De 2009 à 2012, Dorian a habité une « maison hantée » à Pessac. Il a appris à vivre avec les bruits de pas, les chaises qui raclent le sol au cœur de la nuit, et les lumières impossibles à éteindre. Il ne croit pas aux fantômes, mais admet ne pas pouvoir expliquer rationnellement ce qu’il s’est produit là-bas. Cette histoire est celle d’un jeune homme qui a tout fait pour comprendre l’incroyable.
Note : Je tiens à préciser que je connais le protagoniste de ce témoignage. J’ai dormi dans cette maison, et j’ai échangé avec bon nombre de ceux qui sont allés y passer une nuit, « pour voir ». Encore aujourd’hui, aucun de nous n’est capable d’expliquer les phénomènes dont nous avons fait l’expérience, ensemble ou séparément.
Dans cette histoire, Dorian a 18 ans. Plutôt que de vivre dans un petit studio, comme tous les étudiants, il loge dans une grande maison. Seul ? Pas vraiment. Selon toute probabilité, Dorian semble avoir quelques colocataires invisibles et envahissants. Le récit qui suit n’est pas juste une histoire de fantômes. C’est une histoire de précarité étudiante, et d’un jeune homme qui a vécu quatre ans dans une maison insalubre et invivable.
Avant toute chose : je ne crois pas aux fantômes. Je n’y croyais pas avant et je n’y crois pas maintenant. Ceci n’est pas à prendre comme le témoignage avéré de l’existence des spectres. Des gens se retrouvent dans des situations qu’ils ne peuvent pas expliquer et l’expriment en parlant de maisons hantées.
À la fin du lycée, en 2009, je vais entrer à la fac. L’appartement où je devais vivre a été loué deux semaines avant mon emménagement à Bordeaux. Dans l’urgence, mes parents ont appelé une connaissance : un immigré espagnol d’après-guerre, littéralement arrivé en France avec juste une valise. Toute sa vie, il a pris soin d’une dame âgée et à sa mort il a hérité de toutes les propriétés qu’elle possédait. Un de ses biens était inoccupé depuis 6 mois, alors plutôt qu’il le reste, il me le loue pour rien et moi je l’entretiens.

La maison a un étage et la porte d’entrée se trouve sur le côté. Un petit jardin entoure le bâtiment, avec un garage séparé de l’habitation dont je n’ai pas les clefs. À l’architecture, tu sens que la construction existait avant la rue, il y a même un lavoir au milieu du terrain. Ne nous leurrons pas : à l’intérieur comme à l’extérieur, c’est la baraque de Fight Club. Quand j’ai vu la tête des murs et de l’isolation… Pas de double vitrage, pas de chauffage et pas de prise terre pour l’électricité.
Je visite la maison avec le propriétaire au mois d’août. Une porte battante aux carreaux opaques fait face à l’entrée. Il me prévient : « Il ne faut pas y aller, c’est la partie abandonnée. » Alors qu’on passe à l’étage, on entend une porte claquer. Le gars se retourne : « Tu es sûr que tu ne vas pas avoir peur, tout seul dans cette grande maison ? »
Premiers phénomènes étranges
Pendant le grand nettoyage de l’emménagement, je découvre des traces de sang dans ma chambre, dans le couloir, dans la salle de bain et dans l’escalier. De petites éclaboussures partout, parfois des empreintes de doigts à trente ou quarante centimètres au-dessus du sol. Un animal, une mauvaise chute ? Je trouverai la réponse à cette question bien plus tard.
Cet article est réservé aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter
Nous avons besoin de 1 000 nouvelles souscriptions pour continuer à exister.
Découvrir nos offres d’abonnement