Philippe Bihouix est ingénieur de formation et auteur de L’âge des low tech. Il s’intéresse notamment à la question des ressources non renouvelables et des mutations technologiques de nos sociétés industrielles. Et si nos prouesses technologiques et les énergies « vertes » nous condamnaient aussi sûrement que le gaz et le pétrole ?

Commençons par le commencement. Les low tech, qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit d’un mot un peu bizarre. Un anglicisme affreux construit par opposition aux high-tech. En français, on pourrait parler de technologies appropriées, douces, sobres, résilientes…
Aujourd’hui, face aux désordres environnementaux et aux risques sur la disponibilité future des énergies fossiles, on nous présente toute une série de promesses technologiques. Grâce à des millions de chercheurs, d’ingénieurs et de techniciens, les technologies, actuelles ou futures, vont tout arranger. Les énergies « vertes », les voitures électriques et/ou autonomes, les smart cities… Ce sera formidable. Grâce aux high-tech et au numérique, la mobilité, l’habitat, les modes de consommation seront complètement transformés, et leur impact environnemental considérablement réduit.
Pourtant, nous faisons face à un problème de ressources. De ressources non renouvelables — qui ne se reconstituent pas à l’échelle d’une vie humaine — et que l’on pioche dans la croûte terrestre, comme les métaux. Les high-tech font appel à des ressources métalliques de plus en plus importantes, plus rares, de plus en plus difficiles à extraire, qu’il faut aller récupérer dans des mines toujours plus profondes — quand on ne lorgne pas sur le fond des océans ou les astéroïdes. Le risque de pénurie n’est pas immédiat, mais les conséquences environnementales et la consommation énergétique associée sont énormes.

Ces matériaux nous éloignent également de l’économie circulaire dont nous rêvons tant. Théoriquement, ces métaux sont bien recyclables. Mais dans la high-tech ils sont utilisés en quantité très faible, souvent mélangés à d’autres matériaux et dispersés, dans des objets à la technologie de plus en plus complexe : tout cela empêche un recyclage efficace.
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