Synchronisation des montres. Début des années 90, quatre amis se retrouvent dans une maison familiale. Amoureux de bidouille et d’informatique, ils décident de se lancer dans une entreprise de Minitel : jeux vidéo, jeux de rôle, vente en ligne… Ils ne le savent pas encore, mais aucun de leurs serveurs ne sera aussi performant que leur service de Minitel rose. Leur histoire, c’est celle d’une bande de potes qui s’est transformée en « Steve Jobs du cul », vingt ans avant Tinder.
Philippe a 45 ans. Il est comédien et nous l’avons rencontré à la terrasse d’un café. Dans l’histoire qui suit, Philippe a 17 ans, un peu plus de cheveux, un talent certain pour l’informatique et il écrit des messages coquins à des hommes en manque de sexe. C’est une histoire de Minitel, d’insouciance et de bidouille. Le souvenir d’une époque où Internet n’avait pas encore envahi les foyers et où le minitel promettait de changer vos vies. Un monde sans Amazon, sans site d’information ni de rencontres… Et pourtant, avec ses amis, Philippe va être, sans le savoir, un acteur de la révolution technologique à venir. Bienvenue en 1990, sur 36 15 Usha.

Au début des années 1990, j’étais féru d’informatique. Je devais avoir treize ou quatorze ans quand j’ai fait mes débuts à la radio associative la Vie Au Grand Hertz. Le dimanche matin, de 9 h à 11 h, je participais à une émission sur l’informatique. Nous étions un noyau dur de quatre personnes, rapidement rejoint par une bonne dizaine d’autres passionnés.
C’était l’époque des Amiga, des Amstrad… Chez moi, j’avais transformé mon Atari en Minitel. Avec plein de prises téléphoniques collées — je m’étonne encore d’avoir réussi à soudoyer mes parents —, j’avais réussi à monter un serveur en RTC, en « Réseau Téléphonique Commuté ». Les gens appelaient mon numéro de téléphone et tombaient sur une messagerie, des jeux, des solitaires… À mon entrée au lycée, tous ces bidouillages ont pris de l’ampleur.
Les débuts de l’interaction à distance
Créer un 36 15 sur minitel était particulièrement simple : il suffisait d’avoir une prise RTC, un Transpac et de prévenir France Télécom. Grosso modo, pour un franc que l’utilisateur payait pour la connexion, 50 centimes revenaient à France Télécom, et 50 centimes à la société. Par contre, pour avoir un modem Transpac — qui devait avoir 5 % de la puissance de nos box actuelles — il fallait une entreprise. Alors, avec mes trois amis de la radio, nous avons créé une société pour aller jouer dans la cour des grands.
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