La plus grande hécatombe du début du XXe siècle n’est pas la Première Guerre mondiale, mais la grippe espagnole. Cependant, lorsque le conflit armé touche à sa fin avec les Alliés remportant toujours plus de terrain, l’heure est à la célébration et non pas à la peur. Les journaux aquitains se veulent alors rassurants au sujet de la maladie. Pourtant, les déplacements militaires la font entrer dans les principaux axes de la région tels que Bordeaux, Angoulême ou Agen…
« La grippe espagnole nous a pris Edmond Rostand et Guillaume Apollinaire qui n’avait que 38 ans ! » s’indigne Alain Paraillous. Il y a deux ans, l’écrivain du Lot-et-Garonne devait faire un compte-rendu semaine après semaine dans le Petit Bleu, journal local d’Agen, de la Guerre 14-18. « Je suis littéraire, alors quand je suis tombé sur ces informations, c’est ce que j’ai retenu de ces semaines. »
Pas question de semer la panique dans la population et les tranchées pour une petite grippe alors que la Première Guerre mondiale touche à sa fin. Malgré son nom qui porte à confusion, la maladie ne vient pas de nos voisins espagnols, mais « les journaux là-bas en parlent librement, puisque l’Espagne est un pays neutre, justifie l’historien Stéphane Barry. Ils évoquent alors l’ »Influenza », tandis que les pays belligérants limitent l’impact de la grippe. »
Sauf que sur une année, cette pandémie cause plus de dégâts que quatre ans dans les tranchées : environ 50 millions de personnes en périssent, contre 18 millions pour le conflit armé. À Bordeaux, 1733 décès lui seraient imputés selon l’historien Pierre Guillaume. Stéphane Calvet, professeur d’histoire à Angoulême, évoque une fourchette qui oscille entre 800 et 1200 morts en Charente.
La première vague dans les tranchées
« Les premiers cas de grippe proprement “espagnole” auraient été pour la première fois signalés dans les tranchées, à Villers-sur-Coudun, entre le 10 et le 20 avril 1918 », rapportait l’historien Pierre Darmon dans son article « Une tragédie dans la tragédie ». La première vague en France arrive donc par le nord.
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