Près de 160 personnes en grande difficulté ont été relogées samedi 9 novembre, dans un ancien EHPAD désaffecté, situé sur la commune de Cenon. Alors que la crise de l’hébergement se poursuit en Gironde, la réquisition de bâtiments vides est réclamée par de nombreux militants et acteurs associatifs. Retour en images sur cette journée.
Les expulsions de squats menées depuis le printemps ont compliqué une situation déjà impossible en Gironde. Alors que les températures baissent et que plusieurs « camps de sinistrés » ont subi de plein fouet les récentes intempéries, les solutions de relogement viennent cruellement à manquer. Les acteurs associatifs, eux, tonnent et revendiquent aujourd’hui la réquisition des logements vides.
Une revendication appuyée par le cadre légal, et plus précisément l’ordonnance du 11 octobre 1945 — complétée par diverses lois depuis — qui permet au représentant de l’État dans le département, après consultation du maire, d’attribuer aux personnes dans le besoin des logements vacants, par voie de réquisition.
Alors qu’en 2018, l’INSEE avançait le chiffre de 2,8 millions de logements vacants en France — dont plus de 22 000 sur Bordeaux Métropole — cette alternative a été adoptée à plusieurs reprises par les autorités : ce fut le cas par exemple lors de l’occupation emblématique d’un immeuble rue du Dragon à Paris en 1995. Mais face au manque de volonté des pouvoirs publics, ce sont souvent des collectifs qui ouvrent les portes de ces refuges, comme ce fut le cas à Cenon samedi. Le photojournaliste Alban De Jong de Macadam Press a suivi cette journée.
Mise à jour
Le 11 février 2021, à 6 heures du matin, plusieurs autobus affrétés par la Préfecture de la Gironde prenaient le chemin de la Zone libre de Cenon. Le moment est déchirant : en quelques heures, les 300 occupants du squat — dont 110 enfants — sont délogés par les forces de police.
Du côté des bénévoles, la stupéfaction est totale : en plein hiver, à quelques jours d’une vague de froid, et en pleine pandémie, des dizaines de familles sont expulsées de leur refuge. D’autant que les solutions de relogement proposées par les autorités ne sont pas pérennes : comme souvent, plusieurs nuits d’hôtel sont proposées aux délogés, dans des établissements parfois lointains de Bordeaux.
C’est donc inéluctable : les personnes expulsées de la zone libre de Cenon n’auront pas d’autre choix que d’occuper un nouveau bâtiment, dans les plus brefs délais. En Gironde, comme ailleurs, l’histoire est amenée à se répéter. Inlassablement.