Le 6 novembre 2018, un fond d’investissement américain reprenait les Girondins de Bordeaux. Un an après, malgré des résultats sportifs probants, le tableau en coulisse semble moins reluisant : conflit entre les supporters et le Président délégué, polémiques autour des affluences, guerre de pouvoir entre les acquéreurs, mal-être dans les rangs des salariés survivants de l’ère M6… Que se passe-t-il aux Girondins de Bordeaux ? Revue Far Ouest a mené l’enquête.
Un article de Mathias Edwards et Flo Laval.
Depuis la plaine des sports du Haillan, rien ne filtre, ou presque. Au terme d’une année de présence américaine à la tête du club, le bilan présenté par les dirigeants paraît presque irréprochable : résultats sportifs probants, affluences en augmentation de 20 % par rapport à la saison passée, développement du club… La communication est soignée, réglée au millimètre. Difficile de percevoir, face à une machine qui semble déjà bien rodée, quelconque signe de faiblesse.
Pourtant, les Ultramarines, principal groupe de supporters revendiquant près d’un millier de membres et plusieurs centaines de sympathisants, n’en démordent pas : match après match, ils tirent à boulets rouges sur le Président délégué Frédéric Longuépée, revendiquent son départ. Ils évoquent même depuis plusieurs semaines « une crise structurelle profonde » et une situation « critique ».
Dans leur ligne de mire, Frédéric Longuépée. Nommé le 6 novembre 2018, et entré officiellement en fonction le 7 janvier 2019, celui qui a été présenté dès son intronisation comme le « nouveau Président du club » dans un communiqué, occupe officiellement le poste de Président Délégué et Directeur Général. Choisi par King Street, le fonds d’investissement actionnaire majoritaire à 86,4 %, il est le seul visage identifié à les représenter. Et il faut bien avouer que celui qui termina dixième du concours par équipes de gymnastique aux Jeux olympiques de Séoul en 1988, a la tête de l’emploi.
Par le passé, le Lillois de 54 ans a occupé les fonctions de directeur délégué de la Fédération française de tennis, celui de directeur général adjoint du PSG en 2012, mais aussi celui de directeur commercial et marketing de Paris 2024. Le CV matche parfaitement avec ce que recherchaient les Américains : le développement de la marque Bordeaux, une tâche que Frédéric Longuépée a déjà effectuée au PSG, en faisant passer le sportif au second plan, comme le révélait un proche du dossier à So Foot au moment du rachat : « Les décideurs de chez King Street pensent vraiment que ce n’est pas parce que Bordeaux finira à la 10e place du championnat que le club ne pourra pas augmenter ses résultats commerciaux. »
On est face à un ogre robotisé. Ils font du mal à beaucoup de gens.
Une orientation inacceptable pour les Ultras. « Le problème, ce n’est pas le développement du club, mais bien le fait de le dissocier du sportif. C’est inconcevable », explique Alexandre Dumaître, membre du directoire des Ultramarines. « Cette gestion est dangereuse et contre-productive ; elle a mis en concurrence ces deux entités et les gens qui travaillent en leur sein. Le club est un serpent à deux têtes, le sportif est géré d’un côté, et de l’autre, il y a Frédéric Longuépée dont la mission est de s’occuper de la marque Girondins de Bordeaux, de l’entertainment, en gros. On marche sur la tête », conclut celui qui supporte les Girondins depuis 30 ans.
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