Si l’activité de travailleur du sexe s’émancipe en France depuis quelques années, les préjugés ne changent pas pour autant. Au Strass (Syndicat du travail sexuel), on accompagne les travailleurs du sexe, mais cela n’est-il pas un frein auprès des employeurs en vue d’une reconversion ? Mylène Juste, secrétaire général du syndicat répond à nos questions.
Travailleur du sexe, est-ce une activité durable ?
Oui. J’en veux pour preuve mes collègues traditionnelles de Strasbourg Saint Denis. Certaines ont commencé à 20 ans et continuent aujourd’hui à 70 ans, elles sont en forme justement parce que cette activité leur a apporté auto discipline et résistance. Du point de vue féministe, le fait de continuer à gagner sa vie de manière autonome, et plaire après 50 ans, peut être un facteur de maintien dans la vie active, de continuité dans les rapports humains, de séduction qui déconstruit les mensonges sur la longévité et la construction du profil victimaire des personnes exerçant les métiers du sexe.
Vous pourriez me rétorquer qu’elles continuent si tard parce qu’elles n’ont pas le choix, mais je vous répondrais que ce n’est pas vrai pour toutes. Bon nombre d’entre elles ont élevé leurs enfants, autonomes maintenant, et se sont constituées un capital immobilier ou en assurance qui leur permet de financer leur retraite. Ou vivent même en couple, mais continuent à vouloir être autonomes financièrement.
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