Vous êtes perdus sans Waze et Google Maps ? Ils tracent nos trajets, mais collectent aussi nos données.
À l’Université de Bordeaux, la géographe Marina Duféal invite à reprendre la main sur nos cartes, grâce à OpenStreetMap, un projet collaboratif et libre.
J’ai un terrible secret : je ne sais pas lire une carte. Ou plutôt, je n’ai jamais eu envie d’apprendre. Pour quoi faire ? J’ai un merveilleux téléphone, avec un merveilleux Google Maps, qui m’emmène d’un point A à un point B, simplement et gratuitement. Vraiment ?
« Ces outils ont l’air gratuits, mais il y a une contrepartie, qui est le plus souvent complètement cachée », explique Marina Duféal, enseignante-chercheuse en géographie à l’Université de Bordeaux. Lorsque j’utilise Google Maps, j’offre mes données à caractère personnel pour la publicité ciblée.
Vous utilisez Waze ou Google parce qu’on ne vous a pas montré d’autres alternatives.
J’offre parfois ma contribution, en indiquant les horaires d’un magasin, ou bien en commentant un restaurant pour le conseiller aux autres utilisateurs. Autant de services que Google fait ensuite payer aux professionnels souhaitant être mis en avant.
OpenStreetMap, l’anti-Google Maps
« Mais des alternatives existent. » Dans le cadre de ses recherches et de ses cours, Marina Duféal travaille beaucoup sur un projet : OpenStreetMap.
OpenStreetMaps (OSM pour les intimes) est un projet collaboratif de cartographie en ligne. Tout commence en 2004 quand un certain Steve Coast veut établir une carte des pistes cyclables de Londres. « À l’époque — et c’est encore le cas aujourd’hui — pour accéder à un certain nombre de données territoriales, il faut payer des fonds de cartes, des données… » Alors, depuis une page blanche, cet informaticien lance une base de données entièrement collaborative et gratuite. Depuis, plus d’un million de contributeurs à travers le monde alimentent et enrichissent OSM, en y ajoutant des lieux et objets.
Si demain vous continuez à utiliser Google, c’est votre droit.Mais au moins, ce sera un choix.
Où sont les places pour les personnes à mobilité réduite ? Où sont les espaces aménagés pour les personnes malvoyantes sur le campus universitaire de Bordeaux ? Où se trouvent les jeux pour enfants ? Autant d’informations absentes de Google Maps, mais que chacun peut ajouter sur OSM. « Il y a une multitude d’usages, car il y a une multitude de profils. »
Proposer une alternative
Pour Marina Duféal, l’idée n’est pas de dire qu’OSM est mieux que Google, mais de présenter le champ des possibles. « Vous utilisez Waze ou Google parce qu’on ne vous a pas montré d’autres alternatives. Des alternatives issues de l’intelligence collective, au service du collectif. »
Pour se déplacer au quotidien, des applications mobiles comme CityMaps2GO ou Maps.me utilisent la base de données OpenStreetMap. Une alternative qui permet de trouver son chemin sans permettre la collecte de ses données personnelles. Et si jamais je ne suis pas convaincu ? « Si demain vous continuez à utiliser Google, c’est votre droit, assure Marina Duféal. Mais au moins, ce sera un choix. »
Pour aller plus loin
🤔 Tester OpenStreetMap en étant une bille en informatique ? C’est possible. Voici un tuto très simple pour vous aider à franchir le pas, étape par étape.
🕵🏻♂️ Vous n’avez rien à cacher ? Le documentaire Nothing to hide décrypte l’acceptation de la surveillance par la population et ses conséquences.
📍 Vous voulez rencontrer les contributeurs OpenStreetMap ? Chaque mois, le groupe OSM de Toulouse et de sa région organise des rencontres. La prochaine, c’est le samedi 18 février, à Toulouse.