Deux ans après la COP21, le réchauffement climatique ne ralentit pas. Mais à quoi ressemblera notre région, la Nouvelle-Aquitaine, avec 2° de plus ? Petite mise en contexte de notre nouveau feuilleton d’anticipation.
La 21e conférence de l’ONU sur le climat se terminait il y a tout juste deux ans sur un enthousiasme tiède. Mais un enthousiasme quand même. Laurent Fabius, en frappant la fin des négociations de son marteau de président de la COP21, a su afficher officiellement la marche à suivre. Depuis, Trump est passé par ici. En retirant les États-Unis de l’accord de Paris, il a mis plus qu’à mal la tenue des objectifs de l’accord de Paris.
À Paris, un mini sommet de plus
Le 1er juin 2017, le Président Macron n’a mis que deux heures pour se positionner alors comme une figure internationale de l’action climat, avec cette désormais fameuse déclaration, « make our planet great again ».
Dans les allées de la COP23, qui se tenait il y a un mois à Bonn, en Allemagne, le stand français de la zone verte était le plus photographié grâce à son slogan magique (photo ci-dessous). Dans les allées les participants ont l’impression de voir Beyoncé arriver : « Emmanuel Macron a mis 45 minutes pour traverser l’espace ouvert des négociations, nombre d’acteurs étrangers l’attendaient pour faire des selfies et le remercier », témoigne un représentant d’ONG français.
« Il était attendu comme une rock-star » confie un autre observateur, narrant un retard d’une heure trente à un rendez-vous prévu avec les ONG. « Il y a toujours une différence de perception entre l’international et ce que les ONG savent au niveau national » relativise une autre observatrice, « en ce sens on peut le comparer à Justin Trudeau et l’aura dont il bénéficiait à l’international pendant un temps ». Clairement, tous estiment que Macron occupe un vide ouvert par Trump à l’international.
Les médias ne manquent pas de le remarquer : en agissant ainsi, le président français se positionne comme un héraut de l’action climatique, il essaye de se poser comme une figure mondiale de l’écologie.
la France est loin d’être le bon élève en termes de financements pour aider les plus pauvres à faire face au défi climatique
Les ONG, surtout en France, vont de fait être très attentives aux annonces faites ce mardi 12 décembre 2017 sur les questions de financement, sujet majeur du One Planet Summit qui se déroule sur l’île Séguin, à Boulogne Billancourt. Armelle Lecomte, chez Oxfam, regrette qu’il n’y ait pas plus de concret : « la France est loin d’être le bon élève en termes de financements pour aider les plus pauvres à faire face au défi climatique. La taxe sur les transactions financières devait être élargie en prenant en compte ce qu’on appelle les transactions intrajournalières sur une journée et de type spéculatif, mais le Premier ministre est revenu sur cette décision pour des raisons de compétitivité, ce qui représente une perte de 2 à 4 milliards de fonds » affirme la jeune femme, pour qui Emmanuel Macron souffle le chaud et le froid. Ces deux articles de Basta (ici et là) donnent également cette sensation et invitent à réfléchir sur les efforts qui restent à faire…
Et en Nouvelle-Aquitaine alors ?
En attendant, à quelle sauce allons-nous être cuits en Nouvelle-Aquitaine ? Concrètement, quels seront les impacts du changement climatique dans notre région ?
Pour le savoir, il suffit de consulter l’excellent travail mené par les 22 scientifiques qui ont participé au Comité régional sur le changement climatique en Nouvelle-Aquitaine (ACCLIMATERRA). Ses dix chapitres passent en revue les évolutions du climat, les enjeux sociétaux, économiques, l’avenir de la forêt, de l’agriculture… Voyez plutôt :
Chapitre 1 – Du climat global au climat régional
Chapitre 2 — Du climat passé au climat du futur
Chapitre 3 — Enjeux sociétaux : vulnérabilités face au changement climatique
Chapitre 4 — Enjeux économiques : évaluation des impacts du changement climatique
Chapitre 5 — Agriculture et forêts
Chapitre 6 — Estuaires et domaine côtier : Modification du littoral, Biodiversité marine et Ressources exploitées par la pêche et l’ostréiculture
Chapitre 7 – La montagne
Chapitre 8 – L’air et l’eau : Qualité de l’air, Qualité de l’eau, Disponibilité des eaux de surface et Disponibilité des eaux souterraines
Chapitre 9 — Risques sanitaires
Chapitre 10 — Bilan de l’étude : enjeux, questionnements et recommandations
Mais comment rendre compte de ces évolutions ? Comment expliquer ce qui peut advenir ? Faut-il être alarmiste, vous partager les chiffres inquiétants et dresser un tableau sombre de l’avenir ? Dans quelle mesure rassurer ? Tout en étant factuel sur les risques, comment imaginer la région en 2050 ?
C’est ce travail que nous voulions mener à l’occasion de ce sommet qui se tient aujourd’hui à Paris : vous offrir un récit de fiction sous forme de cartes postales du futur. L’idée est de nous projeter ensemble dans un avenir possible afin de stimuler notre façon de voir (ou non) le monde qui nous environne.
Pour cette série, nous avons fait appel à deux femmes :
L’auteure, Eve Gabrielle Demange, est romancière, plume spécialisée en écriture créative pour le web @Plume Interactive, inspirée par les arbres, les humains et l’avenir. Elle a longtemps hésité sur l’angle à adopter : être alarmiste avec un tableau sombre de votre région en 2050… ? Être plus optimiste tout en nuançant certaines réalités pour illustrer les zones de résilience ? Son approche, nourrie d’entretiens avec le climatologue Hervé le Treut, qui a relu ses écrits, saura, on l’espère, nourrir votre réflexion.
L’illustratrice, Camille Piantanida, habite dans le Médoc. Principalement éditée chez des éditeurs bordelais, dont Mollat, cette auteure et illustratrice est la célèbre maman de « Macaron et Canelé », ces deux petits chats qui parlent de Bordeaux, de patrimoine, d’écologie, de viticulture, de mobilité… Des sujets assez proches finalement de ceux abordés dans la revue Far Ouest !
Chaque carte illustre un phénomène lié aux effets du changement climatique… Bon voyage dans le futur !
Carte de Bordeaux, 12 août 2050,
ou comment éviter le danger des vagues de chaleur en ville.
Carte de Blaye, la cité engloutie, 14 août 2050,
ou le danger des inondations fréquentes des terres situées dans l’estuaire et de la centrale nucléaire du Blayais.
Carte du Bassin d’Arcachon, 18 août 2050,
ou les conséquences du réchauffement et de la pollution des eaux dans le bassin.
Carte des Pyrénées, 21 août 2050,
ou la nécessité de proposer d’autres activités que le ski pour gérer la baisse de l’enneigement.
Le cru normand de Saint-Émilion
ou comment faire du vin avec « quelques » degrés de plus.