La crise du coronavirus a mis en lumière des dizaines de métiers jusqu’alors relativement invisibilisés. Comme si, soudain, le monde prenait conscience de leur importance de leurs acteurs : caissiers, magasiniers, livreurs, aides à domicile (…), une liste presque aussi longue que le confinement. Mais d’autres, bénévoles cette fois, s’inscrivent également dans cette liste des « héros de la pandémie ». Ces hommes et ces femmes, qui se sont relayés jour et nuit auprès des plus vulnérables ont tous quelque chose en commun : un engagement sans faille auprès des autres. Le photographe Alban Dejong est parti à leur rencontre pour Revue Far Ouest.

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KIKO : AU SERVICE DES AUTRES À LA ZONE LIBRE DE CENON
La crise de 2008 a bouleversé le quotidien de millions de personnes. C’est à cette époque que Kiko, alors en Espagne, a choisi la voie du squat. Devenu clown dans le milieu éducatif, il a posé ses bagages à Bordeaux il y a 6 ans. Depuis, il s’est engagé dans l’accompagnement des familles installées dans un ancien Ephad de Cenon, la Zone libre. Un lieu qui rassemble aujourd’hui 300 personnes — dont 115 enfants — et dont la préfète de la Gironde, Fabienne Buccio, a ordonné l’évacuation le 11 juin dernier.

Quand le confinement a débuté, nous nous sommes trouvés face à un manque de bénévoles, principalement à cause de l’impossibilité de se déplacer. Alors je suis devenu un peu le référent sur la Zone libre. Ce fut très compliqué au début : tout d’abord parce qu’il fallait faire prendre conscience aux résidents de la gravité de la situation, mais également parce que l’angoisse de la pénurie alimentaire planait. Nous avons réuni l’ensemble des personnes sur place, nous avons discuté ensemble. Une certaine autonomie s’est de suite mise en place, notamment sur les moments de distribution.
Nous avons mis en place des référents dans chaque bloc, qui devaient faire des bilans des besoins au sein de leur zone. La méfiance s’est progressivement estompée. Il y a évidemment eu quelques tensions, de la peur, mais la solidarité a été plus forte. Médecins du monde sont venus chaque semaine pour mettre en place des contrôles sanitaires.
Ce confinement a été un stage intensif d’apprentissage culturel, de médiation sociale, de tout, en fait. C’est comme un petit village, ici. Le problème, c’est le préjugé, la crainte, que beaucoup nourrissent pour ce lieu. Mais il faut venir voir la réalité. Cela permet de casser les préjugés.
ADELINE : FABRIQUER DES MASQUES, VITE
Metteuse en scène, danseuse et comédienne, Adeline est arrivée à Bordeaux il y a maintenant 12 ans. Danseuse tzigane dans la compagnie Romano Dji, et dirigeante de la compagnie du Réfectoire — un théâtre contemporain destiné à un jeune public — elle a vécu le confinement comme un enfermement ; une situation qui l’a conduite à se tourner vers l’autre.

Plus d’activités. Il y avait un dégagement de temps, teinté d’angoisse. Si le monde des possibles semblait s’ouvrir au début, au bout de quatre jours, cela s’est transformé pour moi en piétinement. C’était cela, la réalité du confinement, quelque chose qui n’était pas naturel. Est venu rapidement le besoin de recréer du lien. Parallèlement, les problématiques liées au manque de masques sont apparues. Dès la première semaine, je faisais déjà des masques, alertée par une amie travaillant dans un centre hospitalier.
Puis certaines personnes ont commencé à discuter sur les réseaux sociaux, à se soutenir, à lancer des appels pour des masques. Savoir quel modèle, quel patron de masque était efficace a été une tâche compliquée, d’autant que tout changeait rapidement.
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