Le chemin de l’apaisement au Pays Basque est semé d’embûches. Retour sur le désarmement chaotique de l’ETA.
Une trentaine d’armes de poing, des fusils d’assaut, des fusils mitrailleurs, des produits explosifs, des détonateurs, deux roquettes anti chars. Voilà globalement le butin de l’opération policière menée le 16 décembre 2016 conjointement par des policiers du RAID, la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), et la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Bayonne.
Sur place, la Garde civile espagnole a même — et c’est exceptionnel, franchi la frontière afin de prêter main forte aux forces de l’ordre françaises. Cinq personnes sont interpellées et placées immédiatement en garde à vue. Du côté du ministère de l’Intérieur, on parle immédiatement « d’un coup dur porté à ETA », avec la neutralisation de près de 15 % de l’arsenal militaire de l’organisation.
Pourtant, le succès de cette opération policière est très rapidement remis en cause et l’État français semble perdre du crédit dans cette histoire : ce sont bien des militants pacifistes œuvrant pour le désarmement d’ETA qui ont été transférés au parquet antiterroriste de Paris.
Aiete, ou l’espoir d’un autre futur
Depuis 1959 et la création de l’organisation ETA, les sept provinces basques sont régulièrement placées sous le feu des projecteurs. C’est bien ici, sur ce petit bout de terre coincé entre l’océan Atlantique et les Pyrénées, que s’est joué l’un des derniers conflits armés d’Europe. Le mouvement séparatiste d’obédience marxiste révolutionnaire, qui vu le jour durant les heures sombres du franquisme, traversa les décennies.
La mort de Franco en 1975 ne changea pas la donne, bien au contraire. L’organisation décupla ses attaques contre l’État espagnol, ses représentants, mais également contre des élus basques. L’enlèvement puis l’assassinat de Miguel Angel Blanco, élu basque du Parti populaire espagnol en 1997 vont alors marquer un tournant majeur. Le soutien populaire dont bénéficiait l’organisation à ses débuts continue de se fissurer, et ETA semble changer de stratégie à partir de la fin des années 1990, notamment en déclarant plusieurs trêves.
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Retrouvez cet article dans Revue Far Ouest : Courage.
Qu’ils portent de grandes causes ou qu’ils luttent au quotidien pour leur survie, nous avons voulu vous raconter ces courageux et ces courageuses, qui souvent s’ignorent.