Usul est vidéaste. Il a commencé à se faire connaître par des vidéos sur les jeux vidéo avant de s’attaquer à la vulgarisation politique. Aujourd’hui, il est éditorialiste pour Médiapart : tous les lundis, « Ouvrez les guillemets » s’attaque à l’actualité et à la politique. Issu de la classe ouvrière, il représente une nouvelle politisation des jeunes par Internet et les réseaux sociaux.
Usul est passé par Bordeaux à l’occasion d’une conférence avec Pierre Carles. À la table d’un petit café, nous nous sommes entretenus avec lui sur la vulgarisation politique, la politisation, la lutte des classes et l’avenir de la contestation en France.
Passionnant, l’entretien a duré plus d’une heure avec Usul. Nous vous le proposons donc en deux parties.

Revue Far Ouest : Youtubeur, vidéaste, vulgarisateur… Vous dites souvent que vous inventez votre métier. Quel est-il alors ?
USUL : « Youtubeur » je n’aime pas. Déjà parce que je faisais des vidéos avant YouTube. C’est une marque. Être « Youtubeur » revient à dire que tu travailles pour cette marque. J’admets que c’est un peu le cas, mais moi je ne travaille pas pour YouTube dans la mesure où je n’ai pas créé mes formats en fonction des contraintes de la plateforme. Je n’ai jamais fait de monétisation, de publicités…
Certains Youtubeurs formatent leurs émissions en fonction de ces contraintes : ils font dix vidéos de cinq minutes plutôt qu’une seule de cinquante minutes où ils lancent une chaîne secondaire. Ils respectent une logique de flux. Ce n’est pas mon cas, je ne suis pas dans cette recherche-là, je ne m’inscris pas vraiment dans le concept de « Youtubeur ».
En réalité, je fais ce que j’ai envie de faire. Quand je réalisais les vidéos « Mes chers contemporains », le cœur de la démarche était la vulgarisation. Bien sûr, il y avait toujours un propos politique derrière, mais je voulais rendre simples des choses qui ont l’air compliquées ; ou en tout cas qu’on essaie de nous rendre compliquées. Par exemple, pour la vidéo sur Bernard Friot c’est quelqu’un qui m’a dit « Son travail a l’air passionnant, mais je n’y comprends rien ». Parfois, il y a besoin de passeurs.
En ce moment, ce n’est pas ce que je fais pour Médiapart. « Ouvrez les Guillemets » est un éditorial politique, engagé et militant. En vidéo, parce que c’est tout ce que je sais faire et que cela fonctionne bien. La vidéo est super puissante, il faut occuper ce terrain-là. Les autres possèdent de grands médias, ils produisent des kilomètres et des kilomètres d’images. Il faut qu’on fasse ça nous aussi. Elles sont bien nos petites revues, nos petits ghettos gauchistes, mais tout cela n’occupe que moyennement le terrain. Surtout auprès des jeunes.
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