Adrien Marquet, maire de Bordeaux, a accueilli une république en fuite et moribonde pour la transformer en la France de Vichy. Il n’obtiendra pas la reconnaissance attendue de Pétain, mais entretiendra des liens étroits avec les dignitaires nazis. De son ultracollaboration à son retour en politique, en passant par son arrestation et son procès, découvrez la fin de sa vie. Une vie que Bordeaux a préféré oublier…
Adrien Marquet. Une figure emblématique de la première moitié du 20e siècle en Gironde. Pourtant, nous l’avons tous oublié. Il a été effacé avec soins de l’histoire d’une ville qu’il a bâtie et dirigé pendant 19 ans.
Jeune marxiste fougueux, ses idéaux pour la défense du prolétariat n’ont pas tous survécu à la Première Guerre mondiale. Élu et réélu maire de Bordeaux, il a petit à petit glissé vers le fascisme. Jusqu’à devenir l’artisan des pleins pouvoirs de Pétain en 1940.
Alors que nous reprenons le fil de cette histoire, Marquet est ministre de l’Intérieur sous le régime de Vichy. Un poste correspondant enfin à la grandeur qu’il estime avoir ! Pour le professeur Hubert Bonin, auteur de Adrien Marquet : les dérives d’une ambition, il est absorbé par son arrivisme.

Il l’aveugle tant qu’il n’a pas compris que Pierre Laval et Philippe Pétain le manipulent. En septembre, à peine un été après sa nomination au gouvernement, Marquet est exclu par un nouveau remaniement. « Cela montre bien que même au sein de Vichy, cet homme issu de la gauche ne représente rien aux yeux de Pétain », analyse Hubert Bonin. Selon lui, le maréchal a instrumentalisé Adrien Marquet. Il a utilisé ses soutiens pour arriver au pouvoir et son talent de planificateur pour lancer ses réformes. « Dès que Pétain a pu s’en débarrasser, il l’a fait. »
Complice des nazis
Marquet quitte Paris en colère, mais avant les grandes lois de déportations des juifs et des opposants. Ce renvoi qu’il juge humiliant le sauve de la condamnation à mort à la Libération, contrairement à Pierre Laval.
De retour à Bordeaux, il met en place ce qu’il appelle une gauche collaborationniste. Hubert Bonin est dur : « Il est un peu pitoyable. Il devient la marionnette des évènements et révèle son manque de stature sur le long terme. » Il choisit de s’allier avec les Allemands, car, en tant qu’homme de gauche, il se pense plus à même d’amener les classes populaires à la collaboration. Et ainsi leur éviter de rejoindre la Résistance…
« Il est confronté à une occupation allemande qui n’est jamais modérée, qui plus est dans une zone militaire. » Les camps d’internements de Mérignac et Bacalan sont déjà en place lorsqu’il revient en septembre 1940. À celui de Souge, aux portes de l’agglomération, près de 300 opposants au régime sont fusillés de 1940 à 1944. « À Bordeaux, l’armée allemande a pu compter sur l’appui d’une police très forte et très engagée dans la lutte contre les résistants. »
Cet article est réservé aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter
Nous avons besoin de 1 000 nouvelles souscriptions pour continuer à exister.
Découvrir nos offres d’abonnement