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Mercredi 12 septembre 2018
par Clémence POSTIS
Clémence POSTIS
Journaliste pluri-média Clémence a pigé pour des médias comme NEON Magazine, Ulyces, Le Monde ou encore L'Avis des Bulles. Elle est également podcasteuse culture pour Radiokawa et auteure pour Third Éditions.

Alimentation, cosmétiques, ménage… le plastique est partout dans nos vies. Une situation inextricable ? Pas forcément. De plus en plus populaires, les démarches zéro déchets proposent des solutions et des alternatives à cette vie plastifiée.

Ce Mardi 11 septembre, Cash Investigation a encore une fois jeté un pavé dans la mare avec son reportage « Plastique, la grande intox ». Leur enquête dénonce les défaillances du recyclage plastique. Chaque seconde dans le monde 10 tonnes de plastiques sont produites — dont seulement 9 % seront recyclées. Le reste mettra des milliers d’années avant de disparaître, après une belle balade dans les sols et les océans de la planète. En 2018, un rapport de Greenpeace dénonce même la présence de plastique jusqu’en Antarctique, c’est dire !

Le ménage

Sans doute le réflexe le plus facile et le plus économique à adopter ! Des recettes de lessives ou de liquides vaisselle pullulent sur le net. Le but ici ? Réutiliser ses contenants à chaque nouvelle préparation. Savon de Marseille, vinaigre blanc et bicarbonate de soude sont vos meilleurs alliés. L’idéal, bien sûr, est de les prendre bio et en vrac dans des magasins spécialisés, mais ils sont trouvables dans tous les rayons entretiens des Leroy Merlin et autres magasins de bricolage. Les résultats et les économies sont immédiats.

Seul cap à passer : celui de notre habitude d’associer « propre » et « chimique ». Après avoir passé la serpillère au savon noir, notre salon ne sentira pas le Karolin fleurs des îles. Quant au liquide vaisselle, le plus troublant reste cette absence de mousse… Une fois tous les deux mois environ, sur une session d’une heure grand maximum, tous vos produits d’entretien écologique sont prêts ! Effort minimal, résultat maximal.

À noter : si vous avez la flemme, les rayons vrac des boutiques bio et de certains supermarchés proposent de recharger vos bidons en lessive liquide et liquide vaisselle, astucieux ! Pour les bons conseils : suivre ceux délivrés par Raffa dans son mythique Le Grand Ménage.

L’hygiène

Un point un brin complexe pour peu que vous soyez très coquet ou coquette. Shampoing et après-shampoing, masque pour le visage et crème en tout genre. Autant dire une masse incroyable d’emballages plastiques, sans oublier les petites microbilles de plastiques présentes dans de nombreux gommages et dentifrices, qui filent tout droit dans les océans.

Les plus aventuriers fabriqueront eux-mêmes leurs produits. De nombreux sites internet proposent des recettes, et la compilation Aroma-Zone est un best-seller en librairie.

La solution la plus pratique, économique et écologique est d’utiliser les produits bruts. Se laver le visage à l’hydrolat de rose, s’hydrater grâce à de l’huile de jojoba… les solutions sont très variées et adaptées à tous et toutes. En magasin de vrac, bio ou encore une fois sur internet, la solution se trouve dans les produits solides. Déodorants, dentifrices, shampoings, savons… S-O-L-I-D-E-S.
Comme pour le ménage, il s’agit de déconstruire des habitudes et des dépendances créées par l’industrie.

L’alimentation

Le fameux « nerf de la guerre ». Celui qui est le plus dur à atteindre. Pour les citadins, les magasins bios sont une bonne solution. Munis de vos propres sacs, légumes et produits secs s’achètent en vrac sans problème. Pour les portemonnaies plus modestes, il est possible d’acheter ses légumes en vrac en grande surface également. Au lieu de les fourrer dans un petit sac plastique jetable, armez-vous de vos sacs en tissu. Certaines enseignes ont même un rayon vrac pour les féculents et les céréales.

Si à proximité de chez vous il y a un accès à des paniers d’AMAP, foncez. En plus de soutenir l’agriculture locale, vos produits ne sont pas emballés dans du plastique. Pas d’AMAP ? Peut-être alors un primeur, ou un boucher. La solution se trouve souvent dans l’éloignement des grandes surfaces industrielles. Les courses sont plus longues, mais les bénéfices plus grands.

Où trouver tout ça ?

Avant de s’attaquer de front à son quotidien, de petites habitudes peuvent aider à s’habituer à l’idée. Demander son soda sans paille au café ; opter pour un oriculi plutôt que pour des cotons-tiges ; boire dans une gourde en métal plutôt que d’acheter des bouteilles d’eau en plastique… Des astuces en tout genre sont sur internet ou bien dans le livre « La famille (presque) zéro déchet ». Habitants du Sud-Ouest, ils organisent souvent des conférences, et leur blog est une mine d’or.

> La P’tite Roulotte est une épicerie ambulante zéro déchet. Elle sillonne les routes de Gironde et de Dordogne. Libourne, Saint-Foy-La-Grande ou encore Castillon-la-Bataille, elle fait son petit bout de chemin.

> Vous connaissez Day by Day ? Une petite chaîne du vrac, présente dans toute la France. En Nouvelle-Aquitaine, vous pouvez trouver ces magasins à Biarritz, Brive ou encore Limoges.

> Un peu perdu. e. s ? Direction Abracada’vrac, ou ConsoVRAC, des localisateurs de produits en vrac. Entrez un produit, votre localisation et hop ! Ils vous listent les lieux où vous pouvez le trouver.

Témoignages Made In Sud-Ouest

En 2018, l’association Misango a aidé 42 familles de Mérignac Arlac à diminuer leurs déchets avec succès. « La difficulté dépend des personnes, explique Amélie, chargée de mission de l’asso. Il s’agit de revoir toutes ses habitudes, toute son identité sociale. » Le plus facile pour elle ? Commencer par le ménage et l’hygiène avant de s’attaquer à l’alimentation. « La nourriture c’est le nerf de la guerre, assène Alix, pâtissière trentenaire, tente l’aventure zéro déchet depuis plusieurs mois. C’est le plus difficile et le plus important. »

Amélie me confie que c’est sur ce dernier point que les familles de Mérignac Arlac ont rencontré le plus de difficultés, notamment au niveau du budget. « Il faut tout comparer, les biocoop ne sont pas la seule solution. Je comprends parfaitement que cela ne soit pas très excitant, mais il faut passer du temps à trouver la solution la plus adaptée. »

Le zéro déchet n’est plus une affaire de CSP+

« Il faut accepter de changer. Cela va généralement de pair avec une démarche de consommation moindre », surenchérit Alix « Tout a été très progressif. Cela plusieurs années que j’ai choisi de consommer bio, puis je suis devenu végan. J’ai pris l’habitude d’aller dans des biocoop et d’acheter en vrac depuis longtemps. » Elle favorise les emballages en verre et en carton et se tourne vers les enseignes spécialisées bio. En plus de trouver du vrac pour presque tous les produits, leur rayon hygiène propose des déodorants solides et souvent des hydrolats et huiles pour les soins du corps.

Pour les cosmétiques sans plastiques, il y a également l’incontournable marque Lush, où les produits de beauté en formats solides sont légions. Pas le plus économique, mais le plus coloré. Les parapharmacies proposent également les produits dont vous aurez besoin, soit pour les utiliser bruts, soit pour fabriquer vos cosmétiques. Petite astuce : un hydrolat est tout bêtement de l’eau. Hydrolat de lavande ou eau de lavande : c’est la même chose.

Preuve que le zéro déchet et l’ambition de réduire le plastique dans les foyers prennent de l’ampleur : le succès des magasins spécialisés dans le vrac qui sont de plus en plus nombreux, comme La Recharge à Bordeaux. Le concept est d’offrir des produits sans emballages, produits localement et majoritairement bio. Ils vendent même au litre de la lessive toute prête. À 5 € le litre, aussi cher voire moins que celles vendues en grande distribution, le zéro déchet n’est plus une affaire de CSP+. Pour aider les consommateurs à s’y retrouver, l’association Réseau Vrac recense tous les magasins de vrac membres. Classés par région, vous pouvez facilement trouver le plus proche de chez vous en Nouvelle-Aquitaine.

Cette liste est évidemment non-exhaustive. Magasin bio, parapharmacies, grande surface ou achat sur internet : il est possible de se débarrasser du plastique.

Clémence POSTIS
Journaliste pluri-média Clémence a pigé pour des médias comme NEON Magazine, Ulyces, Le Monde ou encore L'Avis des Bulles. Elle est également podcasteuse culture pour Radiokawa et auteure pour Third Éditions.
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