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Jeudi 12 mars 2020
par Clémence POSTIS
Clémence POSTIS
Journaliste pluri-média Clémence a pigé pour des médias comme NEON Magazine, Ulyces, Le Monde ou encore L'Avis des Bulles. Elle est également podcasteuse culture pour Radiokawa et auteure pour Third Éditions.

Il a bâti Bordeaux, et pourtant il en est banni. Adrien Marquet est devenu un des plus grands tabous de la ville. Ministre de l’Intérieur sous le régime de Vichy, il a été un des fers de lance de l’ultracollaboration pendant l’Occupation. Dans une histoire en deux parties, découvrez comment un marxiste, douché par la Première Guerre mondiale, s’est tourné vers le fascisme.

Dans cette première partie, de 1912 à 1940, nous allons retracer son parcours politique, de Jean Jaurès à Pétain : il raconte l’Histoire de Bordeaux, mais aussi celle de la France.

Bordeaux, 29 août 1944. Le lourd silence du départ des troupes allemandes a laissé la place à l’effervescence de l’arrivée de la Résistance. Un homme ne participe pas aux célébrations. Il est reclus depuis plusieurs jours dans une maison rue de Landiras. Habillé de son traditionnel costume, il se tient droit devant la fenêtre. Il attend son arrestation pour collaboration.

Cet homme qui fuit les représailles de l’Épuration s’appelle Adrien Marquet. Il est — ou plutôt a été — maire de Bordeaux pendant 19 ans. En 1940, il a placé Pétain à la tête de la France. Bientôt, il sera effacé de l’histoire d’une ville qu’il a bâtie. Sur le point d’être arrêté et écroué au fort du Hâ, dresse-t-il le bilan de sa vie politique ? Comment l’allié de Jean Jaurès est-il devenu celui des nazis ?

Bolchévisme ou gauche institutionnelle

Adrien voit le jour au crépuscule du 19e siècle. Peu de traces de son enfance sont parvenues jusqu’à nous, si ce n’est le secret de polichinelle de sa conception. Cet homme, qui impressionnera plus tard par sa rigueur, est le fils adultérin d’une arracheuse de dents et d’un dentiste.

Il faut attendre le début des années 1900 pour entendre parler d’Adrien. Pendant ses études à l’école dentaire libre de la rue Sainte-Catherine, il fréquente les milieux anarchistes et révolutionnaires. La dentisterie ne passionne pas vraiment ce jeune garçon épris de justice sociale. Il ne vibre que pour la politique. À tout juste 19 ans, il rejoint le Parti socialiste français de Jean Jaurès et milite dans des actions violentes.

Les rues de Bordeaux alors que les calèches, voitures anciennes et tramways cohabitent, vers la place de la Bourse.
Dans le Bordeaux que connaît Adrien, tramways, voitures et chevaux cohabitent dans les rues — Source : Wikimedia

À 21 ans, tout pétri des idéaux du marxisme, il adhère à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). Il y noue une amitié sans failles avec Calixte Camelle. De vingt-et-un ans son aîné, il devient le mentor d’Adrien. Premier homme de la gauche girondine, il l’aide à grimper tous les échelons. À 28 ans, Adrien devient conseiller municipal de Bordeaux en 1912.

Adrien Marquet est un pacifiste forcené et un admirateur de Jean Jaurès. Mais que représente la fougue de la jeunesse face à la folie de l’Histoire ? En 1914, Jaurès meurt assassiné et l’Europe est entraînée dans la boucherie de la Première Guerre mondiale. À tout juste 30 ans, Adrien est mobilisé en tant que dentiste militaire sur le front d’août 1914 à avril 1919.

Que serait devenu cet ardent défenseur du prolétariat sans la Grande Guerre ? Aurait-il rejoint le Parti communiste ? Ses choix en 1940 auraient-ils été différents ? Nul ne peut le savoir. Il est sûr en revanche que le conflit a douché certaines de ses aspirations. Lors de son procès pour collaboration en 1947, il déclare avoir été fidèle aux idéaux du marxisme jusqu’à la Guerre : « Nous rêvions de l’organisation du prolétariat, de la paix universelle, mais la guerre de 14 est tombée sur nos rêves… »

À son retour, Adrien et toute la gauche découvrent un nouvel adversaire politique de taille : les bolchéviques. « À cette époque, soit on devenait bolchévique, soit on changeait de philosophie », explique Hubert Bonin, professeur d’histoire économique et auteur de Adrien Marquet : les dérives d’une ambition. Cette peur des communistes va constituer une pierre angulaire de l’évolution idéologique d’Adrien.

Il se rêve en Tourny du 20e siècle et veut devenir le symbole du socialisme municipal.

Il va devoir choisir son camp plus vite que prévu : son mentor Calixte Camelle meurt des suites d’une longue maladie à tout juste 60 ans. « Adrien Marquet est devenu le leader de la Gauche en Gironde et a dû se positionner. Il a opté pour le socialisme institutionnel. »

Le maire-bâtisseur

« Marquet a une philosophie réformiste et volontariste. Il souhaite une gauche de gestion pour accéder au pouvoir. » Pendant sa campagne pour les municipales de 1925, il séduit autant les ouvriers que les employés des classes moyennes. Il est élu maire par une ville touchée par la crise de 1929 et en retard au niveau des infrastructures et de l’éducation.

En 1930, il lance « le plan Marquet » : un grand plan de construction et de modernisation de la ville, avant tout pour lutter contre le chômage. Il se rêve en Tourny du 20e siècle et veut devenir le symbole du socialisme municipal. « Il était réellement un homme de gauche », note le professeur Bonin.

L’empreinte indélébile de Marquet sur Bordeaux ne passe pas que par les rénovations et l’amélioration des installations. Il renomme les voies de Bordeaux d’après des héros du socialisme comme Édouard Vaillant, Jules Guesde et Jean Jaurès. Il lance surtout la construction du stade Lescure, de la piscine Judaïque ou encore la Bourse du travail. Ces bâtiments peuvent refléter la dérive de son orientation politique.

Carte postale de la Bourse du Travail de Bordeaux, en 1940, offerte par Adrien Marquet à la CGT.
La bourse du travail est le « cadeau » d’Adrien Marquet à la CGT. Même si elle finira réquisitionnée par les Allemands en 1940… — Source : Wikimedia

Comme tous les régimes autoritaires de l’entre-deux-guerres, le maire de Bordeaux favorise l’art figuratif, le réalisme et la tradition. Il choisit un style néo-classique, rejetant toutes les révolutions picturales du début du 20e siècle. Grâce à l’architecte royaliste Jacques D’Welles, modernité et classicisme se côtoient dans ces nouveaux édifices municipaux. L’époque où Adrien participait à des manifestations d’anarchiste est bel et bien révolue.

À la bourse du travail, le choix des citations qui surplombent les fresques semble prémonitoire quant à la suite de son parcours politique : « Nous avons donc passé des siècles à ergoter sur les droits de l’homme sans songer à reconnaitre le plus essentiel : celui du travail sans lequel les autres ne sont rien. »

Ordre, autorité et nation

Pendant ce temps, les démocraties d’Europe se cherchent. Le communisme de Staline, le nazisme d’Hitler, le fascisme de Mussolini… Adrien Marquet cultive une certaine fascination pour ce dernier. Hubert Bonin remet dans son contexte : « Mussolini a sauvé l’emploi. Il a nationalisé les banques et les entreprises, a développé les campagnes… » Il a ainsi impressionné beaucoup de Français pendant quelques années. « Un certain nombre de gens de gauche étaient séduits par ce pouvoir fort et en même temps populiste. Et surtout : anticommuniste. »

Les communistes continuent de bousculer les socialistes dans les urnes. En retour, Adrien Marquet glisse de plus en plus à la droite du SFIO. « Le mussolinisme apparaît à Marquet comme un élargissement des pouvoirs dont il dispose. » Il apprécie sa fermeté, qu’il assimile à de la rigueur. « L’ambition surgit dans sa psychologie. Il se sent capable d’exercer des responsabilités plus élevées. »

Au Congrès du SFIO en juillet 1933, il développe une idée qui lui est chère : « ordre, autorité et nation ». Il affirme qu’un commandement ferme doit s’appliquer aux actions socialistes « pour que les masses populaires nous suivent. » À Léon Blum qui se dit épouvanté d’un tel discours, il rétorque que la montée des nationalismes et des pouvoirs forts est un fait qui s’impose à l’histoire.

Photographie en noir et blanc de Léon Blum, assis à son bureau.
Léon Blum rejette en bloc la nouvelle philosophie politique d’Adrien Marquet — Source : Wikimedia

« Il pense qu’il représente le courant du modernisme, explique le professeur Bonin. Il est guidé par l’ambition démesurée d’être ministre et refuse le Front populaire de Blum. » Adrien Marquet veut réformer la doctrine du socialisme, l’expurger du marxisme qu’il a complètement renié. Il lui préfère « l’efficacité » du fascisme. La SFIO l’exclut quelques mois plus tard, ce qui ne l’empêche pas de devenir enfin ministre du Travail en 1934.

Cette nomination lui permet de fréquenter Pierre Laval aux Affaires étrangères et un certain Philippe Pétain au ministère de la Guerre. Des contacts déterminants pour son avenir. Mais l’aventure est brève : à peine un an après, le gouvernement de Gaston Doumergue tombe et Adrien Marquet avec.

De retour à Bordeaux, il doit immédiatement se jeter dans la course aux municipales. Ses anciens alliés socialistes le qualifient maintenant de fasciste et placent un candidat face à lui. « Il glisse à droite, certainement, concède le professeur Bonin. Mais cela reste fragile : il a perdu ses connexions de gauche, mais ne dispose pas de bonnes relations à droite. »

Les frustrations de 1940

Marquet parvient tout de même à se faire réélire en 1935. Il garde le soutien des ouvriers qui, loin des alliances politiques, le voient comme « le bâtisseur ». Quelle meilleure carte de visite que toutes ces constructions qui sortent de terre ? Les inaugurations s’enchaînent et démontrent au citoyen le bon usage des fonds publics.

Adrien Marquet a 56 ans, presque l’âge auquel son mentor Calixte Camelle est mort. Il amorce cette nouvelle décennie sans bénédiction ni à droite ni à gauche, et sans avoir eu la carrière parisienne à laquelle il aspirait. Selon Hubert Bonin, il est frustré : « Dispose-t-il d’une reconnaissance suffisante pour ses derniers succès électoraux face à la Gauche ? » Marquet a de l’ambition, mais pas de quoi la satisfaire.

Adrien Marquet ne comprend pas qu’il n’est qu’un outil.

En 1939, la France et l’Allemagne entrent en conflit. Si Mussolini a pu influencer Adrien Marquet, son rapport avec le nazisme est plus ambigu selon Hubert Bonin : « S’il a été fasciné, il l’a été dans le cadre d’une géopolitique européenne. »

La France ne fait pas le poids face aux troupes allemandes qui marchent sur Paris. Le 14 juin 1940, le gouvernement en fuite trouve refuge à Bordeaux. L’occasion pour Adrien Marquet de retrouver Pierre Laval et Philippe Pétain. Et les manigances commencent à l’Hôtel de Ville. L’enjeu est de taille : l’armistice ou la guerre ? Adrien Marquet se rapproche de Pierre Laval, qu’il sent influent. Ils combinent pour mener Pétain au pouvoir. À force d’intrigues, de dépit et surtout de défaites militaires, le président du conseil Paul Reynaud démissionne le 16 juin.

Sans surprises, le nouveau chef du gouvernement est Philippe Pétain. Ce dernier réclame la fin d’un combat inutile. Le 17 juin 1940, l’heure est au choix. Adrien Marquet choisit Pétain et la collaboration ; le général de Gaulle file jusqu’à l’aéroport de Mérignac et s’envole vers Londres.

Quelques jours plus tard, le 22 juin, l’armistice est signé. Le lendemain, la récompense tant attendue est accordée : Marquet devient ministre de l’Intérieur. Mais les intrigues ne sont pas finies : « Marquet est l’un des suppôts de Laval pour convaincre les députés de gauche de voter les pleins pouvoirs à Pétain », explique le professeur Bonin.

Philippe Pétain et Adrien Marquet, lorsqu’ils étaient tous deux ministres en 1934.
Philippe Pétain et Adrien Marquet, lorsqu’ils étaient tous deux ministres en 1934 — Source : Wikimedia

Pétain et Laval se savent peu populaires auprès du centre et du centre gauche. « Marquet n’est plus intégré à la SFIO, mais il a gardé beaucoup d’amitiés à gauche. » Il se retrouve à militer auprès de ses anciens amis pour que le Maréchal devienne le chef de l’État. « Beaucoup de socialistes ont rallié Vichy par pacifisme. » Persuadé d’avoir enfin acquis l’importance qu’il mérite, Adrien Marquet ne comprend pas qu’il n’est qu’un outil.

Le 10 juillet 1940, moins d’un mois après son arrivée Bordeaux, Philippe Pétain reçoit les pleins pouvoirs constituants à la suite du vote de l’Assemblée nationale. Aurait-il atteint cet objectif sans Marquet ? Le professeur Bonin répond avec mesure : « Il contribue à ce que les 80 voix qui s’y opposent ne soient que 80. »

Artisan de Vichy

Adrien Marquet donne le ton de sa nouvelle fonction dans une déclaration pour le journal Le Progrès : « Ce n’est pas la France qui a été vaincue, c’est un régime de facilité, d’opportunisme et de faiblesse qui s’est effondré. » Hubert Bonin explique que Marquet a joué un rôle clé d’intimidation des parlementaires désormais réunis à Vichy. « Il rassemble sur Vichy des forces de l’ordre et fait régner une atmosphère de menace d’arrestations éventuelles. »

Marquet prend en main les préfectures et y installe des militaires fidèles au maréchal Pétain. Il n’a de cesse de le répéter : l’ordre nouveau est en marche. Il écrit aux préfets : « il faut changer un esprit, des méthodes, des hommes. Rien ne ressemble à ce que vous avez connu dans votre carrière. Ceux qui n’ont ni le goût ni la volonté d’entreprendre, avec le sens d’une responsabilité accrue, ne sont plus à leur place dans l’administration de la nation. »

Photographie en noir et blanc du cabinet ministériel de Pétain en 1940. À la droite de Pétain : Marquet et Laval.
Le cabinet ministériel de Pétain en 1940. À la droite de Pétain : Marquet et Laval — Source : Wikimedia

Il participe aux premières mesures de Vichy contre les non-pétainistes. « Il va laisser faire les poursuites à l’encontre de Léon Blum, son ancien camarade de la SFIO », s’étonne Hubert Bonin. Il voit ici les premières dérives de l’ambition frustrée de Marquet : « Il devient ministre d’un gouvernement qui se débarrasse du pouvoir parlementaire. » Pour le professeur, sa philosophie politique évolue, et sa philosophie personnelle se durcit autour de la notion d’ambition et de consécration. « Ministre de l’Intérieur héritier du socialisme, avec un premier adjoint à la mairie juif, il signe des lois et des décrets antisémites. Au mieux, il est pétri de contradictions ; au pire, son ambition l’aveugle. »

Le maire de Bordeaux a réalisé son vœu le plus cher : il est ministre. Mais cela ne durera pas, et très vite il devra rejoindre Bordeaux. Loin de Pétain, il s’enfoncera pourtant toujours plus dans la collaboration. Quel sera le destin de cet homme effacé des tablettes de l’Histoire ? La suite dans la deuxième partie de ce récit.

Clémence POSTIS
Journaliste pluri-média Clémence a pigé pour des médias comme NEON Magazine, Ulyces, Le Monde ou encore L'Avis des Bulles. Elle est également podcasteuse culture pour Radiokawa et auteure pour Third Éditions.
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