Il a bâti Bordeaux, et pourtant il en est banni. Adrien Marquet est devenu un des plus grands tabous de la ville. Ministre de l’Intérieur sous le régime de Vichy, il a été un des fers de lance de l’ultracollaboration pendant l’Occupation. Dans une histoire en deux parties, découvrez comment un marxiste, douché par la Première Guerre mondiale, s’est tourné vers le fascisme.
Dans cette première partie, de 1912 à 1940, nous allons retracer son parcours politique, de Jean Jaurès à Pétain : il raconte l’Histoire de Bordeaux, mais aussi celle de la France.
Bordeaux, 29 août 1944. Le lourd silence du départ des troupes allemandes a laissé la place à l’effervescence de l’arrivée de la Résistance. Un homme ne participe pas aux célébrations. Il est reclus depuis plusieurs jours dans une maison rue de Landiras. Habillé de son traditionnel costume, il se tient droit devant la fenêtre. Il attend son arrestation pour collaboration.
Cet homme qui fuit les représailles de l’Épuration s’appelle Adrien Marquet. Il est — ou plutôt a été — maire de Bordeaux pendant 19 ans. En 1940, il a placé Pétain à la tête de la France. Bientôt, il sera effacé de l’histoire d’une ville qu’il a bâtie. Sur le point d’être arrêté et écroué au fort du Hâ, dresse-t-il le bilan de sa vie politique ? Comment l’allié de Jean Jaurès est-il devenu celui des nazis ?
Bolchévisme ou gauche institutionnelle
Adrien voit le jour au crépuscule du 19e siècle. Peu de traces de son enfance sont parvenues jusqu’à nous, si ce n’est le secret de polichinelle de sa conception. Cet homme, qui impressionnera plus tard par sa rigueur, est le fils adultérin d’une arracheuse de dents et d’un dentiste.
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