4e volet de notre série contagions chroniques. Nous sommes le 13 avril 2020. Rosa la pharmacienne, Manon la médecin urgentiste, Virginie la gérante d’un bar, Bastien, professeur des écoles — ainsi que les autres personnages de notre feuilleton — sont devant leur poste de télévision. Tou·te·s attendent avec impatience l’allocution présidentielle qui doit débuter d’un instant à l’autre. L’enjeu pour ces hommes et ces femmes ? Obtenir, enfin, des réponses à leurs questions.

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Cette journée du 13 avril a été infiniment longue. Il est 20 h. Près de 36 millions de personnes — c’est un nouveau record — trépignent, suspendues aux lèvres du Président de la République. Alors que la France navigue à vue depuis désormais un mois, chacun attend de puiser dans le discours présidentiel des informations, de l’espoir, un horizon auxquels se raccrocher.
Le ton de l’allocution est bien différent des dernières : alors que la fatigue, l’anxiété et parfois la colère rongent les foyers, Emmanuel Macron semble s’engager dans une opération de communication, versant tour à tour dans l’émotion, l’empathie, mais également la gratitude vis-à-vis des Français qui ont fait que « l’épidémie commence à marquer le pas ». « Les résultats sont là. Plusieurs régions ont pu être épargnées, depuis quelques jours les entrées en réanimation diminuent, l’espoir renait. (…) L’espoir renait, oui, mais rien n’est acquis. Le confinement le plus strict doit encore se poursuivre jusqu’au lundi 11 mai. »
La date est lâchée. Elle a l’effet d’un coup de tonnerre, provoquant chez nombre d’entre nous des sentiments contradictoires : ce 11 mai est un cap vital pour garder l’espoir, bien que le chemin qui y mène semble définitivement interminable.

Les éléments de langage de ce discours présidentiel de près de 30 minutes en disent long sur les turbulences qui secouent l’exécutif français, plongé au cœur d’une crise qu’il ne semble pas ou peu maitriser. Politiquement, l’annonce de ce déconfinement progressif à venir vient à point nommé, redonnant au Président un semblant de contrôle sur une situation jusqu’alors bien volatile.
Espoirs et peurs
L’exercice le plus insolite que nous ayons eu à mener depuis des décennies n’en est donc qu’à mi-parcours. Rosa, depuis sa pharmacie, l’avoue sans détour. Elle est abattue : « J’ai envie de pleurer, je ne m’attendais pas à ce que nous devions rester confinés un mois de plus. Même si je n’étais pas bien optimiste quant à un hypothétique déconfinement, cette annonce a l’effet d’un coup de massue », explique-t-elle.
Au CHU de Bordeaux, Manon, notre médecin-urgentiste s’estime rassurée : « Je suis un peu soulagée que le confinement se prolonge, je l’avoue. Mais, pour la suite, je ne sais pas trop quoi en penser. »
Dans son esprit, comme dans celui de l’ensemble du personnel soignant, l’épouvantail d’une « deuxième vague » est omniprésent, alors même qu’ils ont réussi à contenir la première de justesse : « Aujourd’hui, je ressens plus de peur que d’enthousiasme. Même si je suis anxieuse, je sais qu’il nous faudra aller de l’avant, c’est une question de survie pour beaucoup de Français, en particulier pour ceux qui travaillent dans de petites entreprises et de petits commerces », explique-t-elle.
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