Il a bâti Bordeaux, et pourtant il en est banni. Adrien Marquet est devenu un des plus grands tabous de la ville. Ministre de l’Intérieur sous le régime de Vichy, il a été un des fers de lance de l’ultracollaboration pendant l’Occupation.
Nous avons besoin de 1 000 nouvelles souscriptions pour continuer à exister.
Découvrir nos offres d’abonnementProgramme B est un podcast de Binge Audio : Pour mieux comprendre ce qui se joue dans le monde, Thomas Rozec s’empare d’une question d’actualité et la soumet à celles et ceux qui seront à même d’y répondre. Vingt minutes par jour, cinq jours par semaine, dès 17 heures.
En octobre, Thomas Rozec est passé par la rédaction de Far Ouest pour réaliser en collaboration avec Clémence Postis une série d’épisodes sur Bordeaux et son histoire, baptisée « Bordeaux, passé à recomposer ».
Dans ce deuxième épisode, nous arpentons le Bordeaux de la Seconde Guerre mondiale. L’histoire de Bordeaux a effacé les traces les plus dures de cette période, faisant même oublier que la ville était dans une zone militaire occupée.
Mais le plus grand oublié de cette période est certainement Adrien Marquet. À peine un buste dans la salle du conseil municipal, dissimulé à la vue de tous et toutes. Il a bâti Bordeaux, et pourtant il en est banni.
Adrien Marquet est devenu un des plus grands tabous de la ville. Ministre de l’Intérieur sous le régime de Vichy, il a été un des fers de lance de l’ultracollaboration pendant l’Occupation.
Nous vous avions proposé son histoire en deux parties sur Revue Far Ouest. Programme B, dans sa visite du passé de Bordeaux, a tenu à s’arrêter sur cette figure controversée d’un Bordeaux oublié.
L’arrivée récente d’un maire de gauche, Pierre Hurmic, à la tête de Bordeaux, après des décennies de règne de la droite, rebat les cartes dans la ville. Bordeaux la cossue, Bordeaux le pré carré du gaullisme à l’ancienne, Bordeaux la « belle endormie », tout cela, supposément, appartiendrait au passé.
Le passé, justement, c’est un sujet qui fâche sur les bords de la Garonne. Si la ville se projette désormais vers un avenir différent, il lui faut affronter un épineux sujet : accepter les pages les plus sombres de son histoire. Celles qui mettent en lumière ses préjugés bourgeois, ses errances politiques au XXe siècle, et sa participation active aux crimes effroyables que furent l’esclavage et la colonisation.
Paradoxe à part, c’est cette levée progressive, mais bien réelle du voile jeté jusqu’ici sur ces travers passés qui pourrait bien lui permettre, demain, de s’inventer un nouveau visage.
« Bordeaux, passé à recomposer », c’est une balade en quatre épisodes dans les rues d’une ville où ces histoires sont présentes partout, à condition qu’on accepte de les y regarder. C’est une série de Thomas Rozec et Clémence Postis, réalisée par Mathieu Thèvenon, en partenariat avec la revue Far Ouest.