En 2020, 2 500 animaux ont été recueillis par le centre de soin Hegalaldia, au Pays basque. Bénévoles et salariés se battent chaque jour pour que des animaux sauvages, condamnés par l’homme ou la nature, puissent avoir une seconde chance.
La nature s’éveille au fin fond du quartier Arrauntz à Ustaritz, une petite commune basque à 20 minutes de Bayonne. Passé les dernières maisons résidentielles, une forêt de plusieurs hectares s’étend à perte de vue. Ici se trouve le centre d’aide et de soins à la faune sauvage Hegalaldia (« l’envol» en basque) géré par l’association du même nom. Six soigneurs, pour la plupart âgés de 20 à 30 ans, profitent de leurs derniers instants de répit avant de s’atteler à la tâche. À peine leurs tasses de café terminées, pas le temps de traînasser : rougequeues, pics noirs et lapins en tout genre les attendent à quelques mètres de là.
Direction le bâtiment des soins intensifs. Un nom qui peut faire peur au premier abord, mais qui n’a rien de bien méchant. « À chaque fois qu’on accueille un animal, on réalise un diagnostic et il reste ici, même si c’est pour très peu de temps », explique Antoine Mounier, un des six salariés de l’association. L’équipe du jour entre par les bureaux et se dirige vers un couloir exigu. De part et d’autre, une cuisine pour les animaux, une salle de soins et deux pièces où patientent les rongeurs, oiseaux et petits mammifères.
Injection de glucose et nettoyage de bec
« Je m’occupe du Milan royal », prévient Antoine. Ici, chaque animal a un numéro. Le Milan en question — un rapace de la région — est le 780, puisqu’il est la 780e bête prise en charge depuis le début de l’année. Le rapace se trouve dans une caisse de transport que l’on utilise généralement pour les chiens et chats lors des voyages en avion. Le soigneur l’ouvre délicatement et grimace. « Ouf ! Il a fait caca partout. Ça pue, mais c’est bon signe.»
Mélina déboule dans la pièce en tenant un renardeau par le cou. L’air ahuri, le jeune canidé se demande ce qu’il fait là.
Antoine saisit l’animal d’une « prise cornet» : il lui bloque les ailes et les pattes de la main gauche, tandis que la main droite reste libre. Dans la salle de soins, l’homme allume une balance et pèse le rapace : 670 grammes. « C’est bien, il prend du poids. » Recueilli quelques jours plus tôt dans la commune voisine d’Ascain, le 780 était en état de dénutrition avec un bréchet saillant et maigre. Très affaibli, Hegalaldia lui redonne du poil de la bête via un « protocole de réhydratation par injection cutanée ».
Le jeune rapace n’est pas encore capable de se nourrir seul, alors Antoine lui prépare un petit cocktail de glucose, de chlorure de sodium et d’eau de quinton, matière qui se rapproche le plus de plasma. Le soignant couvre la tête du Milan au moment de la première injection pour lui éviter tout stress. Une injection au niveau de l’aine que le rapace doit recevoir trois fois par jour en soins intensifs : le matin, le midi et à 16 heures. Puis à l’aide d’une pincette, Antoine lui nettoie le bec avant de le replacer dans sa caisse où l’attend un tapis chauffant.
Lire cet article en entier
Retrouvez cet article dans Revue Far Ouest : Tout Reprendre
Ils et elles sont cyclistes, hackeurs, agriculteurs, étudiants, simples citoyens… Ils sont des réfugiés, des gens du voyage, des auteurs à succès ou des travailleurs du sexe non-déclarés. Des explorateurs malgré eux d’une société et de ses contradictions.