Contrairement à ce qui a été annoncé fin février, le dossier de la mine d’or au Pays basque n’a pas été totalement clos. La société qui souhaitait obtenir un permis de recherche, refusé par Bercy, a bien déposé deux recours en temps et en heure… Pour démarrer notre nouveau feuilleton sur les mines d’or en Nouvelle-Aquitaine, focus sur une bataille que tout le monde pensait gagnée.
Et si le projet de mine d’or du Pays basque, annoncé comme étant abandonné fin février par le Ministère de l’Économie — également chargé des mines —, refaisait finalement surface ? C’est une possibilité bien réelle, due à une incroyable négligence de Bercy. Petit retour en arrière : depuis trois ans, des milliers de Basques se mobilisent contre la volonté d’une société, Sudmine, d’ouvrir une mine d’or en plein cœur de leur territoire.
Précisément, 130 km2 au milieu des appellations Ossau-Irraty et piment d’Espelette. « Et en pleine zone de tourisme, ressource essentielle pour la région », s’étranglait il y a quelques mois Martine Bouchet, porte-parole du collectif des associations environnementales locales.
« Ce projet, personne n’en veut. Les terres seraient perdues à jamais. Sudmine nous dit qu’elle n’utilisera pas de produits chimiques extérieurs, mais il n’y a pas besoin de ça pour polluer. Les éléments naturellement contenus dans le sol sont libérés, lors de l’exploitation, et la terre est rendue impropre à la culture. Il faut arrêter ce projet tant qu’il est encore temps. »
Un refus inattendu
La mine « propre », effectivement, est un leurre, comme l’avait rappelé le rédacteur d’un rapport remis au ministère de l’Économie en 2015 : « une mine a toujours un impact sur les populations, l’environnement ; elle transforme toujours un territoire », écrivait-il. Malgré ces mises en garde, malgré les exemples de pollutions de toutes les mines d’or françaises, dont la dernière, dans l’Aude, a fermé en 2004, le Gouvernement a octroyé au moins sept permis de recherche ces dernières années, préalables à l’exploitation d’une mine.
Le huitième aurait pu être celui du Pays basque : Bercy était tout proche de l’accorder à la fin de l’année dernière. Mais, face aux multiples polémiques en lien avec l’écologie, de Notre-Dame des Landes à Bure, notamment, le Ministère aurait fait marche arrière, comme il l’a annoncé fin février. Permis refusé de manière tacite en l’absence de recours contentieux de Sudmine, expliquait-on alors.
Volte-face de Bercy ?
Sauf que, selon nos informations, qui confirment celles données par le pure player Mediabask il y a quelques jours, il semble avéré que deux recours devant le tribunal administratif d’Orléans, où se trouve le siège de la société, ont bel et bien été déposés en temps et en heure. Et que, donc, l’affaire n’est pas terminée. Car si le tribunal n’a pas le pouvoir d’accorder le permis à Sudmine, il peut condamner l’État à indemniser la société en l’absence de justifications explicites.
Cette perspective peut-elle faire reculer Bercy ? C’est extrêmement improbable. Il n’en reste pas moins qu’il était prématuré d’annoncer un rejet « définitif » du projet. Alors pourquoi le ministère l’a-t-il fait ? « Une bévue », explique un fonctionnaire. Bercy devrait confirmer sa décision d’ici avril.
D’ici là, les Basques trembleront encore un peu. Mais au moins le pire n’est-il pas sûr, pour eux ; d’autres territoires ont moins de chances, puisque les permis de recherche y ont déjà été accordés.
C’est le cas, en particulier, dans le Limousin, où une autre entreprise a encore quatre ans pour trouver de l’or et ouvrir éventuellement une mine. C’est à ce sujet potentiellement catastrophique pour l’environnement, que nous consacrerons dès la semaine prochaine un nouveau feuilleton dans Far Ouest…
Photos du site Bizi !