Acteur·ices porno, camgirls et camboys, média spécialisé… Banques comme plateforme de paiement en ligne refusent tout contact avec ces travailleur·euses du sexe. Le jugement moral de la société les empêche donc de toucher leur salaire et de vivre décemment de leur activité. Vanessa, travailleuse du sexe, et Carmina, rédactrice en chef du Tag Parfait et réalisatrice de films pornographiques font les frais de ce rejet institutionnel.
Les clients en réel se sont faits plus rares pendant le premier confinement de 2020. C’est le constat de Vanessa, travailleuse du sexe à Bordeaux. L’amende de 135€ a pesé comme une épée de Damoclès sur ceux habitués à payer pour ses services, eux-mêmes fragilisés financièrement par la crise sanitaire. La jeune femme de 21 ans a dû s’adapter à la situation pour continuer à gagner un salaire : elle a développé son activité sur internet. « Nous avons toutes dues passer en ligne, ce qui est très compliqué car la concurrence est rude. »
Il a fallu donc passer au tout numérique, y compris pour les paiements. En plus de devoir apprendre un nouveau métier, Vanessa s’est heurtée à la difficulté de percevoir l’argent qu’elle avait gagné. Pour les paiements, Vanessa s’est tournée vers des plateformes dédiées aux contenus explicites. « Ces plateformes, comme OnlyFans, prennent une commission. AVN Stars que j’utilise prend 20 %. » Elle s’inquiète : « L’autre problème du numérique est que nous ne sommes pas sûres d’être payées si la plateforme décide de fermer. »
C’est ce qui s’est passé avec CamCokine. Le site de caming a mystérieusement disparu du net en septembre 2020, laissant plusieurs travailleuses du sexe sans rémunération, comme l’expliquait nos confrères du Tag Parfait. Le hashtag #PayezVosCamgirlsCamcokine a même été relayé par de nombreuses travailleuses, se sentant lésées. Parmi elles, Émilie, à la tête d’un recours collectif contre Claudine Tricoire, gérante du site. Elle confirme que, 6 mois plus tard, la plateforme ne l’a toujours pas rémunérée. Le site lui doit encore plusieurs milliers d’euros. « Une plainte au civil va arriver, ainsi qu’un recours aux prud’hommes », prévient Émilie.
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