Sugar baby cherche son sugar daddy : des jeunes en besoin financier acceptent de tenir compagnie à des personnes mûres et fortunées, moyennant finances. Quand certains plaident la réappropriation du pouvoir de séduction, d’autres dénoncent de la prostitution déguisée. Esther, étudiante bordelaise fauchée, décide de se glisser dans la peau de Lisa, une sugar baby à la recherche d’« un homme mature avec qui passer du bon temps ». Immersion dans le monde doux-amer du sugar dating.
J’ai besoin d’argent. Étudiante, je dois subvenir à mes besoins par mes propres moyens. Au vu de la situation sanitaire, covid-19 oblige, les jobs étudiants sont difficiles à trouver. Après maintes candidatures refusées, entretiens foireux passés, je n’ai toujours aucune solution pour alimenter mon compte en banque dégarni. Il ne m’a fallu que quelques clics sur le net pour trouver une information alléchante : « Le salaire d’une sugar baby se situe entre 8 000 et 10 000 euros par mois.»
Les sites de sugar dating, apparus en France à la fin des années 2000, mettent en relation de jeunes personnes, souvent étudiantes et en besoin financier – sugar baby –, avec des personnes mûres et fortunées – sugar daddy ou mama –. Cette pratique américaine avait déjà fait parler d’elle en octobre 2017 lorsqu’une plateforme de sugar dating – Rich Meet Beautiful – réalisait sa campagne publicitaire devant les facs parisiennes. « Hey les étudiant(e)s ! Romantique, passion et pas de prêt étudiant. Sortez avec un sugar daddy/sugar mama », pouvait-on lire sur le panneau.
Un panel d’hommes s’offre à elle, tous âges confondus et aux revenus annuels consultables.
Scandale garanti. Un coup de pub osé qui a mené à une enquête pour« proxénétisme aggravé », toujours en cours, mais a aussi apporté un grand nombre de nouveaux inscrits sur la plateforme. Depuis, cette pratique semble s’être fait oublier. Du côté des féministes, le sujet est toujours houleux entre les « pro-sexes» et les « abolitionnistes» qui, elles, y perçoivent une forme de « prostitution déguisée ». Pour Céline Piques porte-parole de Osez Le Féminisme !, il n’y a aucun doute : « C’est du proxénétisme ». Selon les membres de l’association, ces plateformes devraient être systématiquement poursuivies en justice. « Il est clairement question de rapports sexuels tarifés, donc de viols tarifés. C’est un modèle archaïque et misogyne qui place la femme en tant que petite chose naïve et vulnérable. Nous sommes dans le retour des courtisanes du XIXe siècle. »
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Retrouvez cet article dans Revue Far Ouest : Tout Reprendre
Ils et elles sont cyclistes, hackeurs, agriculteurs, étudiants, simples citoyens… Ils sont des réfugiés, des gens du voyage, des auteurs à succès ou des travailleurs du sexe non-déclarés. Des explorateurs malgré eux d’une société et de ses contradictions.