« Eux c’est nous. » 146 personnes, dont des membres de l’association altermondialiste Bizi et le député européen José Bové ont voulu prendre la place des migrants du centre de rétention d’Hendaye. Parce que la France a toujours été un pays d’immigration et d’émigration. Retour sur une journée de mobilisation qui défendait la prise de conscience de notre responsabilité et l’éveil des mentalités.
« Eux c’est nous. » Le slogan de la nouvelle campagne d’action de Bizi, l’association altermondialiste basque, peut sembler simpliste à première vue. Derrière ce « eux », ceux que l’on appelle migrants et qui arrivent chaque jour, « chez nous ». Un « eux » lointain, à l’image du regard que « nous » portons sur ces hommes, femmes et enfants, qui tentent, par tous les moyens, de rejoindre l’Europe. Pour Bizi, « Eux c’est nous », c’est un rapprochement entre notre société occidentale et « le reste du monde », parfois distants dans nos esprits, alors que nous, l’Europe, avons été les migrants d’hier et seront peut-être ceux de demain.
Pour Bizi, « Eux c’est nous », c’est aussi dire que « nous » sommes en partie responsables de « leur » exil, et que nous devons en assumer les conséquences. Un slogan qui a pris tout son sens, ce 3 avril au matin, lors d’une action organisée par l’association lors de la réouverture du centre de rétention d’Hendaye : la remise d’une liste de 146 personnes prêtes à prendre la place des personnes retenues, pour que concrètement, « nous soyons eux ».
Prendre la place des migrants
Le rendez-vous est donné à 9 heures, à deux rues du centre de rétention administrative d’Hendaye. Difficile de ne pas se douter que quelque chose se trame : des dizaines de camions de CRS bloquent l’accès au CRA, niché dans un angle, au fond d’une rue. Les membres de Bizi sont presque 80 au rendez-vous, pas perturbés par la présence policière et visiblement habitués à un tel accueil. Certains CRS et altermondialistes se saluent même poliment, signe que l’ambiance est plutôt bon enfant. « Ça fait toujours drôle de voir qu’on a ce genre de comité d’accueil quand on fait une action, lance Lucie de Bizi. Mais nous on a de la chance, on sait que normalement on ne finira pas derrière les barreaux, contrairement à d’autres qui peuvent y aller pour moins que ça ». Le ton est donné.
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