Après la mort d’un jeune homme de 16 ans, tué par arme à feu dans le quartier des Aubiers à Bordeaux en janvier 2021, la pression médiatique s’est estompée. La superposition des problèmes qui frappent les quartiers populaires, elle, est toujours intacte. Afin de comprendre ce qui se joue dans les cités bordelaises, nous vous emmenons à la rencontre de cinq acteurs de terrain. Sous couvert d’anonymat, mais sans filtre, ils décryptent.
Le 2 janvier 2021, peu après 20 heures, une berline aux teintes sombres s’engouffre dans le quartier des Aubiers, à Bordeaux. Quelques secondes plus tard, les occupants du véhicule ouvrent le feu. Les balles sifflent, des hurlements retentissent. Quatre jeunes qui stationnaient en bas des tours sont blessés par arme à feu. Un cinquième, 16 ans à peine, décède peu après aux urgences.
L’affaire a un retentissement national. Partout, les mêmes questions tournent en boucle : une guerre des cités est-elle en cours ? Faut-il s’attendre à ce que les quartiers de Bordeaux flambent ? La situation est — elle hors de contrôle ?
Comme si soudainement les quartiers populaires de l’agglomération bordelaise se voyaient plongés au centre des préoccupations ; des problématiques abordées, comme il est de coutume, sous le seul prisme sécuritaire. Pourtant, depuis des semaines, depuis des mois, les cris d’alarme émanant de travailleurs sociaux et d’acteurs de terrain s’étaient multipliés, n’obtenant pour seul retour que l’écho de leurs propres voix sur les blocs de béton.

Bintou, Amélie, Mathieu, Laurent et Maelle sont éducateurs de rue, médiateurs, ou anciens travailleurs sociaux victimes de licenciement économique. Mais ils ne manquent pas de le signaler, au moment des présentations : tous et toutes habitent des quartiers populaires depuis toujours. Ils ont fait le choix d’y rester et, au travers de leurs missions ou de leurs engagements, de maintenir un lien fort avec la jeunesse du Grand Parc, des Aubiers, ou de Bacalan.
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