À chaque problème, sa solution. Vraiment ? Dans les années 1950, l’historien, sociologue et théologien bordelais Jacques Ellul mettait en garde contre l’avancement de la technique au nom du bien public. En juillet 2020, Patrick Chastenet participait au festival Les Réclusiennes à Sainte-Foy-la-Grande autour du thème « l’injonction technologique ». Ce professeur de Sciences politiques à l’Université de Bordeaux est reconnu à l’international comme l’un des meilleurs spécialistes de Jacques Ellul.
Vous êtes intervenus au festival sur le sujet de « l’injonction technologique ».
Qu’est-ce que cette injonction ?
Nous vivons dans une société où nous essayons de réduire tous les problèmes, qu’ils soient individuels ou collectifs, à des problèmes techniques. Ils doivent être solutionnés de façon technique, mais ces solutions créent à leur tour d’autres problèmes. Cela débouche sur ce que l’on peut appeler une inflation technicienne : un « toujours plus » de technique.
Qu’est-ce que vous entendez par le terme « technique » ?
Je vais reprendre la définition de Jacques Ellul, le penseur bordelais sur lequel je travaille et qui était mon professeur à partir de 1974. Par technique, il n’entend pas « la machine ». Il parle de la recherche du moyen le plus efficace, dans tous les domaines et indépendamment de toute autre considération.
L’idéologie technicienne est une sorte de course permanente à l’innovation, aidée par la publicité. Elle nous dégoûte d’un objet qui nous rend service en nous persuadant qu’il est obsolète et qu’il faut à tout prix en acheter un autre. Jacques Ellul ne nous dit pas que ce progrès technique ne nous apporte rien, mais qu’il y a une ambivalence. Il montre très bien qu’au quotidien le progrès technique libère autant qu’il aliène. C’est l’idée que tout progrès technique se paie.
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