L’été dernier, une société privée, Wavelandes, a annoncé la création d’un complexe aquatique, qui aura pour attraction phare une vague artificielle destinée aux surfeurs amateurs et professionnels. Le projet serait construit à Castets, un village de 2100 habitants, à une vingtaine de kilomètres de la côte landaise et de ses spots réputés. Alors que les élus locaux et la Fédération française de surf semblent valider le projet, pour les associations environnementales et une partie des surfeurs locaux, c’est une hérésie.
Illustrations : Manon Jousse
Le projet a été annoncé en grande pompe, à l’été 2018. Sur une surface totale de 9 hectares, un complexe sportif, avec un bassin à vagues artificielles, qui accueillerait aussi un skate park, des murs d’escalade, des terrains de beach-volley, des salles de yoga, des restaurants et des hébergements. On y promet une vague toutes les 4 secondes, soit 900 vagues à l’heure, dans un bassin de 155 x 155 mètres. Le tout pour un montant d’investissements estimé à 40 millions d’euros et une date d’ouverture au public prévue pour 2020. Avec l’ambition de devenir le Centre de formation de la Fédération française de surf, et le centre d’entraînement de l’équipe de France, à l’approche des Jeux Olympiques de 2020.
Dans sa présentation du projet, la société Wavelandes l’assure : tout l’équipement sera écoresponsable, avec des panneaux photovoltaïques. « Greenwashing », dénonce Didier Tousis. La cinquantaine, cheveux bruns et regard déterminé, le chanteur militant parle franco. Pour ce responsable du collectif NouTous, rédacteur en chef du journal d’opinion indépendant Landemains, « aujourd’hui, il est nécessaire d’organiser la vie, ou plutôt la survie, selon le point de vue de chacun. Utiliser de l’électricité pour fabriquer des vagues est la dernière chose à faire ! C’est absurde. »

« Nous sommes complètement opposés à ce projet qui est une aberration économique et environnementale », confirme Roland Legros, le président de l’association environnementaliste Les Amis de la Terre. L’ancien enseignant, aujourd’hui à la retraite, explique les aspects techniques de l’opposition à la vague artificielle. Pour lui, le projet présente « plein de bizarreries ». « Par exemple, dans un des rares documents que nous avons pu nous procurer, il est expliqué que l’énergie pour créer les vagues nécessite une puissance de 1 kilowatt heure par vague. Soit à peu près la consommation d’une pompe de piscine chez un particulier, ou d’arrosage de jardin… », souligne-t-il, les sourcils froncés derrière ses lunettes.
FAUSSE VAGUE, VRAIS ENJEUX
Se pose également la question de la consommation d’eau. « Là, un énorme problème se pose. Pour remplir et garder à niveau le bassin, de l’eau potable sera utilisée. Nous constatons, avec les documents en notre possession, que l’alimentation en eau du bassin à vagues représente environ 60 % de la consommation d’eau potable actuelle à Castets. La mairie dira le contraire. Elle affirme que 37 000 mètres cubes seulement sont nécessaires pour remplir le bassin, et ce deux fois par an. Mais c’est sans compter sur le phénomène d’évaporation. Il y aura besoin de 120 mètres cubes par jour pour entretenir le niveau du bassin à vagues et assurer les filtrations. » Contacté, le maire de Castets, Philippe Mouhel, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, tout comme les porteurs du projet, la société Wavelandes.
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