12 minutes de lecture
Vendredi 24 novembre 2017
par Sébastien Gendron, Clémence POSTIS, et Camille Mazaleyrat
Sébastien Gendron
Né en 1970, Sébastien Gendron est auteur de romans noirs et réalisateur. Il publie La Jeune Fille et le Cachalot, son premier roman, en 2003. Suivront un recueil de nouvelles et dix autres romans dont le numéro 266 de la collection du Poulpe : Mort à Denise. En parallèle, il collabore à des revues comme chroniqueur, publie des romans pour la jeunesse et écrit des feuilletons littéraires.
Clémence POSTIS
Journaliste pluri-média Clémence a pigé pour des médias comme NEON Magazine, Ulyces, Le Monde ou encore L'Avis des Bulles. Elle est également podcasteuse culture pour Radiokawa et auteure pour Third Éditions.
Camille Mazaleyrat
Après des études d'art à l'Ecole Européenne de l'Image de Poitiers et un passage à l'université Laval (Québec) en science de l'animation, je travaille aujourd'hui comme animateur 2D et monteur vidéo.

2019. Ils vivent à moins de 10 km de la centrale du Blayais. Leur vie, et celle de tout un territoire va basculer.

Alexandre Il a encore plu toute la journée, sans discontinuer. Ça s’est un peu calmé en début de soirée, pour reprendre de plus belle à la tombée de la nuit. De toute façon, il pleut depuis cinq jours maintenant. Ce n’est pas rare dans la région, au mois d’avril. On les avait prévenus quand ils sont venus aménager ici, après dix ans passés sur la côte d’Azur. N’empêche que c’est lourd. Le ciel est bas. Selon les vents, on peut voir passer les nuages de faible altitude à toute vitesse au-dessus de la maison. Parfois, on sent même les embruns en provenance de l’embouchure.

« Ça sent la marée » dit souvent Léon. Au début, ça l’amusait. Ça lui rappelait la Méditerranée. Et puis au fur et à mesure des saisons, ça a commencé à le barber. Normal, s’est d’abord dit Alexandre : les ados sont comme ça, jamais satisfaits de rien. Mais là, ce soir, il doit bien reconnaître que l’ambiance est pesante. Depuis hier, les infos météorologiques s’affolent : un front dépressionnaire important se dirige vers le nord du pays. Les côtes de Bretagne, de Vendée et d’Aquitaine sont en alerte rouge, avec risques de submersions. Toute la flotte commerciale a été mise aux abris et depuis la mi-journée, on attend en regardant le ciel grossir au-dessus de la mer. En fin de matinée, les vents ont forci sur le littoral atlantique. Ça arrive, c’est ample, et ici, les marais du Blayais ont déjà débordé.

C’est ce que Ventura, l’un des collègues d’Alexandre, lui a dit tout à l’heure au téléphone. Et à vrai dire le vieux responsable des ateliers municipaux avait du mal à cacher ses angoisses. Il n’arrêtait pas d’évoquer les tempêtes de 1999. Il disait :

— C’était y a 20 ans. Depuis, le réchauffement climatique s’est pas calmé, au contraire. Si ça se trouve, on va s’en prendre encore plein la gueule, mais en pire. T’imagine si la digue de Braud-et-Saint-Louis pète…

— Elle est à huit mètres cinquante. Faudrait que…

— Que quoi ? Greenpeace avait préconisé 9 mètres, Alex. Et pour faire des économies, les autorités ont fait comme toi : elles se sont dit que huit mètres cinquante, ça suffirait bien.

Ici, à Copians, on est dans le couloir de l’Estuaire, donc bien exposé aux turbulences. Il se souvient de ce jour où, pour la première fois, il a emmené Emmanuelle et Léon à la citadelle de Blaye, quinze kilomètres plus au nord. Sur le mur des fortifications de Vauban, Léon avait jeté par-dessus bord un bout de bois qui était aussitôt remonté comme une fusée vers le ciel, poussé par un vent ascendant puissant venue de la rive en contrebas. Ce n’était certes pas le Mistral, mais ça faisait tout de même son petit effet. Quand on est, comme Alexandre Bayard, le directeur technique d’une petite commune au bord du second fleuve le plus puissant du territoire, on sait qu’une catastrophe est toujours envisageable.

Alexandre quitte la fenêtre qui ruisselle de pluie et regarde l’horloge murale. La première bourrasque venue de l’ouest frappe la maison et fait trembler toute la structure. Ça ne dure pas plus de quelques secondes, comme une vague qui déferle. Il est 21h12.

Emmanuelle Faire la permanence de nuit précisément ce soir, avec ce qui se prépare, Emmanuelle voit ça comme une nouvelle punition. C’est déjà la quatrième fois en seulement six mois que Patrick Dojeau, le chef de la police municipale, lui fait un coup semblable. Il y a eu un premier week-end à l’ouverture de la chasse. Puis la nuit du premier de l’an. En février, un dimanche sans récupération. Et là, c’est l’astreinte pour raison météorologique, en binôme avec Plaisa. Ses collègues lui ont parlé de bizutage, mais elle n’y croit pas.

A son intégration dans le service, Dojeau lui avait dit :

— T’en fais pas, Manu. Je te prends sous mon aile. Tu vas voir, c’est tranquille ici. Fais-moi confiance.

Tutoiement direct. Diminutif imposé – même Alexandre ne l’appelle jamais Manu. Bref, il se l’était jouée mentor. Mais rapidement, le quinquagénaire s’est fait plus… tactile avec Emmanuelle. Ça avait commencé par les bises obligatoires matin et soir – « Ah ! Ici, c’est quatre, hein ? ». Puis la main était passée de l’épaule à la taille. Les sourires aimables étaient devenus plus engageants. Quelques blagues d’une lubricité à peine masquée. Jusqu’à ce que Dojeau se permette de plonger un regard appuyé dans l’entrebâillement de son polo et fasse une remarque sur la dentelle de son soutien-gorge. Elle n’avait pas répondu.

À partir de là, il s’était cru invité à passer la vitesse à supérieure. Cela n’avait pas pris plus d’une semaine avant qu’Emmanuelle sente une caresse sur ses fesses. Elle était dans le local cuisine de la brigade, penchée à l’intérieur du frigo pour récupérer son Tupperware, à la pause de midi. Elle ne l’avait pas entendu approcher. Elle s’était retournée et l’avait giflée avant de pointer un index menaçant dans sa direction :

— Je vous colle une plainte pour harcèlement ou vous avez compris, maintenant ? Sur le coup, Dojeau avait effectivement eu l’air de comprendre. Il s’était même excusé, avait évoqué le décès récent de son épouse, avait promis de ne pas recommencer, lui avait répété qu’elle pouvait lui faire confiance, qu’il était désolé, etc. Mais le rapport avait changé. Le vouvoiement d’abord, qui avait surgi comme une herse. La permanence des chasses était tombée la semaine suivante : une jolie petite blonde pour intervenir si nécessaire au milieu d’un troupeau de tireurs avinés, l’idée semblait plaire à Dojeau. Emmanuelle avait senti poindre un affrontement qui ne dirait jamais son nom. Ce soir, à la prise de service, Guillaume Plaisa lui a dit :

— Tu restes là. C’est moi qui prends la bagnole. Je t’appelle toutes les heures pour faire un point. Pas dragueur pour deux sous, Plaisa. Juste gentil et prévenant. Il l’a appelé à 20 heures pour signaler que la D 255 avait été fermée par la gendarmerie. Emmanuelle a demandé :

— C’est laquelle, la D 255 ?

— T’as le syndrome GPS, toi, hein ? Faut bosser tes cartes, ma vieille. C’est la départementale qui mène aux marais du Blayais.

Puis à 20h25, il lui annonçait que la Dordogne était sortie de son lit et que Bourg-sur-Gironde commençait à être inondée. Elle a dit :

— C’est sérieux, on dirait.

— Rassure-toi, ils ont l’habitude ici. Ça empêche pas certains de fantasmer, mais bon…

— Fantasmer sur quoi ?

— Depuis 1999, à chaque fois qu’il pleut un peu fort, y a toujours un couillon pour s’inquiéter de la centrale. Tout à l’heure, j’ai un jeune pompier qui m’a dit qu’un type l’avait appelé pour savoir si la route menant à la centrale était pas sous les eaux parce que son cousin lui avait dit que… Bref, l’homme qu’a vu l’homme, quoi.

A 20h55, nouveau coup de fil. Plaisa ne tarderait pas à rentrer de sa tournée. Il venait de passer en revue toutes les rives de la commune pour s’assurer qu’il n’y avait plus de voitures garées sur berges.

— Tu peux me prépares une soupe, s’il te plait ? Je suis là dans dix minutes au plus. Un Scrabble, ça te tente ?

La pluie fouette les fenêtres du petit bâtiment qui abrite les locaux de la police municipale. Emmanuelle bascule la bouilloire au-dessus du mug de Plaisa et l’eau brulante humecte la poudre du velouté de cèpe lyophilisé. En touillant le mélange, elle jette un regard au dehors. Les rues de Saint-Ciers-sur-Gironde sont vides. La lumière des lampadaires secoués par le vent vibre sur les trottoirs. Elle pense à Alexandre, l’imagine en train de lire dans le canapé du salon, comme l’homme tranquille qu’il est. Léon est avec son amie Doreen, à Bordeaux. Avec les parents de cette dernière ils passent la soirée en ville. À peine seize ans et déjà amoureux.

Emmanuelle se dit qu’au pire, avant de lui ravager le cœur, cette petite irlandaise lui permettra d’exercer son anglais – elle y croit à peine. A moins que Léon ne soit à la maison, en train de bucher sur son commentaire de texte – « L’Albatros, c’est de la daube, Maman ! Le Poète est semblable au prince des nuées, Qui hante la tempête et se rit de l’archer. J’y comprends que dalle. C’est nul ! ». Emmanuelle esquisse un sourire en revoyant son fils grimacer par-dessus les pages du recueil de Baudelaire.

Au même instant, le volet de la fenêtre claque violemment contre la vitre et les murs de l’enceinte se mettent à trembler autour d’elle. Ça ne dure pas plus de trois secondes, mais c’est suffisamment brusque pour que l’horloge en plastique située au-dessus de la porte se décroche de son clou. Emmanuelle pose le mug sur la table, traverse la pièce et ramasse l’horloge. Le plastique transparent du cadran est fendu, la pile est sortie de son réceptacle, la trotteuse est arrêtée. Il est 21h12.

Léon

Doreen a refusé qu’ils s’embrassent et elle se tient à ça depuis qu’il est arrivé. Léon a bouilli pendant un bon moment – d’autant plus que Mr et Mrs Walsh sont de sortie au Grand Théâtre de Bordeaux, et il s’était fait tout un tas de films dans sa tête. Pour passer une soirée en tête à tête avec Doreen, il a menti à ses parents. Jamais il n’a été prévu que les deux adolescents partent à Bordeaux avec les Walsh.

Le garçon tient une comptabilité très précise : ça fait deux mois, trois semaines, quatre jours et dix-neuf heures qu’ils sont ensemble. Mais on ne force pas une Irlandaise. Ça, il l’a bien compris. Ils sont allés s’installer dans l’ancien carrelet que Mr Walsh a réhabilité pour sa fille sur la rive de la Garonne, au bout du grand jardin. Doreen s’y est aménagé son bureau. Un endroit magique qui rappelle à la jeune fille l’époque où toute la famille vivait encore à Aill Na Brun, ce petit hameau du bout du monde, juché sur les falaises du comté de Clare. De sa chambre, elle ne voyait qu’une chose : l’immensité océanique battu par les vents et le phare de Loop Head.

Alors, bien entendu, ce petit espace de bois suspendu au-dessus des flots boueux de la Garonne n’a rien à voir avec le point de vue d’antan. Là-bas, il y avait les dégradées de bleu de la mer et l’écume blanche des vagues. Ici, la flotte est maronnasse au point qu’elle a surnommé ce fleuve, la Chocolate River. Mais au moins, cet endroit est à elle. Sur la porte, elle a installé une petite pancarte où elle a gravé une phrase en gaélique qui signifie : « Ici, vous n’êtes plus en France. Défense de passer ». Accepter Léon dans son antre lui a beaucoup couté et le garçon l’ignore complètement. Doreen ne le lui a jamais dit. Un soir du mois dernier, elle lui a simplement ouvert la porte :

— Viens. Mais ne raconte à personne que j’ai ça.

Léon est entré, il a vu et il a fait :

— Whoua ! Putain !

Depuis, tous les vendredi soirs, ils viennent ici, regardent le soleil se coucher sur la Chocolate River et ensuite, Doreen allume son ordinateur. Collés l’un à l’autre, ils regardent des séries jusqu’à minuit, quand elle le chasse.

Donc, ce soir, Doreen a refusé qu’il l’embrasse. Ils se sont installés dans le canapé du carrelet et depuis une heure, ils sont captivés par les péripéties d’une bande de néo-zélandais qui tentent de rejoindre la Tasmanie sur un rafiot sans voile. A trois reprises, Doreen s’est levée pour monter le volume des petites enceintes tant le bruit de la pluie sur le toit de tôle est puissant.

Et puis soudain, la baraque de planches, toute solidifiée soit-elle par les travaux qu’y a entrepris Mr Walsh, est secouée par une bourrasque de vent. La lumière vacille, clignote, se coupe un instant avant de revenir. Sur l’écran, l’image se gèle alors que l’un des protagonistes de l’épisode est en train de hurler à l’approche d’une vague immense. Le petit cercle de chargement se met à tourner dans le vide et Doreen peste :

— On a perdu la connexion, merde !

Les vents assassins, elle connaît. Ça ne lui fait pas peur. Au contraire, ça lui rappelle son enfance, quand les tempêtes se levaient. Elles passaient des heures à sa fenêtre pour regarder le spectacle fantastique de l’océan démonté. A ses côtés, Léon est bien moins rassuré. Sur la Méditerranée, c’est à peine si le Mistral faisait bouger la mer.

— Tu veux pas aller voir ?

Léon la regarde, sans comprendre.

— Aller voir quoi ?

— Tu vas dans le salon et tu redémarres la box. Je fais ça quand ça coupe. Ça finit toujours par repartir.

— Mais il pleut des cordes…

— S’il te plait.

Doreen se penche vers lui, pose sa main sur la nuque du garçon et l’embrasse tendrement. Ragaillardi, Léon ouvre la porte du carrelet. Un rideau de pluie l’accueille aussitôt. A l’autre bout du jardin, il aperçoit les lumières de la villa et calcule que d’ici à ce qu’il les atteigne, il sera complétement trempé. Mais il est chargé d’une mission à laquelle il ne peut se dérober. Il referme derrière lui, enfile la capuche de sa veste et fonce.

La passerelle de planches semble danser sous ses pieds, mais il n’en a cure. Il court, la main glissant au long de la balustrade métallique, jusqu’à atteindre le socle de béton qui ancre le carrelet à la rive. Là, il dévale les trois marches qui mènent au jardin et, lorsqu’il pose le pied sur l’herbe, sa jambe s’enfonce dans un sol saturé d’eau. Léon s’étale de tout son long dans une sorte de flaque qu’il n’avait pas distingué dans l’obscurité. Il se relève immédiatement, électrisé par la fraicheur du contact glacé, et regarde autour de lui. La stupeur le saisit. Le jardin des Walsh est pris par les flots de la Garonne. Le gazon disparait sous la surface.

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Illustration  : Camille Mazaleyrat

Léon se retourne et aperçoit la passerelle de bois qui mène au carrelet. Il n’a rien vu en la traversant, mais le plancher de bois est au ras de l’eau. Au même instant, une seconde bourrasque de vent s’engouffre sur la rive et le ponton plonge sous une vague qui glisse entre les jambes du garçon.

Dans la cabane, Doreen sent la rafale passer entre les interstices de la pièce. Elle se lève du canapé. Regarde par la fenêtre. Ne voit que du noir. La lumière clignote à nouveau, une fois, deux fois. Et puis s’éteint. Les Walsh ont quitté Aill Na Brun il y a deux ans parce que l’océan avait dangereusement rongé les falaises et que les assureurs prévoyaient que tout l’endroit risquait de s’effondrer. Son père avait résisté un temps, mais la hausse soudaine du coût de la garantie avait fini par l’emporter. Sa femme, native de Bordeaux, exprimait déjà depuis longtemps le désir de revenir en France. Ils avaient donc acheté cette propriété située en bord de fleuve, à trois kilomètres de Saint-Ciers-sur-Gironde. La première chose que Doreen avait vue, c’était le carrelet, au bout du jardin, effondré sur ses pilotis par les tempêtes de 1999. Mr Walsh l’avait réparé pour que ça lui rappelle un tout petit peu sa chambre sur la presqu’île d’Aill Na Brun.

Mais ce qui se passe ce soir n’a rien à voir avec les déchainements de la météo irlandaise. Doreen l’a compris dès que la rafale de vent est passée entre les planches de la cabane. Elle bondit vers la porte du carrelet au moment où la troisième bourrasque entre dans le couloir de la Garonne. Lorsque la jeune fille pose la main sur la poignée, le vent s’engouffre sous les faibles solives qui retiennent le faitage et un bruit assourdissant envahit la pièce. Doreen lève les yeux en direction de plafond et voit le ciel. Le toit s’est envolé. Un froid mordant la saisit immédiatement. Elle tire la porte à elle. Elle voit la passerelle inondée par les vagues. Elle voit Léon, là-bas, à dix mètres, hurlant quelque chose qu’elle n’entend pas. Elle voit la pluie qui passe à l’horizontale devant ses yeux. Elle voit les arbres du jardin qui dansent. Elle entend un nouveau bruit qu’elle n’identifie pas. Elle sent le sol qui se dérobe sous ses pieds. Elle tombe. Et le froid de l’eau l’engloutit.

Léon met quelques secondes à réaliser ce qui vient de se produire. Le toit du carrelet qui décolle et disparait dans la nuit. La porte qui s’ouvre. En apercevant Doreen dans l’encadrement, il a crié :

— Sors de là !!!

Et l’instant d’après, la cabane se pliait sur elle-même pour fondre dans le fleuve.

Il est 21h17, ce vendredi 26 avril 2019. La tempête attendue sur les côtes française s’est durcie au contact des terres. Dans quelques jours, le phénomène portera un nom : Gaspard. Et le qualificatif d’ouragan du siècle. Mais pour l’heure, il ravage tout le littoral atlantique de La Baule à Soulac-sur-Mer. Là, il fait s’effondrer la dune qui supporte l’ensemble immobilier que l’on a baptisé Le Signal parce qu’il servait de borne indicative au grignotage du littoral sableux. Puis les vents soufflant à plus de 238 kilomètres par heure s’engouffrent dans l’embouchure de la Garonne et déferlent en poussant l’eau devant eux.

En quelques minutes, les crues dues aux pluies abondantes des derniers jours et les flots en provenance de l’océan se rencontrent et se mêlent dans un accouplement furieux.

Au milieu de cette tourmente, un lieu gros comme une tête d’épingle. La centrale nucléaire de Braud-et-Saint-Louis. La digue qui la protège vient de prendre l’eau et sous la force de la vague, une partie de la buttée s’est effondrée.

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Illustration : Camille Mazaleyrat

Sébastien Gendron
Né en 1970, Sébastien Gendron est auteur de romans noirs et réalisateur. Il publie La Jeune Fille et le Cachalot, son premier roman, en 2003. Suivront un recueil de nouvelles et dix autres romans dont le numéro 266 de la collection du Poulpe : Mort à Denise. En parallèle, il collabore à des revues comme chroniqueur, publie des romans pour la jeunesse et écrit des feuilletons littéraires.
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Retrouvez cet article dans le feuilleton :

20 000 ans

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Jour 2 : l'accident

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