Épisode 2
3 minutes de lecture
Lundi 30 novembre 2020
par Laurent Perpigna Iban
Laurent Perpigna Iban
Il travaille principalement sur la question des nations sans états, des luttes d'émancipation des peuples aux processus politiques en cours, des minorités, et des réfugiés. Il est souvent sur la route du proche et du moyen Orient pour son site Folklore du quotidien.

On la dit aussi mystérieuse que difficile. À la fois héritage culturel et outil de résistance, la langue basque — l’euskera — continue de vivre des deux côtés des Pyrénées. Alors que se déroule en ce moment la campagne Euskaraldia, focus sur une langue à l’histoire singulière.

C’est une des nombreuses initiatives en faveur de la pratique intensive de la langue basque : du 20 novembre au 4 décembre, la campagne Euskaraldia tente de mettre la langue basque, au cœur de la vie des Basques. Objectif, faire changer les habitudes linguistiques, des deux côtés de la frontière, en étendant au maximum la pratique de l’euskera à la vie familiale et professionnelle. Du côté des organisateurs, on l’assure : le mouvement est chaque année un succès. Dès la première édition en 2018, près de 225 000 participants dans tout le Pays basque s’étaient joints à l’initiative, dont près de 6000 du côté français.

Une des plus vieilles langues d’Europe

Si le basque — qui compte aujourd’hui plus de 700 000 locuteurs — déchaine autant de passions, c’est bien parce que le mystère qui entoure son apparition reste entier : l’euskera, qui n’appartient pas au groupe des langues indo-européennes reste une énigme et un objet de fascination pour de nombreux linguistes. Toutes les recherches publiées à ce jour convergent : le basque est une des plus vieilles langues d’Europe, probablement la plus vieille encore parlée en Europe. « D’après les informations dont nous disposons à l’heure actuelle, il ne s’agit donc pas d’une langue importée par d’hypothétiques immigrants, mais bel et bien d’une langue installée sur ses terres depuis longtemps. Les données génétiques confirment que la population basque descend directement des populations paléolithiques qui habitaient le sud-ouest de la France et le nord de l’Espagne, avant l’arrivée des populations néolithiques porteuses des langues indo-européennes. La langue basque existait donc bien avant l’intrusion des Indo-européens », explique-t-on du côté de l’Institut culturel basque.

une des rues de la vieille ville de Saint-Sébastien, véritable bastion de la langue basque
Une des rues de la vieille ville de Saint-Sébastien, véritable bastion de la langue basque — Photo : Laurent Perpigna Iban

Depuis des décennies, les recherches afin de percer les secrets de l’euskera se sont multipliées. Tour à tour, certains linguistes et chercheurs ont avancé des similitudes avec d’autres langues caucasiennes — le géorgien en particulier —, avec des langues sibériennes, et même plus récemment avec le dialecte dogon, toujours parlé dans certaines régions du Mali. Cependant, aucune de ces pistes n’est jugée suffisamment sérieuse pour révoquer la piste de l’isolat qui prédomine toujours : l’euskera serait dénué de toute relation génétique avec d’autres langues.

Survivante

C’est une réalité. Au cours de son parcours millénaire, la langue basque a bien failli disparaître, à de nombreuses reprises. Le dernier épisode visible de cette bataille s’est déroulé en Espagne durant le régime franquiste, entre 1939 et 1977. Jean-Marie Izquierdo, dans son ouvrage La question basque, rapporte : « Frappant au cœur de l’identité basque, le régime brima d’abord la langue. Tous les symboles rappelant de près ou de loin l’identité basque furent interdits. L’euskera fut proscrit de tous les usages officiels et de l’enseignement dans les provinces basques. Il fut banni des lieux publics, des textes officiels et de toutes les publications… On alla même jusqu’à exiger d’effacer les noms basques sur les tombes… »

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Retrouvez cet article dans Revue Far Ouest : Tout Reprendre
Ils et elles sont cyclistes, hackeurs, agriculteurs, étudiants, simples citoyens… Ils sont des réfugiés, des gens du voyage, des auteurs à succès ou des travailleurs du sexe non-déclarés. Des explorateurs malgré eux d’une société et de ses contradictions.

Laurent Perpigna Iban
Il travaille principalement sur la question des nations sans états, des luttes d'émancipation des peuples aux processus politiques en cours, des minorités, et des réfugiés. Il est souvent sur la route du proche et du moyen Orient pour son site Folklore du quotidien.
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