La société Toopi Organics recycle l’urine pour créer des engrais, pesticides et produits ménagers. Une alternative écologique, mais aussi économique pour les agriculteurs, d’après son fondateur Michael Roes.
La société Toopi Organics, installée à Loupiac-de-la-Réole (Gironde) recycle l’urine pour créer des engrais et des pesticides. Une alternative écologique, mais aussi économique pour les agriculteurs, d’après son fondateur Michael Roes.
L’entreprise est née en 2019 à Langon, après un constat simple. « Un ami qui loue des toilettes sèches m’a expliqué qu’il devait payer pour se débarrasser de l’urine après des festivals. Il m’a demandé si j’avais une idée pour en faire quelque chose. »
Michael Roes se penche alors sur l’analyse biologique de l’urine et réalise qu’il s’agit, à peu de chose près, d’un milieu de culture pour les bactéries. « On utilise des bactéries pour plein de domaines d’activité. En agriculture, ça peut remplacer des engrais, mais aussi des pesticides. »
Une gestion circulaire de l’urine
Le gérant d’entreprise se lance alors dans l’aventure. « Notre enjeu, c’était de produire des alternatives aux fertilisants minéraux, qui sont moins chers, en plus en se basant sur une matière première qui elle-même pollue. Tout notre système de gestion est polluant et très linéaire alors qu’en fait maintenant on a une alternative pour rendre ça plutôt très circulaire. »
L’entreprise se développe autour de trois activités : la transformation, la vente, mais aussi la collecte. « Au début, on récupérait des cuves d’urine après les événements, comme les festivals, ou on passait par des laboratoires d’analyse médicale. »
«Maintenant, on travaille de plus en plus avec des établissements qui reçoivent du public, des lycées, des collèges, des stades … tous les lieux où y a beaucoup de gens qui passent pour faire pipi. Ça réduit le coût de collecte et ça permet, on va dire, de limiter les transports. »
Inclure les femmes
Récemment la société a fait appel à la société d’urinoirs féminins Madame Pi pour inclure les femmes. « Quand on a fait nos premières installations sur des lycées, notamment le lycée de la Réole, on a installé des urinoirs masculins. Les filles se sont dit « Bah nous aussi on aimerait bien faire pipi pour la planète. On n’a pas de solution. Est-ce qu’on pourrait pas mettre un urinoir féminin dans notre lycée ? » C’était vraiment une demande des lycéennes. On l’a fait et ça marche très bien. L’idée ça va être de généraliser ça à chaque fois qu’on modifie un établissement qui reçoit du public. »
Aider les agriculteurs
Écologiques, les engrais et pesticides à base d’urine possède un autre avantage : leur coût. « Un des fondamentaux du projet de Toopi, c’était de faire en sorte que les agriculteurs ne soient pas, encore une fois, les dindons de la farce. Qu’ils profitent de l’innovation technologique. »
Grâce au faible coût de production, le prix de vente est très faible. « Par exemple, le soja français est cultivé quasiment à 100 % grâce à des bactéries. Une coopérative les achète à peu près 35€ et revend cet « inoculum » à ces agriculteurs, pour 40€/hectare. Pour la même bactérie à la même concentration, et si une coopérative prenait la même marge, de 5€, on est toujours en-dessous des 10€. On réduit par plus de 4 le prix pour les agriculteurs. »
L’objectif à terme de Toopi, est de recycler au minimum 1 % de l’urine humaine produite par année dans le monde. « On a à la fois des pays dits développés, qui ont besoin de transformer leur agriculture. Mais il y a aussi tous les pays, dits en voie de développement. »
Dans le viseur de Michael Roes, l’Afrique. « On est en train de monter des filières pilotes dans plusieurs pays africains. Ils ont très peu de toilettes, très peu de systèmes d’assainissement, très peu d’eau et très peu d’engrais donc on répond à plein de problématiques. »