Dans une autre vie, Emmanuelle Douriez-Nicou souffrait, sans le savoir, de bipolarité. Aujourd’hui « rétablie », elle a choisi de parler de ses troubles pour soigner ceux des autres. Depuis octobre, à l’hôpital Charles Perrens de Bordeaux, elle endosse le rôle de médiatrice de santé-paire, à mi-chemin entre le médecin et le patient.
Quand le diagnostic tombe en 2002, Emmanuelle Douriez-Nicou a 36 ans : elle a un trouble bipolaire, comme 1 à 2,5 % de la population française. Après plusieurs décennies d’errance médicale, un parcours thérapeutique adapté peut commencer pour Emmanuelle. Un parcours du combattant plutôt, qui, loin de lui faire baisser les bras, l’a poussée à devenir pair-aidante professionnelle. Aujourd’hui, Emmanuelle est la première médiatrice de santé-paire professionnelle du centre hospitalier Charles Perrens. Elle utilise son expérience personnelle et la formation acquise sur le sujet pour aider ses « pairs », et leur permettre, comme elle, de renouer avec la vie.
Un long parcours jusqu’au diagnostic
Depuis l’adolescence, Emmanuelle Douriez-Nicou souffre d’un trouble psychique. Une dépression, pensent les médecins. Elle suit alors une psychanalyse pendant une vingtaine d’années. En 1984, alors qu’elle est adolescente, Emmanuelle quitte les Deux-Sèvres et rejoint Poitiers pour rentrer en faculté de droit. « Un autre monde » pour celle dont les parents n’ont pas fait d’études supérieures ni obtenu le baccalauréat. « Je ne m’y sentais pas à ma place ».
Mais elle s’accroche. En 4e année, elle est même major de sa promotion. Elle sort de l’Université de Poitiers avec un DESS en droit des affaires en poche. En mai 1993, à 26 ans, elle prête serment alors qu’elle attend un de ses fils.

Une vie qui est loin d’être un long fleuve tranquille, en raison de ses troubles. En 1989, cette Niortaise de naissance s’installe à Bordeaux avec son mari, le père de ses deux fils. Les années passent, puis les décennies. Mais la maladie la rattrape. La pression est trop forte. Son hyperréactivité émotionnelle aussi.
Un beau jour de 2002, sa situation psychique s’aggrave encore plus : elle connaît ce que l’on appelle une phase maniaque ou euphorique. Sentiment d’invincibilité, prise de risque élevée, hyperactivité, hyperréactivité émotionnelle… Pour Emmanuelle, direction alors le centre hospitalier psychiatrique Charles Perrens de Bordeaux.
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