Épisode 3
3 minutes de lecture
Vendredi 25 juin 2021
par Louise Saubade
Louise Saubade
Jeune journaliste plurimédia, je me passionne pour les nouvelles écritures numériques, en particulier la vidéo web et le podcast. Je m’intéresse de près aux sujets de société, culture, solidarité, initiatives et solutions, mais aussi aux questions de genre et à l’actualité internationale. Mais mon premier amour demeure et restera l’information de proximité.

Au cœur des Landes, à Estibeaux, Yoann Lang sème les graines d’un projet fou : créer la plus grande forêt comestible d’Europe. Étendue sur près de 7 hectares, la forêt de Higas rassemblera à terme plus de 60 000 arbres, 7000 variétés végétales et 150 espèces animalières. Objectif : recréer un écosystème complet, où la nature reprendrait ses droits.

Faire pousser une forêt où tout se mange, instaurer un équilibre entre les espèces végétales et animales, afin d’y créer une production quasi-autonome. Le projet semble démesuré, pourtant il est à la hauteur des rêves de Yoann Lang. Le maraîcher vient de planter les premiers arbres de la forêt de Higas, une forêt comestible et maraîchère de sept hectares, la troisième plus grande d’Europe à ce jour.

« Une forêt comestible et maraîchère, c’est un endroit où on va essayer de reproduire une forêt classique, avec des grands arbres, des plus petits arbres, des buissons, des couvre-sols, mais avec une véritable orientation alimentaire, définit Yoann Lang. Tous ces buissons, tous ces arbres, seront à vocation comestible. En fait, c’est une culture en trois dimensions par rapport à un maraîcher traditionnel qui lui va cultiver une espèce en deux dimensions sur une grande surface. »

La forêt de Higas comptera à terme plus de 60 000 arbres, 7 000 variétés végétales et 150 espèces animalières. « Le but du projet, c’est de répondre le plus possible à la demande alimentaire locale, de la manière la plus variée possible, détaille le fondateur du projet. C’est aussi de réussir à tout produire sur une même surface en s’inspirant des méthodes de la permaculture, de l’agroécologie, agroforesterie. »

De la paternité à la prise de conscience 

Il faut dire que Yoann Lang n’est pas inconnu des grands espaces verts. « J’ai grandi à la campagne. Mon grand-père faisait beaucoup de jardin, j’avais aussi une ferme à côté. J’ai appris à traire ma première vache à 6 ans. Tout ceci m’a apporté un véritable amour de ces métiers-là », se remémore le maraîcher. 

Pourtant, dans un premier temps, son cursus scolaire ne suit pas cette vocation. « Je me suis retrouvé à travailler pendant plusieurs années dans d’autres domaines, comme l’ingénierie mécanique et l’informatique. Avant de me rendre compte qu’en fait, ce que je voulais faire, c’était vraiment avoir un métier lié à la terre. »

Yoann Lang décide alors de se lancer pleinement dans le maraîchage en s’appuyant sur ses expériences personnelles. « J’ai fait des tas d’expériences, en permaculture, en agroécologie… J’ai commencé à produire comme ça, pendant quelques années, et puis je suis devenu papa ! lâche dans un sourire l’agriculteur. Ça a été une grande prise de conscience qui m’a fait me dire : « Mais qu’est-ce que je vais laisser à mes filles ?” J’ai réfléchi à un concept qui pourrait amener une solution et en est résulté le projet de forêt de Higas. »

Des avocats dans les Landes

Afin de mener ce vaste projet, le maraîcher s’est associé avec son ami Franck Lutic, désigné responsable de production. « Pour commencer, nous ferons principalement du maraîchage afin d’assurer la viabilité économique du projet dès la première année. Nous voulons fournir localement la plus grande diversité végétale possible : des tomates aux concombres, en passant par les fraises, les herbes aromatiques…», énumère Yoann Lang.

Mais l’agriculteur ne veut pas se limiter au maraîchage traditionnel : « Nous avons aussi pour but d’installer une verrière photovoltaïque et d’y cultiver tout ce qui fait partie de nos habitudes de consommation mais qui, hélas, traverse la planète pour venir jusqu’à nous, comme les avocats, les agrumes, le café… La forêt de Higas est aussi une manière de répondre de manière écologique à ce problème : on fait venir des tonnes de produits à travers le monde, cultivés on ne sait pas trop où, on ne sait pas trop comment. Là au moins, on saura ce qu’on mange ! »

Une alternative à l’agriculture conventionnelle

Des aliments produits localement certes, mais aussi de manière durable. « On voit aujourd’hui les dégâts liés à notre agriculture actuelle, que ce soit l’érosion des sols, la pollution des sols, la pollution des eaux, le déclin de la biodiversité, le climat social, rural et agricole… Tous ces problèmes risquent d’être de plus en plus fréquents à cause du changement climatique », regrette l’agriculteur. 

« À la forêt de Higas, nous avons mis en place un suivi scientifique pour chiffrer l’impact écologique et environnemental de notre projet. Notre but, c’est de pouvoir à terme aller voir les exploitant·es conventionnel·les afin de les orienter vers une autre méthode de production, espère Yoann Lang. Mon rêve, ce serait de voir des forêts de Higas reverdir toutes nos surfaces agricoles et que la France redevienne le grenier de l’Europe, comme elle était appelée jusqu’au XIXe siècle. » 

Louise Saubade
Jeune journaliste plurimédia, je me passionne pour les nouvelles écritures numériques, en particulier la vidéo web et le podcast. Je m’intéresse de près aux sujets de société, culture, solidarité, initiatives et solutions, mais aussi aux questions de genre et à l’actualité internationale. Mais mon premier amour demeure et restera l’information de proximité.
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