Tirer à l’arc n’est déjà pas à la portée de tout le monde. Mais tirer à l’arc sur un cheval au galop ? Ce sport, périlleux, est pourtant en plein essor dans la région.
Appelée “archerie montée”, cette discipline vieille de 4 000 ans est inspirée de traditions asiatiques ancestrales : à l’origine, elle servait à chasser, à protéger les troupeaux et à se battre. De Gengis Khan aux Indiens des plaines d’Amérique du Nord, les cavaliers étaient présents dans le monde entier.
Popex se rend à la finale de la Coupe des Nations, sur le domaine de Gauchoux, à Peyrat-de-Bellac (Haute-Vienne), à la rencontre des cavaliers. Notre journaliste a rendez-vous avec Alan Le Gall, organisateur de l’Open de Gauchoux, une compétition qui accueille des archers des quatre coins du monde.
Un sujet PopEx (France 3 Nouvelle-Aquitaine), incarné par Alexia Gallesio.
C’est quoi, ce sport ?
Tout est dans le nom ! Le tir à l’arc à cheval, ce sont des archers qui visent des cibles, les unes après les autres, tout en étant sur un cheval au galop.
Et il vient d’où, ce sport ? Parce que ça ressemble plus à une tradition des steppes d’Asie que de Nouvelle-Aquitaine…
Ça vient effectivement des steppes d’Asie centrale. À l’origine, c’est un art martial qui nous vient des Huns, et de l’empire mongole de Gengis Khan.
Le tir à l’arc à cheval s’est développé pendant des siècles, et s’est étendu à de nombreux empires : c’était l’arme de prédilection des Ottomans, des Mongoles, des Perses… Puis, cette technique de chasse s’est arrêtée à la fin du XIXe siècle, au profit des armes à feu.
Elle est réapparue au XXe, mais cette fois sous forme de sport, sous l’impulsion des Coréens. Le tir à l’arc à cheval à fait son entrée sur les circuits universitaires, avant d’être inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.
Et comment ce sport est-il arrivé jusqu’ici, en France ?
Jusqu’à il y a quelques années, ce sport n’était pas très connu chez nous, car loin de notre culture. Mais au Moyen-Orient par exemple, c’est très répandu.
C’est un Hongrois qui a structuré et mis en place des méthodes de tir à l’arc à cheval, et importé la discipline en Europe. La structuration est récente, mais très vite, ça a pris de l’ampleur : en 2015, il n’y avait qu’une dizaine de pays qui pratiquaient. Aujourd’hui, on est à plus de 60 pays, et tous les mois, de nouveaux pays participent aux compétitions.
Et il y a des coupes du monde de tir à l’arc à cheval ?
Oui ! Les premiers championnats du monde ont eu lieu en 2018. Aujourd’hui, la compétition est structurée, avec un championnat d’Europe et un championnat du monde tous les deux ans. Cette année, nous irons d’ailleurs en Mongolie pour le mondial.
Il y a plusieurs types d’épreuves, en fonction de deux types de points : les points en cible, c’est-à-dire le nombre de flèches qui atteignent la cible, et les points en chronomètre.
Il faut des chevaux zen pour le tir à l’arc, car on n’a pas les rennes. Il faut être en communication avec nos jambes, notamment. Il faut des chevaux bien équilibrés, qui ont de l’espace pour vivre. C’est cohérent ici, nos chevaux vivent au pré toute l’année et ont de l’espace pour se défouler.
Il y a de nombreux archers venus pour concourir aujourd’hui… Votre compétition est reconnue dans le milieu ? Elle existe depuis longtemps ?
On a pris le virage du tir à l’arc en 2014. En 2015, nous avons organisé notre premier Open international, ici au domaine de Gauchoux. Au début, il n’y avait que peu de participants, mais ça a pris énormément d’ampleur en peu de temps. Aujourd’hui, on a plus d’une centaine d’archers venus de 23 nations. Des gens viennent de loin pour la plupart : Afrique du Sud, Kazakhstan, Kirghizistan, Taiwan…
Notre open est une compétition internationale qui compte pour le classement mondial, donc forcément, ça ramène du monde. Et ça permet à la Haute-Vienne de devenir une destination touristique : pour les Kazakhs ou les Kirghizes, la France, c’est ici !
Ici, en Haute-Vienne, c’est vous qui avez initié la discipline en créant ce tournoi. Comment vous êtes-vous lancé dans le tir à l’arc à cheval ?
C’est un peu l’aboutissement d’un parcours de vie : plus jeune, j’ai fait beaucoup d’arts martiaux et d’équitation. Quand je me suis installé en Haute-Vienne, je voulais approfondir cette relation avec les chevaux, et profiter du terrain de jeux immense qu’on a ici. J’ai repris cette exploitation agricole que l’on a convertie en ferme équestre.
En 2000, je suis parti en Mongolie pour organiser des voyages à cheval. Ça a été un déclic. En revenant ici, on m’a proposé de faire du tir à l’arc à cheval sur le domaine. J’ai essayé, et c’est devenu presque une addiction.
Le tir à l’arc à cheval, c’est un sport bien implanté dans la région, ou c’est seulement les débuts ?
Le tir à l’arc à cheval est très implanté en Nouvelle-Aquitaine. On compte aujourd’hui plus d’une dizaine de clubs dans la région, alors qu’il n’y en avait que deux en 2015. Nous faisons partie des régions qui pratiquent le plus. On peut dire que c’est un sport très néo-aquitain !
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