Décembre 1913, Montcigoux retrouve (enfin) le squelette de son Seigneur : Ernest Pagnon de Fontaubert. Mais est-ce bien lui ? Dans ce hameau de Dordogne, un vieux squelette déterre de vieilles histoires…
Je m’appelle… Ah non, je ne vais pas vous dire comment je m’appelle. Enfin, si : appelons-moi Ernest, pour simplifier. Je suis un squelette. J’étais tranquillement installé depuis… des années, disons, dans une sépulture de fortune, sous le sol d’une maison. Mais on m’a exhumé un jour de décembre 1913 et depuis, on raconte un peu tout et surtout n’importe quoi sur moi.
J’aurais fait la guerre de Cent Ans, je serais parti au Far West au moment de la Ruée vers l’or, j’aurais eu des enfants avec ma sœur, qu’on aurait enterrés dans le jardin familial… Vous l’imaginez bien, ceci n’est pas vrai. En tout cas, pas tout.
Mais commençons par le commencement, de ma « deuxième vie » en quelque sorte : elle débute très précisément le jeudi 11 décembre 1913. Nous sommes dans le petit hameau de Montcigoux, qui dépend du village de Saint-Pierre de Frugie, en plein cœur de la Dordogne. On est à mi-chemin entre Limoges et Périgueux, entre la carte postale et le dépliant touristique : là, tout n’est que calme, vallons verdoyants et cours d’eau apaisés. « Des maçons sont appelés pour creuser une cave dans une petite maison située à une cinquantaine de mètres du “château” ».

Celui qui parle s’appelle Alain Vignol. Il a aujourd’hui 84 ans, l’accent du coin et la bienveillance gourmande du passeur d’histoire. Quand il évoque le « château », il exagère un peu : il s’agit plutôt d’une vaste demeure, une grande maison de maître. Il y avait bien un château du XIIe siècle, mais il n’en reste plus rien… sauf une vieille tour.
Cet article est réservé aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter
Nous avons besoin de 1 000 nouvelles souscriptions pour continuer à exister.
Découvrir nos offres d’abonnement