À Bordeaux, la base sous-marine est l’une des seules traces encore visibles de la Seconde Guerre mondiale. Si ce lieu est aujourd’hui synonyme de manifestations artistiques, il renferme toujours secrets et souffrances. En particulier celles de milliers de réfugiés républicains espagnols qui, après avoir fui le franquisme de l’autre côté des Pyrénées, ont été livrés par le régime de Vichy à l’occupant allemand et condamnés aux travaux forcés.
Le 17 juillet 1936, le Général Francisco Franco lançait en Espagne un coup d’État militaire afin de faire chuter le gouvernement républicain démocratiquement élu cinq mois plus tôt. Les républicains s’étaient juré de triompher. Mais voilà : face à un ennemi sanguinaire, déterminé, suréquipé, et aidé dans sa besogne par ses alliés fascistes italiens et allemands, la partie semblait bien inégale.
Ces trois ans de guerre d’Espagne — 1936-1939 —, en plus d’avoir brisé les aspirations démocratiques et libertaires portées par une partie du peuple espagnol, ont jeté des milliers de familles sur les routes de l’exil. La prise de Barcelone en janvier 1939, quatrième étape d’un drame humanitaire terrifiant, allait provoquer l’arrivée en France d’un demi-million de réfugiés, pour ce qui reste encore aujourd’hui l’exode le plus considérable jamais produit à une frontière française.
Ces hommes et ces femmes, qui pensaient avoir survécu au pire, n’étaient pas au bout de leurs malheurs. L’atmosphère en Europe est pesante. En France, également. Alors qu’à partir de 1936, le Front populaire avait imposé plus tôt un accueil solidaire des réfugiés en provenance d’Espagne, les tout derniers gouvernements de la IIIe République avaient fait machine arrière. Les décrets-lois « Daladier » ont été mis en place.
Nous sommes en 1938, et l’État français parle d’assignations à résidence pour les réfugiés, de triage entre la « partie saine et laborieuse de la population étrangère et les indésirables », de centres d’internements…
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