuter des options de contraception pour l’avenir.
Comment l’accès à l’avortement varie entre les zones urbaines et les zones rurales ?
Considérablement ! C’est ce qu’épingle le rapport parlementaire sur l’IVG, rédigé par Marie-Noëlle Battistel (PS) et Cécile Muschotti (LREM) en 2020 en vue de renforcer le droit à l’avortement en France. Leur travail met en avant que « les femmes vivant en zones rurales sont particulièrement affectées par le manque de professionnels de santé. »
Cette observation est soutenue par une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS), qui révèle que le pourcentage d’IVG réalisées en dehors du département de résidence est très élevé dans les zones rurales. Autrement dit, les patient·es vivant à la campagne sont plus enclins à changer de département pour avorter. Dans la Creuse, ce taux atteint 29,5 %, contre seulement 5 % en Gironde.
Pour illustrer ces disparités, le Planning familial de Nouvelle-Aquitaine a développé une carte interactive sur son site « Ton Plan à Toi ». Colline Bost, coordinatrice régionale, précise : « Cette carte met en évidence les zones avec une offre abondante, comme Bordeaux et Poitiers, et celles où les services sont plus rares, comme le Limousin et le sud des Pyrénées-Atlantiques. »

Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas assez de médecins généralistes et de sages-femmes qui pratiquent des IVG ?
Pour réaliser une IVG, les sages-femmes et médecins généralistes doivent être conventionnés. Ce processus administratif rigoureux garantit que les professionnels respectent les normes de santé établies et assurent une prise en charge adéquate des patientes. D’après la DRESS en 2018, seuls 2,9 % des généralistes et gynécologues contre 3,5 % des sages-femmes pratiquent des IVG en France.
Autre élément en cause : la double clause de conscience, décriée par les associations féministes comme le Planning Familial. Cette clause, spécifique à l’IVG, permet à tout médecin, sage-femme ou infirmier·e de refuser de pratiquer une IVG pour des raisons morales ou religieuses sans avoir à se justifier.