Épisode 1
2 minutes de lecture
Mardi 16 février 2021
par Amandine Sanial
Amandine Sanial
Journaliste souvent, photographe parfois, Amandine a collaboré avec Télérama, M le magazine du Monde ou encore Rue89 avant de couvrir l’actualité police-justice pour une agence de presse à Paris. De retour d’un long voyage à travers l’Europe, l’Asie centrale et l’Inde, elle a posé ses valises dans le Sud-Ouest.

Le monde est scindé en deux : la science d’un côté, l’art de l’autre. Au milieu, il y a Pierre Grangé-Praderas. Artiste, chercheur et apiculteur, « PGP » est avant tout un partisan du partage et un éternel libertaire. À son échelle, il bâtit des ponts entre ses mondes et les réunit autour d’un enjeu commun : le hack.

Quand on lui demande qui il est, Pierre hésite : artiste chercheur, pirate situationniste, apiculteur… Mais il oublie hackeur, celui qui le décrit peut-être le mieux. Dans l’imaginaire collectif, hackeur traîne son lot de clichés : celui d’un pirate qui se cache sous une capuche et passe ses journées à cracker des logiciels. Pierre ne fait aucun des deux. Son béret vissé sur la tête, il porte bien des sweats à capuche, mais toujours floqués des projets qu’il mène dans le monde réel. Pour lui, être hackeur est d’abord une ligne de conduite. « Le hack, c’est un principe de partage des idées qui ne date pas d’hier. » Presque une religion, avec sa culture, ses codes et ses valeurs.

Code d’honneur

Sa bible à lui date de 1984 et s’appelle L’éthique des hackers. Son auteur, Steven Levy, un journaliste américain spécialiste de l’informatique raconte comment des étudiants de l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) à Boston ont inventé le hack. À la fin des années 1950, le club des petits trains de l’université s’amuse à détourner des bouts de réseaux téléphoniques pour allumer les feux de signalisation de leurs modèles réduits.

Un jour, ils voient plus grand : sans y avoir été invités, ces quelques nerds accèdent à la salle du MIT dédiée aux premiers ordinateurs, d’énormes machines à cartes perforées, dont le seul usage de l’époque est de faire des statistiques. Et comme pour les réseaux de téléphone, ils vont les détourner. « Ils se mettent à programmer les machines pour les faire jouer aux échecs, faire de la musique », raconte Pierre, l’œil brillant. Le hack était né.

carte postale : "Résister à la société de contrôle, par le rire et le chiffrement"
Photo d’une carte postale, une des oeuvres de « PGP » — Photo : Amandine Sanial

À la différence des chercheurs qui utilisent les machines, les étudiants décident de partager leur code et les informations qu’ils obtiennent. Une philosophie en découle : au-delà du côté transgressif de détourner un objet de son usage initial, le hack devient un engagement militant en faveur d’une information libre et partagée. Hacker ne serait donc pas qu’une question de piratage informatique. Ce sont avant tout des valeurs : « L’ouverture, l’accès à l’information, le partage, le refus de l’autorité et l’indépendance », énumère Pierre. Un code moral, que Pierre a choisi d’adopter au quotidien.

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Retrouvez cet article dans Revue Far Ouest : Tout Reprendre
Ils et elles sont cyclistes, hackeurs, agriculteurs, étudiants, simples citoyens… Ils sont des réfugiés, des gens du voyage, des auteurs à succès ou des travailleurs du sexe non-déclarés. Des explorateurs malgré eux d’une société et de ses contradictions.

Amandine Sanial
Journaliste souvent, photographe parfois, Amandine a collaboré avec Télérama, M le magazine du Monde ou encore Rue89 avant de couvrir l’actualité police-justice pour une agence de presse à Paris. De retour d’un long voyage à travers l’Europe, l’Asie centrale et l’Inde, elle a posé ses valises dans le Sud-Ouest.

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