De 1991 à 2001, Laurent a vécu avec les Indiens Lakotas. Ses rencontres avec les hommes-médecine sioux l’ont amené à devenir, un pas après l’autre, un des gardiens de la tradition chamanique dont il a perpétué les rites, là-bas, au cœur du Dakota du Sud. Depuis 20 ans maintenant, il préside au cœur de la forêt des Landes de Gascogne les cérémonies traditionnelles sur un sol considéré comme sacré par les chefs sioux. Voici son histoire.
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Découvrir nos offres d’abonnementJ’avais 24 ans quand j’ai rencontré un indien pour la première fois. C’était en 1991. J’étais alors bouquiniste, rue du loup à Bordeaux, et un flyer m’apprit la tenue d’un séminaire donné en Bretagne par le chef Archie Fire Lame Deer. Intrigué et tenant à rencontrer en chair et en os un représentant du peuple Lakota — un sioux — je suis parti séance tenante à sa rencontre.
En prenant la route ce jour-là, j’étais loin d’imaginer que le chemin serait si long. Pas plus ne me doutais-je que cet homme-médecine s’attacherait mes services pour les dix années à suivre et m’auréolerait d’une fonction sacrée, encore rarement accordée aux blancs de nos jours.
Car si je ne cherche aujourd’hui ni statut ni reconnaissance, mon histoire est avant tout celle d’un parcours initiatique. Prescrite par ces mêmes hommes-médecine d’Amérique du Nord, cette quête — demeurant par nature inachevée — a fait de moi un des leurs, voué à transmettre à mon tour la tradition Lakota. Mais comment ce séminaire m’a-t-il conduit jusqu’ici ?
Libéré par le rire de l’homme-médecine.
Cette première rencontre en janvier 1991 a été aussi ma première expérience d’un des principaux rites traditionnels Lakota : l’inipi ou hutte de sudation. Une cérémonie spécifiquement codée afin de purifier le corps et l’esprit par le feu, la chaleur et la vapeur. Était-ce la température ? Les chants et les prières entêtantes ? Malgré mon esprit solidement arrimé au cartésianisme, un cursus universitaire en psychologie et le sol breton sous mes pieds, des choses bizarres se produisirent dans le noir. Des voix étrangères se firent entendre.
Sous l’effet de la peur, je suis parti en courant de cette hutte, convaincu de la folie des autres. Une hallucination, à coup sûr. Alors que le groupe poursuivait le rite sans moi les deux jours suivants, je décidai de faire part de mes doutes et de mon expérience malheureuse au chef Archie en commençant — politesse oblige — par lui offrir un peu de tabac. Il éclata de rire si fort que l’angoisse coincée dans mon ventre depuis le début disparut instantanément. « Allez, c’est tout fils. Rentre maintenant. »
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